Jérôme Thilly (chant) et Fred Patalas (guitare) de W.I.L.D

Alors que The Domination Chronicles, le cinquième album de W.I.L.D., s'apprête à sortir, nous avons souhaité poser quelques questions à Jérôme (chant) et Fred (guitare) du combo nordiste, afin d'en savoir un peu plus sur ce nouvel opus. Ensemble, nous sommes revenus sur le concept qui entoure ce nouveau disque, sa production ou encore son financement, en partie via une campagne de crowdfunding. Entretien en toute simplicité avec un groupe qui mérite d'être mis en lumière !

Bonjour à vous et merci de nous accorder cette interview.  Votre nouvel album, The Domination Chronicles s'apprête à sortir début mars. Il semblerait qu'il s'agisse d'un album concept. Pouvez-vous nous en dire plus sur l'histoire développée à travers ces morceaux ?

Jérôme (chant) : Bonjour et merci à toi ! En effet, c’est un concept album comme j’ai déjà pu le faire par le passé mais cette fois j’ai imaginé quelque chose d’un peu différent. Il y a un thème pour l’ensemble de l’album : l’emprisonnement traité sous différentes formes. Les morceaux sont liés par deux et se suivent dans la tracklist. Il y a chaque fois deux points de vue différents : la personne qui agit et la personne qui subit. Par exemple sur « Skin and Bone » (la huitième piste) je parle d’un pervers narcissique qui prend plaisir à faire du mal à celle qui vit avec lui et sur « Until I bleed » je parle de celle qui subit cette perversion. Pour les autres, j’aborde la drogue, l’esclavage, la séquestration, la prison toujours avec ce même principe.

Purgatorius était également un album concept. Vous sentez vous particulièrement à l'aise avec cet exercice ? Pourquoi ce choix, plus courant dans la scène prog que death metal ?

Jérôme : Exact. C'est aussi le cas d'Aeternum Vale, notre deuxième album période Wild Karnivor. C’est un travail tout à fait différent et je dois avouer que ce serait moins compliqué pour moi d’écrire des paroles sur des sujets différents mais tout comme dans la composition musicale, il y a une continuité. Je m’explique : l’album est ce qu’il est car il y a une unité dans la musique. Les morceaux ne sont pas identiques mais il y a une homogénéité indéniable. Je pars donc du principe que mes textes doivent l’être aussi. On rajoute à cela une jolie pochette et un beau packaging et on a ce qui nous plaît : un produit « fini ». Rien n’est laissé au hasard. Je pense que ma passion pour le rock progressif (années 1967-1975) doit y être pour quelque chose aussi ! (sourire)

WILD, metal, death, thrash

A l'écoute de cet album, je le trouve encore plus diversifié que son prédécesseur, notamment avec un "Waiting for the Savior" qui voit la présence de quelques parties en chant clair et des guitares acoustiques, ainsi qu'un mémorable solo de basse à la fin. Dans quel état d'esprit étiez-vous au moment de la composition ?

Jérôme : C’est marrant. Ce titre est celui qu’on a déjà joué en live avant la sortie de l’album et il marque vraiment les esprits. En ce qui me concerne, j’écris toujours quand la partie musicale est terminée. Ce qui me permet de jouer avec l’intensité de la musique et le contenu des paroles. Pour la partie où l’on retrouve le chant clair (réalisé par Mat, le deuxième guitariste, je le précise), c’est quelque chose qui a vraiment évolué en répétition. Nous avions envie de proposer une musique différente, de surprendre tout en se faisant plaisir sur la composition et surtout de ne pas se mettre de limite.

Pensez-vous que la cohésion du groupe avec le line-up similaire au précédent album (depuis l'arrivée de Thom à la batterie) ait facilité le travail de composition / enregistrement ?

Fred (guitare) : Bien sûr, l’arrivée de Thom derrière les fûts avait déjà simplifié la composition de Purgatorius car nous sommes frangins et nous faisons de la musique ensemble depuis une quinzaine d’année maintenant. Donc nous nous connaissons un peu musicalement, nous avons des automatismes de compositions mais le but est toujours d’essayer de surprendre l’autre et bien sûr de se faire plaisir.

Finalement, peu de temps s'est écoulé entre la sortie de Purgatorius (2017) et The Domination Chronicles (2019), ce qui est assez rare en France, étant donné les difficultés pour enregistrer en tant que groupe. De même, vous avez mis deux ans à sortir Purgatorius après l'EP Happiness is not Allowed...Quel est votre secret pour être si productifs ?

Jérôme : Oui c’est vrai que nous n’avons pas à nous plaindre de ce côté-là. Nous avons la chance d’avoir deux « machines à riffs » au sein du groupe : Fred et Mat. Beaucoup de morceaux n’ont d’ailleurs pas été choisis pour figurer sur ce nouvel album.

Fred : Nous avons eu la chance aussi de faire pas mal de dates pour la promo de Purgatorius et ainsi avoir un petit capital pour réinvestir assez rapidement dans la production d’un nouvel album. L’arrivée de Math et de Thom a été un véritable boost pour le groupe donc il fallait en profiter et avancer tous ensemble pour proposer l’album qui ressemble le plus à chacun des membres, The Domination Chronicles.

La production est moderne, mais je trouve qu'elle laisse pourtant respirer les titres et donne beaucoup de dynamique. Je pense notamment à la place de la basse qui est bien là (comme sur l'intro de "Skin and the Bone") et où chaque instrument trouve sa place. C'était important pour vous de trouver un bon équilibre dans la prod ?

Jérôme : Oh que oui ! C’est toute la difficulté du passage au studio. Certains avaient été frustrés après le mix/master de Purgatorius, réalisé au Dugout Studio avec Daniel Bergstrand et nous ne voulions pas revivre la même chose. Bergstrand ne nous a pas donné la possibilité de venir jusqu’en Suède pour donner nos directives à ce sujet et le travail à distance n’est pas toujours facile surtout quand il s’agit d’expliquer des ressentis musicaux. De ce fait, pour The Domination Chronicles nous sommes allés, Thom (basse), Mat et moi-même au Hertz Studio en Pologne afin de travailler le mix avec eux. Le résultat est sans appel.

Vous avez eu une nouvelle fois recours à une campagne de crowdfunding pour ce nouvel album. Pouvez vous nous parler de cette expérience et de votre contact finalement assez privilégié avec vos fans, puisque vous parvenez deux fois de suite à votre objectif ?

Jérôme : C’est un sujet qui divise beaucoup de monde au sein de la scène musicale. Mais le principe d’Ulule avec ses contreparties ressemble plus à des précommandes en un temps limité qu’à une opération caritative. Nous ne sommes jamais certains d’y arriver quand nous lançons ce type de campagne mais les fans répondent à l’appel et c’est fantastique. On a coutume de dire que sans eux nous ne sommes pas grand-chose et ça se vérifie dans ce cas précis. Maintenant ceux qui critiquent ce principe (et il y en a beaucoup) n’ont bien souvent pas la nécessité de l’utiliser. Un groupe qui demande 1200 euros par date et qui joue 20 fois dans l’année peut aisément s’autofinancer. Mais ça ce n’est pas notre cas.

Je crois savoir que vous avez travaillé sur un vidéo clip. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Jérôme : Oui. Il sortira le 22 février. Nous avons décidé de travailler avec I Shot Film et Martin Genty qui avait déjà réalisé le clip de « Drugs By Way OF Food » de Purgatorius. Il est toujours en cours de montage. Nous ne voulions pas être trop visibles dans ce clip, c’est pourquoi nous avons opté pour de l’animation image par image plus que du live ou de l’acting. Les premières images sont plus que convaincantes et on a hâte de le faire découvrir.

WILD, metal, death, thrash,

L'artwork a été réalisé par Lord Kcnodrev. Il représente un mirador, pris en photo à l'ancienne prison de Lille. Pouvez-vous nous présenter cet artiste ? Quelles consignes lui avez-vous données ? Y a t-il une dimension philosophique ou au moins métaphorique avec ce thème de l'enfermement ?

Fred : Lord Kcnodrev est un artiste que nous connaissons bien puisqu’il s’agit de Thom, notre bassiste. C’est lui qui s’occupe de nos visuels depuis le tout début de groupe. Pour cet artwork nous voulions trouver une représentation des paroles de . Nous avons eu la chance de prendre connaissance du travail de deux photographes faisant de l’Urbex [exploration urbaine, soit la visite de lieux abandonnés, ndlr], Gwen Al et Jp DCK, correspondant totalement à nos attentes. Ces photos sont de véritables œuvres à part entières collant parfaitement avec chaque texte. Lord Kcnodrev a su mettre en valeur l’histoire de chaque morceau en agrémentant chaque photo d’un artwork remarquable.

Corrigez-moi si je me trompe, mais pour la première fois depuis que vous avez laissé tomber le nom Wild Karnivor, les mots Wake Initiate Lucid Dream ne figurent plus à côté de votre logo... Pourquoi cela et quelle en était la signification ?

Jérôme : Et bien W.I.L.D est l’acronyme de Wake Initiated Lucid Dream, une phase du sommeil dans lequel on pense être réveillé. En ce qui concerne cette signification, sans trop en parler il nous a paru normal de ne plus la mettre et si jamais de nouvelles personnes découvrent W.I.L.D ils iront peut-être creuser autour de cette signification, ce qui nous plaît dans l’idée.

A travers vos artworks, on sent un certain attachement à vos terres du Nord. Sur l'artwork de Purgatorius, on vous voyait pris en photo devant un terril. Est-ce quelque chose de conscient ? Comment expliquez-vous également l'émergence d'une telle scène metal dans le Nord depuis finalement les années 90 avec Loudblast ou SUP ?

Jérôme : On est tous nés ici. Sur la photo du livret Purgatorius, nous sommes sur le plateau des terrils de Loos en Gohelle. A certains moments de l’année, c’est quasiment un paysage lunaire qui vous attend. Notre région a une histoire, souvent difficile, d'ouvrier, de la mine etc…. Plusieurs d’entre nous ont eu des grands-parents mineurs. Tout cela ne s’explique pas trop avec des mots mais plus par du ressenti. Cela donne, je pense, un vivier de groupes par chez nous qui ont la rage de par leur passé. Ce n’est pas forcément propre à notre région mais les jeunes se déplaçaient énormément dans les concerts. On avait l’habitude de jouer il y a 15 ans dans des villes proches de chez nous. Le bar était tout le temps plein à craquer. Les gamins n’avaient pas de moyen de transport et le concert du coin était sacré. Je pense que des groupes comme SUP et Loudblast doivent avoir les mêmes souvenirs. 

Quels sont vos projets à venir ? Du live ? Des dates en particulier ? Comptez-vous jouer l'album en intégralité étant donné qu'il s'agit d'un concept ?

Jérôme : Et bien la sortie du clip dont je parlais un peu plus haut et puis défendre l’album en live. On a de bonnes dates qui se profilent. On joue au Splendid de Lille dans le cadre de la tournée Overpowered Record en compagnie de Gorod/Psykup /SUP, on va participer au Hellfest en jouant sur la scène du Metal Corner le jeudi 20 juin et puis nous irons jouer un peu partout en France, en Belgique, Luxembourg etc… On a hâte que ça sorte et de lire les différentes chroniques ! Pour ce qui est de la set list nous dépendons du temps qui nous est imparti sur les différentes scènes. Avec le concept de cet album, comme expliqué plus haut,  on peut facilement en enlever sans dénaturer quoi que ce soit. On a toujours cette volonté de jouer d’anciens titres. On a quand même pas mal de morceaux depuis la création du groupe ! Pour l’instant il y aura une seule date où nous jouerons l’album en entier et dans l’ordre, c’est le 30 mars au Carré des Halles de Lille pour notre release Party.

Merci à vous pour cet entretien ! Avez-vous un dernier mot pour nos lecteurs ?

Jérôme : Merci à toi pour le soutien de longue date. Continuez à vous bouger au concert, faîtes vivre la scène locale et les lieux d’accueil.

Interview réalisée par mail en février 2019
Merci à Sabrina d'Overpowered Records pour avoir permis cet entretien.

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