DIR EN GREY au Trianon (14.10.2018)

Trois ans et demi: c’est l’écart qui sépare la venue de DIR EN GREY aujourd’hui de leur précédente venue à Paris. Trois ans et demi durant lesquels le groupe n’est pas passé en Europe, tournant uniquement au Japon. Des dates durant lesquelles il aura joué ses anciens albums dans des concerts devenus cultes pour les fans. Mais DIR EN GREY, toujours aussi populaire, vient ce 14 octobre 2018 au Trianon à Paris défendre son nouveau et dixième album The Unraveling World dans une salle pleine à craquer.

Après une première partie que l’on qualifiera poliment de gênante à savoir un DJ qui joue une playlist type néo-metal année 90 dans une ambiance froide, la tension monte. Et, quand les lumières s’éteignent, la foule exulte en chœur durant l’intro et l’arrivée des membres sur scène. Les premières notes d’"UTAFUMI", premier single de l’album sorti il y a plus de deux ans se font entendre, le morceau démarre sur les chapeaux de roue et l’avant de la fosse est déjà à fond.

La première chanson donne le ton de ce concert : celui-ci tournera principalement sur le dernier album. Et, à l’inverse de bien des groupes occidentaux, quand DIR EN GREY vient promouvoir un nouvel album, il ne fait pas les choses à moitié. On n'en est pas encore aux 14 morceaux d’ARCHE sur la tournée précédente, mais près de la moitié du dernier album sera joué ce soir.

Le problème est alors simple : celui-ci est loin d’être leur meilleur disque, bien au contraire. Mais par contre, si sur nos platines, le rendu peut être décevant, on ne peut nier que cet album, en forme de best-of musical, est résolument tourné pour le live. Ca growle, la double pédale est omniprésente, les riffs sont basiques mais efficace et tout est fait pour faire secouer la tête au Trianon, qui répond présent.

Pourtant, le son ce soir est assez décevant. La batterie de Shinya est complètement sous mixée, enlevant une partie de la brutalité des morceaux, tandis que la basse de Toshiya, peine à se faire entendre derrière le mur de guitares porté par Die et Kaoru. Heureusement, l’interprétation est parfaite, et portée par un Kyo dans un très grand soir.

Le chanteur, comme à son habitude, paraît complètement ailleurs sur scène. Quasiment zéro communication avec le public, si ce n’est pour lui demander quelques fois de chanter, mais un charisme hallucinant et halluciné. Il faut le voir sur The "Blossoming Belzebuub" faire un show, caméra à la main à la limite de la noise, où tout repose sur une ambiance bruitiste. L’écran géant posté derrière la scène retransmet alors ses mouvements et ses zooms, dans une palette de couleurs entre le vert, le jaune et le rouge dans un pur moment déconseillé aux épileptiques.

Mais plus que le show, c’est le chant de Kyo qui impressionne. Là où, il y a quelques années en arrière, voir DIR EN GREY en live approchait de la roulette russe dans les vocalises de Kyo, tant celui-ci était aléatoire, il n’y a maintenant plus rien à dire. Impressionnant de justesse, que ça soit dans ses hurlements ou en voix claire, sa palette vocale est riche, mais surtout complètement unique. Celui-ci se permet des couinements, des bruits, que seuls les très grands (tel Mike Patton) font passer sans paraître ridicules.

Et le meilleur moyen de se rendre compte de cette évolution, c’est en voyant sur scène les nouvelles versions d’anciens morceaux. Que ça soit "Fukai" (face B. du single Kasumi sorti en 2003), "Ash" (sortie sur leur VHS Kaede… If Trans en 1998) ou encore "The IIIrd Empire" (Vulgar, en 2003), les compositions n’ont plus rien à voir avec leurs versions originales.

La folie a toujours été présente dans les chansons de DIR EN GREY. Pas la folie en mode "youhou on met des trompettes dans les morceaux" mais la folie au sens psychiatrique. Il y a toujours ce fond malsain, ces lignes qui transpirent le mal-être, dans leurs chansons et Kyo met en exergue ce sentiment plus que jamais aujourd’hui.

Par contre, il y aura toujours un point négatif à un concert de DIR EN GREY, c’est une partie de son public. Vous aimez les groupies qui hurlent le nom des membres comme à un concert des One Direction ? Les gens incapables de lâcher leur portable, filmant tout le concert pour le souvenir ? Les gens vulgaires et insultants parce que ça bouge un peu trop dans la fosse ? Et bien vous serez servi avec toujours une partie du public ayant été bercée un peu trop près du mur. Heureusement que la grande majorité se contente de donner de la voix et de la sueur dans un pit de plus en plus grand au fur à mesure du concert et qui implosera sur la fausse fin de concert "The IIIrd Empire" et "Beautiful Dirt".

Et pour cette passion qui anime la majorité du public, le groupe paraît heureux d’être là et joue parfaitement. Les petits sourires en coin, les remerciements finaux, tout paraît sincère. Et quand le rappel se finit après un magnifique triptyque "The Final", "Sustain the untruth" et "RASETSUKOKU", le groupe part avec un sourire sincère en vainqueur après la distribution de nombreux médiators et baguettes.

Alors il y aura toujours des gens déçus au sortir d’un concert de DIR EN GREY. La setlist ne satisfera jamais l’intégralité des gens présents, tant les genres et périodes couverts par le groupe auront été nombreux. Mais sur le pur plan de l'interprétation, DIR EN GREY a livré ce soir un superbe concert, malgré les problèmes de son, malgré le dernier album. L’interprétation magnifique et l’implication émotionnelle d’un Kyo font que DIR EN GREY sera toujours un groupe à voir sur scène.

Setlist :
UTAFUMI
FUKAI (2018 version)
Ash (2018 version)
Revelation of mankind
WAKE (2018 version)
RINKAKU
Devote My Life
KEIBETSU TO HAJIMARI
THE BLOSSOMING BEELZEBUB
Ranunculus
NINGEN WO KABURU
Values of Madness
THE IIID EMPIRE (2018 version)
Beautiful Dirt (2018 version)

Rappel :
THE FINAL (2013 version)
Sustain the untruth
RASETSUKOKU

Photos : © 2018 Rodolphe Goupil
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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