Interview : Tobias Sammet – Avantasia

Interview Tobias Sammet -- Avantasia

C’est avec un « Bonjour ! Comment ça va ?! Moi, je suis très content ! » très enjoué et dans un français plutôt correct que Tobias Sammet débutera cette interview. C’est tout ce que le leader charismatique d’Avantasia et d’Edguy saura nous dire en français. En revanche il sera très bavard quant à son nouvel album Moonglow et à la tournée mondiale qui se profile avec Avantasia.

Bonjour Tobias, peux-tu nous en dire plus sur tout le processus de création de Moonglow ?

Tobias : Eh bien, pour être tout à fait honnête, je n’avais pas du tout planifié de sortir un album. En fait, je venais juste de finir le ‘’Ghostlights Tour’’ et je n’avais vraiment rien envie de faire. J’étais fatigué après cette tournée. Pas vraiment à cause de la tournée en elle-même, mais plutôt fatigué de ce planning de fou que j’ai suivi ces vingt dernières années. J’ai écrit dix-sept albums, fais dix tournées mondiales. J’étais exténué, et je pense que j’avais tout à fait le droit de l’être. Cependant, tout le monde autour de moi semblait savoir exactement ce que j’allais faire. C’est un peu comme si tout le monde, sauf moi, savait ce que j’étais supposé faire ! Comme si j’étais guidé par les attentes d’autres gens, plutôt que d’être maître de ma propre vie. Je leur ai dit que j’avais besoin de temps libre, de me retrouver un peu avec moi-même. Je n’avais aucun contrat de sortie d’album que ce soit avec Edguy ou Avantasia, donc j’ai pris un peu de temps pour moi et j’ai construit un studio. Mais j’avais tout de même quelques idées. Je les ai mises de côté.

Puis, j’ai eu mon studio dans lequel je pouvais travailler. Les idées que j’avais mises de côté me semblaient être un bon début pour un album solo, mais plus je travaillais dessus plus elles me semblaient être parfaites pour un album d’Avantasia. Donc j’ai travaillé là-dessus, tout en prenant le temps nécessaire pour que ce soit un album tout fait abouti. J’ai commencé à travailler sur cet album en 2016 en ne sachant rien de ce qu’il allait devenir. J’ai bien mis deux ans de créativité dans cet album et je pense que cela s’entend. C’est un album très travaillé, très embelli, plein de petits ornements musicaux. Même au niveau des paroles. C’est un album basé sur mes expériences personnelles. Sur toute la pression que j’ai pu ressentir. La peur de ne pas répondre aux attentes. J’ai couché toute cette pression sur le papier et cela m’a aidé à trouver la trame de l’histoire que je voulais raconter avec cet album. C’est vraiment un album qui fait écho à mes émotions. Mais bon, si je veux résumer la conception de cet album, cela a été un processus lent et riche en émotion et en recherche car pour une fois j’avais tout le temps que je voulais pour pouvoir m’y consacrer.

C’est aussi un album pour lequel tu as fait appel à beaucoup d’artistes. Comment as-tu choisi les personnes avec qui tu voulais travailler ? Et comment se sont passées toutes ces collaborations ?

Tobias : Pour moi certaines de ces collaborations étaient évidentes car beaucoup de gens avec qui j’ai travaillé sur cet album font partie de la grande famille d’Avantasia, comme Michael Kiske ou Bob Catley, Eric Martin ou encore Jørn Lande et Ronnie Atkins. Et aussi Geoff Tate qui a souvent été à mes côtés. Il est monté sur scène avec moi l’an passé. Il a fait un boulot fantastique. C’est vraiment un artiste extraordinaire. Pour l’album précédent, il avait aussi travaillé dans son propre studio. Nous nous échangions des fichiers. On a passé tellement de temps à s’envoyer des mails et à s’appeler que cette fois, je lui ai dit ‘’Geoff, je te veux avec moi en studio.’’ Et je suis très content qu’il l’ait fait parce que ça a été une façon plus décontractée de travailler. Et puis, les autres font partie de la famille Avantasia depuis très longtemps car ils ont tous été une grande source d’inspiration pour moi. Je pense que Geoff  a influencé beaucoup de chanteurs. Que ce soit moi, ou Michael Kiske d’Helloween, nous avons été inspirés par Geoff. Et je pense que de travailler avec lui ne fait que renforcer notre créativité.

Et puis, il y a d’autres artistes avec qui j’ai travaillé pour la première fois sur cet album. C’était différent. Par exemple, je me rappelle pour la chanson ‘’The Raven Child’’, il y a cette intro, et je voulais trouver quelqu’un ayant le même genre de tessiture de voix que moi, mais je pense que choisir une chanteuse, plutôt qu’un chanteur aurait été trop évident. Donc je me suis demandé qui pourrait être le chanteur parfait pour ce morceau et le nom de Hansi Kürsch m’est venu presque instantanément. Hansi et moi sommes des amis de longue date. Je l’ai appelé et il a tout de suite accepté. Il a fait un travail extraordinaire sur ‘’The Raven Child’’. Il y a des passages en voix claire qu’il a chanté parfaitement et d’autres où il hurlait. Je pense que les passages que j’avais choisi de lui faire chanter lui correspondaient parfaitement.

Je crois que pour certaines chansons, j’avais déjà une idée précise de qui les chanterait, et pour d’autres les idées se sont mises en forme petit à petit. Et puis, pour ‘’Moonglow’’, la chanson était déjà totalement écrite quand j’ai pensé à Candice Night. J’ai écrit cette chanson en ayant une voix féminine en tête. J’avais une idée précise de ce à quoi cette voix devait ressembler mais je ne savais pas encore que ce serait elle. J’ai écouté la démo en boucle jusqu’à ce que j’en vienne à la conclusion que c’était une chanson pour Candice Night.

Est-ce qu’il y a encore des artistes avec lesquels tu aimerais travailler ?

Tobias : Oui, il y en a, mais je n’ai pas vraiment une liste de gens avec qui je voudrais absolument collaborer. J’ai de vagues idées. Et il y a aussi des artistes avec qui je ne refuserai pas de travailler s’ils venaient à me le proposer. Par exemple, j’adorerai bosser avec Bruce Dickinson. Mais je n’ai jamais considéré mon travail comme une collection de trophées. En fait, j’ai toujours voulu avoir le chanteur parfait pour évoquer telle ou telle émotion de la meilleure façon possible. Je pense que c’est pour cela que j’ai un si bon line-up.

Tout à l’heure tu disais que Moonglow était un album très personnel. J’ai aussi lu que tu voyais cet album comme le plus important et le plus somptueux de toute ta carrière. Pourquoi le vois-tu ainsi ?

Tobias : A l’heure actuelle, je ne sais pas si c’est l’album le plus important de ma carrière. Je pense que chaque album est le plus important à un moment donné de sa vie. Je crois qu’au fond, chaque album est important. Et on voit chacun comme le plus important car il dépend de notre futur immédiat. Mais je pense que ce que je peux dire de cet album, c’est que les paroles sont très compréhensibles. Elles sont pleines d’émotions. J’ai vraiment partagé mes sentiments même si l’album parle d’un monde imaginaire. Même s’il y a une grande part d’imaginaire dans cet album, il me touche vraiment personnellement.

Es-tu pressé de savoir ce que les gens ont à dire de cet album ?

Tobias : Oui, bien sûr ! C’est toujours bon d’entendre ce que les gens ont à dire. Surtout si les critiques sont positives. Mais si elles sont négatives, je suis aussi content de les lire ou de les entendre. C’est toujours intéressant de savoir ce que les gens pensent que ce soit en bien ou en mal, car je peux réfléchir à ces critiques et voir si je suis d’accord ou non avec elles. J’aime bien savoir comment les gens perçoivent ma musique.

Et es-tu pressé de jouer cet album sur scène ?

Tobias : Oui, je suis vraiment pressé de pouvoir jouer les chansons de cet album, surtout que l’on jouera pratiquement tout l’album en live. Je ne sais pas encore si nous les jouerons toutes, mais ce qui est sûr c’est que nous jouerons neuf chansons de l’album, et non pas parce que nous voulons désespérément promouvoir ce disque mais parce que nous adorons cet album. Et comme nous allons jouer quelque chose comme trois heures ou plus, il y aura quinze autres chansons d’autres disques. Normalement nous ne jouons pas plus de cinq ou six chansons de nos nouveaux disques, mais celui-ci est tellement fort, que nous avons décidé d’en jouer huit ou neuf.

Donc, vous allez encore une fois nous offrir des shows de plus de trois heures ?

Tobias : Oui, mais là encore ce n’est pas un moyen de promouvoir l’album en disant aux gens : ‘’Venez ! Nous allons jouer pendant trois heures !’’. Non, nous aurions joué trois heures ou plus d’une façon ou d’une autre. Nous ne savons pas vraiment si les shows dureront deux heures et cinquante-neuf minutes ou trois heures vingt. Nous savons juste que nous voulons jouer toutes les chansons que nous aimons et que nous voulons partager de nombreuses surprises avec le public. Il y aura plein de chanteurs : Eric Martin, Ronnie Atkins, Jørn Lande, Bob Catley ainsi que plusieurs chanteuses. Il y aura tellement de choses à voir. Le line-up sera tellement fort qu’on ne pourra faire autrement que de jouer longtemps. Si le show était plus court, cela voudrait dire que chaque chanteur ne pourrait pas chanter plus de deux chansons et ce serait dommage. Si vous invitez des gens aussi talentueux à partager la scène avec vous, ils doivent avoir suffisamment de temps pour briller sur les planches.

Le Ghostlights Tour était déjà spectaculaire, penses-tu qu’Avantasia puisse encore évoluer sur scène et offrir des shows encore plus impressionnants ?

Tobias : Je ne veux pas forcément que ce soit spectaculaire, si l’on cherche à faire toujours plus spectaculaire ça en devient superficiel. Et je ne veux pas en arriver là. Je pense que nous allons pouvoir présenter un show majestueux que les gens aimeront. De bonnes chansons, de bons musiciens, de bons chanteurs, de belles scènes, mais nous ne sommes pas là pour gagner les jeux Olympiques du concert le plus incroyable. Je veux faire quelque chose de grand, quelque chose qui apporte des émotions à notre public. Et franchement, si nous voulions faire des choses de plus en plus spectaculaires, cela donnerait quoi au bout de cinq tournées ? Il faudrait que je me jette dans le vide, que je chante tout nu, suspendu par les pieds, me balançant d’un bout à l’autre de la scène ?! Bref, nous voulons faire de belles choses sans pour autant faire la course aux effets spéciaux sur scène. Je pense que nous allons offrir un beau show, différent de la dernière tournée et c’est déjà pas mal.
 


Tu disais précédemment que vous alliez jouer neuf chansons de Moonglow. Y-a-t-il une chanson en particulier que tu désires vraiment jouer sur scène ?

Tobias : Il n’y en a pas qu’une. J’ai vraiment très envie de jouer ‘’Alchemy’’, et ‘’Raven Child’’, et ‘’Moonglow’’ et aussi ‘’Ghost in the Moon’’ et ‘’Maniac’’… En fait, je crois que j’ai vraiment envie de jouer chaque chanson de cet album.

Aurez-vous une setlist fixe ? Ou changera-t-elle à chaque concert ?

Tobias : On a toujours envie de changer une ou deux chansons, mais il faut aussi se rappeler que c’est un spectacle très long et mes musiciens doivent apprendre et mémoriser plus de trois heures de musique. Ce ne sont pas leurs créations. Ce sont mes chansons, et il est toujours plus difficile de mémoriser quelque chose que l’on n’a pas créé. Nous avons un bassiste différent sur scène. Il n’a pas joué pour l’enregistrement de l’album et maintenant il doit apprendre les vingt-neuf chansons que nous voulons jouer sur scène. Cela serait irrespectueux de vouloir changer la setlist à chaque concert. C’est possible quand le groupe entier participe à la création d’un album, mais dans notre cas particulier ça ne l’est pas. Nous nous contenterons de jouer les vingt-neuf morceaux que nous avons choisi pour chaque concert.

Une question un peu plus personnelle. Si tu devais choisir un mot pour dire ce qu’Avantasia représente pour toi, quel serait-il et pourquoi ?

Tobias : EXPRESSION, ou non… Peut-être qu’EXPRESSION n’est pas le bon mot. Je dirais plutôt CATHARSIS, quoi que, ce n’est pas le bon mot non plus. C’est plutôt EXPRESSION ou EXPRESSION PERSONNELLE. Je pense que c’est le bon mot, car Avantasia me permet d’exprimer ce que j’ai de plus enfoui en moi. Avec Avantasia, je peux faire tout ce que je veux en toute liberté. Je peux exprimer ce que j’ai en moi. Relâcher la pression et parler de ce que je ressens de façon pure, innocente mais aussi sérieuse.

Une dernière question. Au début de cette interview, tu nous partageais le fait que tu n’avais pas prévu de faire cet album, que tu ne voulais rien faire que ce soit pour Avantasia ou Edguy. Mais as-tu tout de même quelques projets pour Edguy ?

Tobias : Oui ! Mais, je ne sais pas encore quoi. Bien sûr que j’ai des projets pour Edguy. Edguy est la plus grande réussite de toute ma vie. C’est quelque chose dont je suis extrêmement fier. Nous avons enregistré tant d’albums, et voyagé à travers le monde grâce à ce groupe. Edguy est vraiment cher à mon cœur. Edguy est devenu une sorte de routine à travers les années. Et je crois que le secret de la réussite et de ne pas pousser les choses trop loin, de faire les choses quand vous sentez que c’est le bon moment. Donc pour répondre à la question, oui il y aura un nouvel album d’Edguy. Quand ? Je n’en sais vraiment rien. Il faut juste que je trouve le bon moment. Ces vingt-cinq dernières années ont été très stressantes et je ne veux pas faire d’erreurs. Je veux faire les choses quand je pense que l’heure est venue de les faire. Je veux faire les choses pour des raisons artistiques et non parce que telle ou telle agence nous a booké une tournée ou parce que nos fans réclament un nouvel album d’Edguy et de préférence, un qui ressemble à Rocket Ride… Je vais m’écouter et faire les choses le moment venu.

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