Watain, Rotting Christ, Profanatica au Trabendo (17.11.2018)

Il y a parfois des affiches qui mixent les groupes sans aucun sens. A proposer du black, du heavy et du death sur une même affiche, car ce sont des gros noms qui attirent l’œil. Mais oh, Jean-Michel Orga, la vie de concerts, ce n’est pas comme un festival ! Heureusement, ce soir de samedi 17 novembre, ce n’est pas ce qui nous attend, bien au contraire, dans un Trabendo rempli ras la gueule. Profanatica, Rotting Christ et Watain sont présents ce soir-là et ont bien l’intention d’infliger une leçon de noirceur aux quelques mordus qui se sont jetés dans la gueule du loup.

 

Profanatica


C’est donc le groupe new-yorkais Profanatica qui ouvre le bal pour ce qui paraîtra une éternité. Non pas que le groupe soit mauvais, il n’y a qu’à écouter leur dernier album The Curling Flame of Blasphemy pour le comprendre. Mais ce soir, les New-Yorkais, peu aidés par un son assez dégueulasse, ont du mal à répandre leur dégueulis de noirceur.
 


Le groupe officie dans un black metal crade, très lourd, au milieu duquel apparaissent des accélérations qui agissent comme un shot d’adrénaline démoniaque. C’est une plongée dans la noirceur la plus totale, où aucune échappatoire n’est possible. Ça, c’est ce qu’on est en droit d’attendre quand on écoute la discographie de Profanatica. Au final, on aura eu trois types à capuche avec une batterie surmixée, dérouler des compositions où on n’entendait pas les riffs de guitare et où les hurlements de Paul Ledney étaient cachés par ses frappes à la batterie.

Une déception à la mesure de l’attente qui entourait cette venue en première partie d’une telle affiche. Et leurs quatorze titres joués ce soir-là sont bien la preuve que oui, même le black metal le plus sale a besoin d’un bon son pour exister en live.

Ordained In Bile
Jehovah fading 
Unto us he is born
Mocked Scourged and spit upon
Broken Jew
Fuck the messiah
Sickened
Conceived with sin
Once removed savior
Spilling holy blood
Final hour of Christ
Weeping in heaven
Heavenly father
I arose

 

Rotting Christ

Après un petit pit-stop au bar, place maintenant aux Grecs de Rotting Christ. Le public fait alors face à un monument, une légende du black metal depuis près de 30 ans. Il faut dire que, depuis plus de dix ans, Sakis Tholis et son frère Thémis proposent une musique magnifique et sans concession, à la fois noire, démoniaque et orchestrale.

Dès l’introduction au son de "666", on le sait, le concert va être magistral. Sakis est au top de sa forme, et le public est venu en grand nombre pour voir le groupe. Rares sont les groupes à réussir à mixer aussi bien la noirceur du black metal, la lourdeur du death, et à y incorporer des riffs et des éléments ultra heavy et catchy.

La communion avec les spectateurs est parfaite, et ceux-ci ne se font pas prier pour reprendre les hymnes et refrains chantés ce soir-là.  Ainsi, la set list s’articule autour de Kata Ton Daimona Eaytoy qui, cinq ans après sa sortie, reste une valeur sûre en live. Sakis Tholis est très bon en maître de cérémonie, capable d’assurer tant sur ses hurlements bestiaux que quand il s’agit de faire entrer en osmose le public avec sa musique. Et l’album cité ci-dessus est toujours parfait sur scène pour agir de cette façon.

Le son est parfait, à la fois lourd et épique, tandis que tous les musiciens jouent comme s’il s’agissait du premier concert de la tournée, dans une forme optimale. Quant au nouveau morceau joué ce soir, "Fire, Death and fear", il s’agit d’une composition dans la droite lignée des deux derniers albums. Refrains coup de poing fait pour être scandés, passages ultras mélodiques et lourdeur à se damner, les ingrédients classiques des Helvètes sont là et le tout laisse présager un excellent album.

Le groupe assoit au fur et à mesure du concert de plus en plus son emprise sur les spectateurs et la fusion entre le public et les membres se fait de plus en plus forte. Alors quand Sakis entonne l’introduction de "In Yumen-Xibalba", plus de lumière possible. Tout est noir, il n’y a plus d’espoir comme disait un certain chanteur franco-belge. Et le tout restera sombre et glauque, avec un public hurlant en chœur avec le groupe à chaque fois que le nom de la chanson est cité.

Il n’y aura pas eu de temps mort durant ce concert mais une montée constante qui trouvera son apothéose sur "Grandis Spiritus Diavolos" qui clôturera de la plus belle des façons le concert. Rotting Christ a été comme souvent irréprochable, même si, on va arrêter de se mentir, nous aimerions plus de prise de risque dans le choix des chansons sur scène.

666
P’unchaw kachun-Tuta kachun
Fire God and Fear
EltheKyrie
Apage Satana
The Sign of Evil Existence
The Forest of N’Gai
SocietasSatanas
In Yumen-Xibalda
Grandis Spiritus Diavolos

 

Watain


Difficile d’être écoeuré ce soir par le soufre satanique qui a envahi le Trabendo. Et après plus d’une heure de Rotting Christ, c’est avec effervescence que le public attend Watain. Et les suédois joueront ce soir sur une scénographie réduite, du fait de la salle. Enfin, réduite pour Watain, c'est toujours bien plus que bien des groupes. Même si la scène n’est pas en feu comme en festival, le groupe arrive avec bougies, énorme trident (représentant le dernier album en date, Trident Wolf Eclipse) et juste ce qu’il faut de feu.

La fosse sera chaude durant tout le concert. Brûlante même, quand Erik joue de sa torche enflammée avec les quelques fans qui auront le cran d’y approcher les mains. L’ambiance est sulfureuse et le déluge de violence trouve son expression dans la fosse du Trabendo. Les gens exultent en se jetant les uns sur les autres, en parfait accord avec cette musique brutale et sans concession que propose Watain. Et quand le maître de cérémonie Danielsson décide de jeter du sang de cochon dans la fosse, les gens au-devant de la scène deviennent complètement dingues.

Le groupe est toujours aussi impressionnant à voir en live. A la batterie, Håkan Jonsson impressionne par sa vitesse et sa vélocité, tandis que Pelle Forsberg semble habité et dégage un charisme aussi malsain que ses riffs de guitare. Mais ce n’est rien face à Erik Danielsson, qui semble comme d’habitude possédé. Ce n’est pas un concert que celui-ci propose, mais une véritable messe noire. Une plongée dans sa vision du satanisme, lugubre et sans aspérité. Le bonhomme semble habité et est toujours aussi impressionnant dans ses hurlements, qu’il semble déclamer tels des psaumes démoniaques envoyés à son public.

Même si la date s’articule logiquement autour du dernier disque, le groupe n’oublie pas ses classiques et exécutera parfaitement "Malfeitor" ou encore "The Golden Horns of Darash", tiré du magistral Casus Luciferi. Le concert se finit par une reprise de "The Return of Darkness and Evil" de Bathory et par Sworn to the dark, avant qu’Erik, seul sur scène, n’arpente la scène de longues minutes pour finir son rituel macabre.

Storm of the Antichrist
Nuclear Alchemy
The Child Must Die
Agony Fires
Furor Diabolicus
Sacred Damnation
The Golden Horns of Darash
Malfeitor
Towards the Sanctuary
The Return of Darkness and Evil
Sworn to the Dark

En très peu de mots, cette affiche proposée ce soir-là par Garmonbozia fut tout simplement mémorable. Et bien que Profanatica n’ait pu être à son top, Rotting Christ et Watain ont tous deux livré deux concerts mémorables.

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