Entretien avec Tempt Fate

"Du death modeste voilà ce qu'on fait."


Tempt Fate, groupe émergent composé de cinq artistes venus de Toulouse et ses alentours préparent pour 2019 leur tournée de promotion de leur premier opus Human Trap sorti le 26 septembre dernier. Samedi, ils se produisaient au Pub Tarbais le Celtic pub is not a pub sur une date death organisée par l'association locale Be gore in bigorre avec à leurs côtés le groupe Bordelais Altered Shade. Peu après un set qui n'a laissé aucun répit au public, le groupe a gardé de l'énergie pour accorder une interview à La Grosse Radio. 
 

 

Création du groupe, nom, style musical, l'album, le clip. Ils nous racontent leur parcours et leurs projets. Une formation qui mêle ambition et humilité.
 

Pierre-Louis (guitare), Jean Phillipe (guitare), Simon (chant), Alaric (basse), Quentin (batterie)

 

Qu'est-ce qui a mené à la formation de ce groupe ? Comment s'est construit Tempt Fate ? 


Simon : C'est l'initiative de Pierre-Louis au départ, on se cotoyait depuis un certain temps en concert, via des connaissances, on avait déjà idée de monter quelque chose, un groupe de reprise ou autre, on voulait faire de la musique ensemble. 

Pierre-Louis : A la base je connaissais Quentin depuis longtemps, lui ne me connaissait pas trop, je l'ai repéré quand il était jeune... Il tapait fort bien. (rires) Je voulais faire de la musique avec lui. Tout s'est fait en parallèle, en même temps que je branchais Simon, je branchais Quentin, "nous nous sommes branchés". Quentin faisait du rock dans Nevada of. Le noyau dur est parti de là ! Il y a eu Pierre de What Washington Wants qui est venu nous aider à la basse au tout début. 

Simon : C'était il y a 5, 6 ans. 

Pierre-Louis : Le temps qu'on démarre un peu. Mais bon, de toutes façons c'était plus pour dépanner, pas pour un line-up stable. Ensuite j'ai été démarcher un pote de Albi, Samuel avec qui on est allés jusqu'au Xtrem fest en 2016.

Simon : Sachant qu'on a monté le groupe et qu'on répétait dans les locaux de cap découverte là où il y a le Xtrem fest juste derrière la grande scène, tout ça. 

Pierre-Louis : Le line-up a changé, évolué, c'est à partir du Xtrem ou quelques mois avant qu'on a intégré une deuxième guitare. Il y a eu Irvin de Pray Manticore qui est venu un an avec nous le temps qu'on trouve un gratteux. Samuel (basse) est parti, on a eu Thomas qui jouait dans Nervengeist et qui fait d'autres projets solos. Entre temps on a trouvé Jean-Phi pour la deuxième guitare, le très bon Jean-Phi avec ses solos endiablés.

Alaric : Mais du coup Jean-Phi part ce soir du coup on va encore changer. Désolé... (rires) 

Pierre-Louis : Thomas est parti et on a recruté Alaric qui a fait banco.  

Simon : C'est parti vraiment au départ de la volonté commune de : on sentait qu'il y avait des atômes crochus, on sentait qu'on voulait faire du son ensemble et qu'on avait suffisamment d'inspiration, voilà, on s'entendait bien, il y avait un kiff à prendre. C'est Pierre-Louis qui composait majoritairement au départ pour lancer le groupe... 

Pierre-Louis : Et après ça a changé... Tant mieux (rires) 

Simon : Au début c'était plus de la recherche musicale, quand tu vois le premier EP y'a un peu de tout, y'a du hardcore, y'a des trucs un peu black, un peu athmo, du death... 

Pierre-Louis : L'important c'était surtout qu'on trouve un line-up qui puisse être stable, avec qui on puisse avoir des atômes crochus, qu'humainement ça le fasse, même dans l'intime, pouvoir compter les uns sur les autres : Le collectif, un mot que j'aime beaucoup ! 
 

 

Quelles sont les influences musicales du groupe ?

Pierre-Louis : Maintenant que le line-up est stable et efficace on s'oriente majoritairement vers du death. Mais les influences musicales du groupe restent très variées. 

Alaric : Je m'oriente principalement vers du black et du death mais voilà, nos influences restent partagés avec d'autres plus hardcore ou slam, de tout un chacun. 

Simon : Si on peut citer quelques noms, Black Dhalia, Aborted, Benighted.... 

Pierre-Louis : C'est là où on s'est un peu tous retrouvés. Toi Quentin c'est plus le prog ou le thrash mais on a réussi à tous se trouver sur un style commun. 

Quentin : Chacun a des influences vraiment différentes mais c'est ce qui fait la richesse de nos échanges musicaux. 

Simon : Amon Amarth c'est ça qui m'a débloqué le chant death vraiment. C'est une sacré bonne école sur le gras. 
 

 

Et du coup le nom Tempt fate, qu'est-ce qu'il signifie ? (rires)

Pierre-Louis : Tentez le diable, tentez le destin, tentez le sort, voilà. C'est un peu l'expression qui allait. Je suis pas très très bon en anglais mais c'était un peu l'idée. C'était le côté challenge, on avait envie de monter un groupe, sortir des locaux de la MJC de quand t'es adolescent tu vois. Un des premiers riffs qu'on a joué ensemble, c'était un truc en 7/8, c'était le première fois de ma vie que je jouais un truc comme ça. On a proposé ce nom et on trouvait que ça sonnait bien. 

Simon : Y'avait ce délire de Tempt fate, tenter le destin, repousser ses limites, chercher à se dépasser. On sait pas où on va mais on y va et on sort tout et à chaque fois le résultat est super parce qu'on se régale et les gens se régalent. Et c'est là que c'est hyper intéressant. 

Pierre-Louis : Dans l'écriture c'est une genre d'expression, on voulait qu'il y ait quelque chose qui clac, qui ouvre à plusieurs sens. 

 

Là on va un peu plus parler de l'album : comment vous définiriez le style musical de votre album ? 

Simon : On ne sait pas si on est les mieux placés pour lui mettre une étiquette parce qu'il y a pleins de choses et on l'a beaucoup trop écouté avant de l'imprimer. On va être plus dans du death, un peu brutal. Avec le chant j'essaye d''emmener un côté brutal parce que c'étaient mes influences mais croisées aussi de hardcore.

Pierre-Louis : On aimerait faire du brutal death... 

Simon : ... Mais pour l'instant on va juste parler de death. 

Pierre-Louis : Mais c'est pas sûr qu'au final on en vienne à ça parce que y'a toujours des trucs un peu mélo qui nous parlent bien, deathcore aussi, on essaye de graviter autour de ça et d'avoir notre pâte à nous. 

Simon : Pour l'instant death, faut rester modeste et continuer à explorer. 

Pierre-Louis : Du death modeste voilà ce qu'on fait. (rires) 

Groupe : Du modest-death, du modeath... (rires)

 

Et du coup, votre album, il parle de quoi ?

Pierre-Louis : Il parle... ça je sens que c'est moi qui vais parler... (rires) Human trap ça parle de l'enfermement psychique que l'on retrouve surtout dans la névrose obsessionnelle. Parce qu'à côté de ça je suis psy, j'aime bien écrire, j'aime bien la poésie et j'aime aussi les choses un peu brutales. J'essaye de pouvoir traduire des choses que d'un je vis au boulot qui me font écho, que chacun aussi dans le groupe peut peut-être traverser d'une façon singulière, chacun a sa subjectivité et donc c'est comment d'un point de vue de la névrose on peut aborder le concept de fantasme, d'angoisse et de passage à l'acte en le traitant, et en faisant quelque chose. C'est pas un album qui dit qu'il faut se foutre en l'air ou qu'il faut aller casser des têtes, non, c'est pas ça. Mais ça parle de ce qui passe mentalement et qui reste dans cet intime là de la subjectivité de chacun et dont on ne parle jamais. C'est aussi en lien avec la mort, l'option mort.


Dans l'album ça commence  doucement et ça traverse comme je t'ai dis, le fantasme, jusqu'à se poser la question de est-ce que le fantasme et l'idéal de vie c'est la même chose, on fait une distinction ou pas, est-ce qu'on déprime après coup et pourquoi ça se répète et pourquoi on fait les mêmes rencontres, "est-ce qu'on passe à l'acte". Donc, c'est un petit peu ça et on essaye d'y mettre une touche brutale par dessus quoi. 

 

"Wiederholungszwang" : Bon, je n'arrive pas à prononcer le nom de votre dernière chanson, je pense que personne n'y arrive (rires)  mais elle dénote vraiment avec le reste de l'album, pourquoi ce choix ? 

Pierre-Louis : Alors ça, c'est un petit clin d'oeil à ce que je venais de dire, c'est un concept Freudien,... Donc Freud, quand il écrit sur la pulsion de mort, il découvre cette pulsion au travers des patients qui ont été traumatisé par la guerre et il s'interroge sur pourquoi dans leur tête ça se répète, pourquoi ça les traumatise, pourquoi ça les paralyse sur leur quotidien. Donc ce mot est un concept, comme on peut aussi parler de la sublimation, à l'époque c'était ce truc là. 

C'était important pour moi aussi qu'il y ait un peu d'allemand, un peu de français, un peu d'anglais, mon papa est bilingue allemand, un petit clin d'oeil aussi là-dessus. Il vient en dernier parce que c'est un morceau calme, le titre d'avant s'appelle "Petrified commitment", elle traite de la question du désir  inconscient qui pouvait justement pétrifier et qui fait qu'on arrive aux répétitions et on cède toujours au désir.

C'est pour ça qu'il y a cette espèce de ritournelle au niveau des arpèges qui vient clôturer ce truc là. C'est un truc qui peut faire un peu kitsch mais on s'est régalés à l'écrire avec Jean-Phi ce morceau.  C'est ça qui a fait que ça s'est aussi débloqués entre nous au niveau de l'écriture car il a su directement sans que je lui dise quel sens je donnais au morceau et où je voulais aller. On l'a composé y'a un moment mais c'est ce qui a confirmé qu'à partir de là il y avait une connexion entre nous et qu'on allait prendre notre pied pour écrire. 
 

En tout cas c'est un très beau titre, quand on écoute l'album on s'attend à de la brutalité jusqu'à la fin et il casse un peu tout ça, c'est très intéressant et ça peut faire du bien ! 

 

 

Nous allons parler du clip, ''human trap'', pourquoi avoir choisi cette chanson ? C'est parce que c'est le même nom que l'album ou est-ce qu'elle a un sens particulier ? 

Simon : Le morceau est clairement sur l'enfermement psychique comme tu disais. C'est un lieu que j'avais déjà exploré pendant un festival. C'est un espace fermé, c'est un sous-terrain taillé dans la terre, ce truc là représente un peu comment l'esprit est cloisonné, les canaux, les pièces, l'endroit où tu vas enfermer certaines parties. Elle représente comment le psyché est agencé. 

Pierre-Louis : Simon a trouvé un super lieu ! C'était comment arriver à représenter quelque chose en vidéo, alors c'est un peu kistchou parce qu'on a les ombres chinoises, on a essayé de faire un truc, la caverne de Platon pour représenter le fantasme... Mais c'était comment matérialiser en vidéo le concept de fantasme. Et c'est aussi parce que c'est le titre le plus brutal de l'album. 

Simon : Puis c'est aussi parce que c'est le titre de l'album, il est central, polyvalent. 

Pierre-Louis : Puis c'est aussi le morceau qui a convaincu Alaric de venir avec nous dans cette formation... 

Alaric : C'est le morceau qui m'a conqui, avec Sewn Shut

Pierre-Louis : C'est le morceau qui nous a fait nous rencontrer un peu tous, sur le line-up actuel. 

 

Et pour finir, quels sont vos projets pour la suite ? 

Pierre-Louis : Trouver du travail ! 

 

Gagner beaucoup d'argent, vendre du merch... (rires) 

Mais on serait très fiers de pouvoir aller jouer sur un petit festival, comme quand on avait joué au Xtrem fest, on avait vraiment pris notre pied. Ou notre plâtre... Hein Simon




 

Ah, c'est là où tu avais ton plâtre, t'avais la classe quand même !

Pierre-Louis : Ce qui est prévu petite tournée en 2019, quelques dates avec Altered Shade parce que c'est des copains et qu'ils font de la musique bien et tout ça et tout ça, ils sont sympathiques. Une petite tournée en Avril et après on verra... 

Simon : Et ensuite l'objectif, deuxième album mais sous label. 

Pierre-Louis : Mais le deuxième pas pour tout de suite, d'abord bien promouvoir celui-là, continuer à rencontrer du monde, faire du partage...

Simon : Là, la route commence, avant c'était les préliminaires et là advienne que pourra pour la suite. Là ça démarre et on est chaud et on veut prendre un panard incroyable... C'est bon pour toi ? 
 

On s'arrête là, merci beaucoup à vous cinq pour le temps accordé et j'espère que tous vos projets iront aussi loin que possible ! 

 

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