Satan’s Fest X au Pacific Rock, Cergy (05.01.2019)

Le Pacific Rock accueille ce samedi la dixième édition du Satan's Fest. Edition particulière puisque Satan Jokers fête les trente-cinq ans de son premier album, Les Fils du Metal. Le premier festival de l'année attire encore une fois son public hard & heavy avec une belle affiche éclectique faisant aussi la part belle au death metal et au rock progressif.

 


Quoi de mieux pour débuter cette année que la douce chaleur d’un samedi au Pacific Rock ? L'endroit est atypique et intimiste, le repère idéal pour exorciser les lendemain de fêtes. Peu de monde jusqu'au début du Fest, dans l'ambiance feutrée d'un week-end aux senteurs campagnardes. Malgré l'heure précoce, quelques magnifiques motos sont déjà là, peut-être sont-ce les Satan Slaves et les Gipsy Jokers, ces deux bandes rivales de Hell's Angels ayant inspiré le nom du groupe à Renaud Hantson. Bonne surprise, dès le premier concert, la salle se remplit d'un coup, ce qui n'est pas si habituel, pour le bonheur des premiers groupes qui commencent à l'heure dite.


 

Black Horizon

C’est la deuxième fois que Black Horizon joue au Pacific Rock. Le groupe avait ouvert pour Blaze Bailey à l’occasion de la sortie de son premier album The Choice en 2010.  De chaque côté de la scène, les frères Crispino, Dom à la basse et Seb à la guitare, véritables piliers du groupe, surplombent la salle et emportent le public dans la ferveur d’un heavy metal carré, efficace et précis, dès le premier titre, l’excellent "The Hunter".



 


Les morceaux  "Miles Away" ou "Howling Like a Wolf" avaient déjà été joués sur scène au Barde Atomique en 2015, mais ne les cherchez pas sur The Choice, ni sur les quelques démos sorties auparavant. Tous les titres joués aujourd’hui feront partie du prochain album de Black Horizon prévu cette année, attendant jusque-là d’être sublimés par l’étendue de la voix d’Alex Puiseux, dont la pureté, la justesse et surtout la beauté effleurent par instant le mythe de Dio. Contraste avec les musiciens, le chanteur lui, est tout entier immergé dans son chant et cette combinaison induit une chaleur douce qui donne le ton de la soirée.



 

La cabine de batterie, incontournable attribut du Pacific Rock, n’entrave ni l’énergie ni la bonne humeur de Fifi. Le groupe est en symbiose et, sans tambour ni trompette, les deux frères de la piraterie sautent dans le public sur les premiers accords de "Ace of Spades".

Le prochain album de Black Horizon s'appellera Dark Light et sortira courant avril chez le label allemand Pure Steel.


Setlist Black Horizon:
The Hunter
Watching (camera #9)
I Wanna Stop
Miles Away
Howling Like a Wolf
Ace of Spades

 


Grazed


Changement de style avec Grazed qui nous embarque dans un style death-thrash old school. Les Grabators ont déjà partagé l’affiche avec Satan Jokers en 2013, jouant à domicile lors du Forum Fest à Loudun.



 

Les titres joués ce soir proviennent de l’album Univers Sale, sorti en 2018, à l’exception de "Metal Limace",  du précédent et excellent album Neandertal. Les Ultra Vomit du death metal bombardent avec un malin plaisir le public pris de court et peu réactif d’un set endiablé, avec un très bon son, même si Max et Fab à la guitare, Chris à la basse et Cigalou au chant semblent avoir du mal à trouver leur place sur la petite scène où la batterie de Raph prend décidément beaucoup de place. Sur "Où Sont Les Femmes", Cigalou fend la foule en quête de réponse, mais devant l’absence de réactions, remonte sur scène, le briscard sympathique ne se laissant pas démonter pour si peu. Oui, ils en ont vu d’autres Grazed en vingt ans, avec six albums au compteur, une participation de Sami de Kreator sur l’un d’entre-eux, excusez du peu !



 

Mais quand entre les titres, la voix aux accents du sud de Cigalou vient perturber les repères sobres et sombres de l’univers death, on comprend qu’ici toute forme d’ambivalence est assumée, digérée pour en faire le socle des valeurs vitales de Grazed. Ne pas se fier aux apparences, car derrière cet humour au second degré, on est saisi par le niveau de la guitare avec des soli de qualité délivrés par Max. Cigalou et Fab, quant à eux, passent avec aisance et précision du scream au growl, avec une présence scénique incontestable, et réussissent l’exploit de rendre compréhensible des textes en français pour mieux en saisir la noirceur et le sarcasme. Les amateurs de death metal auront apprécié ce concert atypique, et peut-être a-t-il manqué au public venu en masse pour une affiche plus heavy, de prendre dans la gueule un deambulator !


Setlist Grazed:
L'Homme Invisible
Où Sont Les Femmes
Univers Sale
Metal Limace
Bachar
Glupides

 

Looking for Medusa

 

Formé en 2012 à Clermont-Ferrand, Looking for Medusa s’est fait rapidement un nom avec la sortie en 2013 de l’EP Into my Eyes, et a enchaîné plus d’une centaine de concerts, en première partie de Blaze Bailey, Night Demon , Nashville Pussy, Vulcain ou Mass Hysteria entre autres, joué avant UDO au Chania Rock Festival en Grèce, et s'est même fait remarquer au Hellfest Off à Clisson en 2018. La production musicale également est en pleine ébullition. De Profondis, le premier album sorti en novembre dernier, est le premier opus d’un triptyque consacré à l’histoire d'Igor Bencat et de Lady Mona.


 

"De Profundis" introduit le concert avec théâtralité, la scène est agrémentée de deux panneaux de part et d’autre de la batterie, reprenant l’artwork de l’album. Le groupe entre en scène et démarre sur les chapeaux de roue un set bien rodé avec "Hell’s Parade", titre dédié à Bon Scott, dans la pure tradition d’AC/DC. L’ambiance est alors installée, et les titres se succèdent, très différents, passant de l’anglais au français, du hard-rock mélodique à des structures progressives, voire jack-rock fusion dans Le "Cœur des Hommes", qualifié d’étrange par Olivier Costes, chanteur et véritable frontman charismatique du groupe. Sur "The Quest", un morceau  épique dans le style de Manowar, Olivier se dit avec humour que tout eut été différent si le groupe s’était fait connaître quelques années auparavant car oui on est bien ici sur les terres des rois du heavy metal.



 

Les deux guitaristes Laurent Pechaubes et Aurélien Dumas sont au diapason, et délivrent une partition de haut niveau, soutenue par le combo Stéphane Vella à la basse et Ugo Carucci à la batterie, et magnifiée par la voix chaude, maitrisée et bluffante d’Olivier. Sur "Looking for Medusa", il porte le masque de Medusa, fascinant et déconcertant, laissant l’auditeur dans l’expectative, parachevant ainsi un spectacle très travaillé, des décors aux costumes et surtout à la présence du groupe, professionnelle et ambitieuse, et néanmoins sympathique.

Setlist Looking For Medusa:
De profundis
Rookie basse
Hells parade
Colisée
The quest
Le coeur des hommes
Looking for medusa

 


Archange


Dans le style hard-rock à l’ancienne des années 80, proche de Scorpions ou Dokken, place aux Grenoblois d'Archange. Formé en 2013, le groupe a sorti en 2017 l’album Flashback, en France et dans près d’une vingtaine de pays, et s’est produit sur de nombreuses scènes aux cotés de Vinny Appice et Tim Ripper Owen entre autres. Un nouvel album est actuellement en phase de pré-production, avec dix titres déjà écrits.



 

Le concert débute plutôt mal avec un volume trop élevé. Heureusement cela s’arrange dès le second titre, "Machine Gun", qui met tout le monde d’accord. C’est incroyable de voir comment certains groupes savent venir vous chercher avec leur attitude sur scène et savent transmettre leur plaisir de jouer. En plus, ils ont le look, avec leur tenues hard FM-glam, véritable coup de pied à la nostalgie d’une époque pas du tout révolue. Et ils sont là pour nous le démontrer.



 

Ce n’est pas Daniel Pallas que nous retrouvons au chant, ce dernier ayant récemment quitté le groupe. Il est remplacé temporairement au moins par Stéphane, qui fait le job, dans un style rappelant Ian Gillian, aussi bien vocalement que dans sa réserve bien compréhensible. Mais pour qui n’est pas au courant de ce fait, il est vrai qu’il contraste beaucoup avec l’extraversion décomplexée de Markus Fortunato (ex -MZ) à la basse et Paco Peiro à la guitare, au look clinquant et à la joyeuseté communicative. Les baroudeurs du heavy metal font le show pour notre plus grand bonheur pendant que Laurent Rabatel, guitariste-compositeur et co-fondateur du groupe, et David Amore (ex-Nightmare, Oblivion) à la batterie assurent un set impeccable.

De "She’s Electric" à "The Ride", en passant par l’excellent "Flashback", les riffs addictifs font monter la tension du public et quand le set se clôture sur le très entrainant "Live Foverer", le public continue de chanter.

Setlist Archange:
Rock Non Stop
Machine Gun
She’s Electric
Gimme Your Love
Don’t Turn You Back
Flash Back
Around The World
The Ride
Live Forever

 


Seyminhol


Seyminhol est un groupe de metal progressif symphonique formé en 1989 en Moselle. Ayant subi de nombreux changements, le groupe a sorti cinq albums concept, conçus comme des fresques historiques consacrées à Charlemagne ou encore Shakespeare, dans des styles allant du symphonique au gothique, hard, thrash, mais toujours progressif.


"Appetite" ouvre avec grâce un set composé des principaux titres de Ophelian Fields, dont le puissant et sophistiqué "My Soul’s Idol". On est balloté sans répit sur le bateau ivre des émotions, de la noirceur de "Hidden Desire", à la chamade renversante de "Her Majesty of Flowers", dans la pure lignée des plus grands titres de Kamelot. C’est Laurent Fabisz qui officie au chant, Kevin Kazek ayant pris la décision de quitter le groupe. Le défi est de taille mais il avait déjà été pressenti au poste auparavant et relève haut la main le challenge en devenant officiellement le nouveau chanteur de Seyminhol.



Quels musiciens exceptionnels, capables de restituer la complexité d’un "Into the Black Chamber" comme si un orchestre symphonique sortait de nulle part. La basse talentueuse de Chris Billon-Laroute et le jeu de batterie millimétré de Pierre Rollinger portent au firmament la virtuosité de Nicolas Pélissier, se payant le luxe d’assurer les chœurs. Bien sur les choeurs samplés sont présents, élément indispensable pour restituer la grandeur et la beauté de chaque titre.


Sans grande surprise, une partie du public venu nombreux ce samedi pour célébrer le hard rock, accueille avec un peu de réserve ce rock progressif complexe. Et pourtant, contrairement à l'accueil plutôt tiède réservé parfois au dernier album, la valeur de celui-ci s'appréhende à la condition de lâcher la rive des repères traditionnels et de se laisser porter sur la mer de l'infinitude au gré des remous de l'âme.

Setlist Seyminhol:
Appetite 
My Soul’s Idol 
Hidden Desire 
Her Majesty of Flowers 
The Bramble's Litany Part I 
The Bramble's Litany Part II
Mantle of Madness
Into the black Chamber
the Duellist
Nail and Spear

Satan Jokers


Le Satan's Fest prend cette année une connotation particulière puisqu'il célèbre les trente-cinq ans du premier et cultissime album, Les Fils du Metal. Depuis la sortie de Sex Opéra en 2014, dernier pan de la trilogie avec Laurent Karila, Satan Jokers tourne peu au profit des projets solos de Renaud Hantson dont Rock Star sorti en 2017. En 2018, le groupe collabore avec un orchestre symphonique et sort Symphönïk Kömmandöh.


Le set démarre de façon inattendue par cinq morceaux acoustiques. Excellente idée car les solos ultra-mélodiques de Michael Zurita sur "fetish X" ne perdent rien en virtuosité et l'on peut mesurer précisément toutes les subtilités de la voix colorée de Renaud, qui au-delà d'être puissante et étendue, profonde et aérienne, est surtout incroyablement maitrisée, où l'énergie et la concentration portées sur chaque son en extirpent non pas la note juste, mais l'expression juste. Et s'il faut encore s'en convaincre, quand il reprend à son compte les monuments de Judas Priest avec son groupe Judas Feast, il s'inscrit dans la lignée des Dieux du Metal.



 

L'album Les Fils du Metal est joué dans son intégralité, et dans l'ordre dans une salle en liesse, bondée, accueillant chaque titre par des acclamations à commencer par l'hymne culte "Les Fils du Metal" repris avec force par un public de fidèles. Par les saints de l'enfer, voilà encore un album qui prend toute son ampleur en live, la batterie est d'une précision diabolique. On se doute bien que tout ça est rodé jusqu'à la moelle mais le son du Pacific Rock est juste jouissif. Des riffs galopants sur l'épique "Samouraï", jusqu'aux accents heavy de l'énorme "Les Forces Maléfiques", chacun des onze titres, bien que très différents parfois, relève de la prouesse technique.



 


Avant d'entamer "Quand les Héros se Meurent", le dernier titre des Fils du Metal, Renaud fait la promesse de cesser de dire que c'en est fini de tout ça, tant il est vrai que le public, systématiquement présent et d'une fidélité sans faille dans tous ses projets, semble être venu à bout de ses doutes et découragements transitoires. Il salue la qualité du son et des éclairages du Pacific Rock. Certes, cela se paye de la présence de cette imposante cabine de batterie qui mange une partie de la scène, mais il est indéniable que cela permet de restituer un son précis sans pousser le volume. C'est ici le fief de Renaud Hantson et de ses différentes formations, découvert à la suite de la création de Furious Zoo en 1991, projet parallèle où l'on retrouve à la guitare Michael Zurita, l'ami de longue date.


 

Aurel Ouzoulias s'extirpe un instant de ses fûts et le groupe vient saluer le public. Michael Zurita introduit alors la troisième partie du concert, captant instantanément l'attention par sa présence sobre et son jeu tout en finesse. Puis c'est au tour de  Pascal Mulot, lui aussi compagnon fidèle, à l'origine de la reformation du groupe en 2009, d'avoir droit à un moment de gloire au cours d'un solo de basse passant de l'émotion à l'allégresse. Le bonheur se lit aussi sur le visage de Aurel qui enchaîne avec un solo de batterie endiablé et laisse le public en demande. Vous en voulez encore une ? Il suffit de demander, on est à la maison non ? et le show se termine magistralement sur Les Fils du Metal" à nouveau ", repris par la salle entière.


Setlist Satan Jokers:
Sorcier
Fetish X
Substance Recompense
USA
VIP HIV
Prélude
Les Fils du Metal
Samouraï
Tokyo Geïsha
Offrande
Derrière les Portes Closes
En Partance Pour l’Enfer
Age de confusion
Les Forces Maléfiques
Le Fouet
Quand les Héros se Meurent
Intro solo guitare
Get It On
Intro solo basse
Pas Fréquentables
Solo batterie
Les Fils du Metal
 

La soirée se prolonge avec les artistes de chacun des groupes. Comme à son habitude, Renaud vient à la rencontre de son public, soucieux de souder les liens qu’il sait établir avec authenticité et sans compromis à chacun de ses concerts et sur les réseaux sociaux. Ce dixième Satan’s Fest est encore une fois une belle réussite. Rendez-vous dans un an et certainement avant avec Furious Zoo ou Judas Feast. Ne manquez pas la sortie du prochain album de Black Horizon, ni les concerts de Grazed, Looking For Medusa, Archange, bienvenue à Laurent au sein de Seyminhol et n'oubliez jamais que vous êtes, nous sommes les Fils du Metal.

Textes et Photos : SAMM
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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