Voivod (+ Biocancer & Hexecutor) au Petit Bain (29.09.2018)

35 ans d’existence, ça se fête ! Pour célébrer cet anniversaire, les Québécois de Voivod viennent poser leurs valises le temps d’une belle soirée au Petit Bain, salle qu’ils avaient déjà investi il y a deux ans en compagnie d’Entombed A.D. C’est une soirée d’ailleurs placée sous le signe du thrash qui se déroule sur les quais de Seine, puisque Biocancer et Hexecutor sont chargés d’ouvrir les hostilités. Retour sur l’un des meilleurs concerts de l’année !
 

Hexecutor


Si nous sommes heureux de pouvoir assister à la prestation d’Hexecutor, la tristesse reste présente dans la salle puisque les Bretons sont venus remplacer au pied levé Voight-Kampff, formation qui nous a fait une très forte impression au Hellfest et en studio qui a été malheureusement frappée par le décès soudain de Mathieu, son guitariste, il y a quelques jours. Un bel hommage lui sera d’ailleurs rendu par Jey Deflagratör, leader d’Hexecutor avant d'interpréter "Soldiers of Darkness".

La prestation des Bretons est d’ailleurs excellente. On assiste à un thrash rugueux, ultra rapide et aux structures complexes comportant de nombreuses cassures rythmiques. Il ne faut pas longtemps au public pour se lancer dans les premiers moshs de la soirée, signe que le quatuor fait forte impression ce soir. Le leader, clouté de la tête au pied, rappelle furieusement le James Hetfield de la période Kill ‘Em All, avec une rage primaire et bestiale. A l’heure où de nombreux combos se lancent dans un revival thrash où la qualité est parfois aléatoire, Hexecutor brille par son envie de tout défoncer, avec un set ultra énergique dans l’esprit du thrash originel, tout en gardant sa touche personnelle.

Le seul regret que nous pouvons formuler réside dans les leads de guitare de Joey Demönömaniac, parfois sous-mixés, même si les conditions sonores sont tout à fait respectables pour un groupe de première partie. Avec un set de près de quarante minutes, Hexecutor a mis une belle claque à toute la salle, prouvant que le thrash a encore de beaux jours devant lui.

Setlist Hexecutor

Macabre Ceremony
Soldiers of Darkness
La Sorcière du Marais
Raped Under the Stars
Phalanx of Damnation
Hangmen of Roazhon
Visitation of a Lascivious Entity

Biocancer

Autre formation thrash, Biocancer n’a toutefois pas la même prestance scénique que les Bretons qui les ont précédés sur les planches. L’énergie est pourtant là, mais elle ne fait pas tout et la musique de Biocancer peine à convaincre en raison d’un manque d’originalité flagrant. Les titres sont bien exécutés, pas une note n’est mise à côté, mais les riffs sont téléphonés, tout comme les interventions du leader Lefteris.

Dans le public, les spectateurs s’agitent tranquillement, comme pour faire leur part du job, mais on ne sent pas de réelle conviction dans la façon dont se meut la foule. Pourtant les Grecs connaissent leur petit livre rouge du parfait thrasheur sur le bout des doigts et tour à tour se succèdent les rythmiques "poum tchack" propres au style, la voix vociferante, les choeurs virils et le jeu en aller-retour sur la corde de mi. Mais pourtant, on sent que le tout est trop propre, trop bien exécuté et manque d'autanticité, ce que nous avons pourtant eu quelques minutes auparavant avec la prestation d'Hexecutor.
 

Espérons pour les Grecs que cela n'est qu'une question de manque d'expérience et que leurs prochaines sorties studios corrigent le tir avec plus de personnalité dans les compositions.

Voivod
 


La salle est pleine à craquer au moment où entrent en scène nos Québécois préférés, ce qui fait chaud au coeur lorsque l'on se rappelle qu'il n'y a pas si longtemps le quatuor jouait dans un Covent Garden à Eragny en configuration très intimiste.

Clairement, la récente sortie de The Wake, assurément un excellent opus, a permis au public de se déplacer en masse. Pourtant, c'est avec "Post Society", tiré de leur EP de 2016 que les quatre Canadiens débutent ce set. Dès le début, on retrouve cette ambiance de folie avec un Chewy (guitare) et un Rocky (basse) qui ne s'économisent pas dans leurs déplacements, grimaces et fou-rires de rigueur face à l'hystérie qui gagne la fosse.

Aux côtés des deux jeunes, Snake (chant) et Away (batterie) font figure de tauliers et mènent leur barque sans soucis, le chanteur se permettant de plaisanter en permanence avec les spectateurs. La proximité entre le groupe et l'audience impressionne, probablement facilitée par l'absence de barrière de la langue. Le Petit Bain en profite d'ailleurs pour souhaiter en chanson et à plusieurs reprises un bon anniversaire à Voivod, ce qui ne manque pas d'émouvoir un Snake toujours bavard.

Il faut dire que 35 ans de carrière, cela donne lieu à un vrai casse-tête pour établir la setlist. Pourtant, l'excellent Killing Technology n'est pas oublié et "Order of the Blackguards" ou "Ravenous Medicine" ne manque pas de faire un carton. Mais le quatuor tient également à mettre l'accent sur The Wake, dont les trois extraits semblent déjà être des classiques ("Obsolete Being" et "Always Moving" sont chantées en choeur par le public).


Au cours du set, Piggy (guitariste historique du combo décédé en 2005 d'un cancer du colon) n'est pas oublié et Snake ne manque pas de lui rendre un vibrant hommage. En prélude à "The Lost Machine", Snake annonce que c'est le moment du set qu'il préfère car il peut jouer de la guitare et de la basse  en même temps (comprendre, gratter les cordes de ses compères pendant qu'ils jouent les accords). L'occasion pour Chewy de faire semblant de passer la sangle de sa six-corde à Snake, qui fait malencontreusement tomber l'instrument, déclenchant l'hilarité de tout le monde. C'est ça l'esprit Voivod : une musique aventureuse jouée par des musiciens humbles mais virtuoses et qui semblent plus soudés que jamais.

Le set passe à une vitesse ahurissante tant l'alchimie et la bonne humeur du quatuor nous fait oublier tout le reste. Il est déjà l'heure de présenter les musiciens (le bassiste sera introduit avec le thème du film Rocky) et se dire au revoir avec le classique "Voivod". Mais avec un tel accueil de la part du public parisien, Voivod ne pouvait en rester là et revient pour jouer "Overreaction" en guise de rappel. De quoi conclure ce set en beauté. Rien à redire sur ce qui restera comme l'un des concerts les plus marquants de l'année ! Bon anniversaire les cousins !
 

Setlist Voivod :

Post Society
Ravenous Medicine
Obsolete Beings
Technocratic Manipulators
Into my Hypercube
Iconspiracy
The Prow
Order of the Blackguards
Fall
Always Moving
The Lost Machine
Voivod
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Overraction

Merci à Garmonbozia pour l'accréditation.
Photographies : © Régis Peylet 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.
Ce report est dédié à Smats de Voight-Kampff

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