Perturbator (+ Dan Terminus) à  Le Trianon (29.03.2019)


La synthwave est-elle une mode passagère ? C’est la question que se posaient quelques énergumènes pour qui ce courant, attirant tant les fanas d’électro que les metalleux, n’était qu’un feu de paille. Et pourtant, en ce 29 mars 2019, le mythique Trianon affiche complet depuis plus d’un mois pour accueillir Perturbator et son acolyte Dan Terminus.

 

Dan Terminus


Et c’est dans la pénombre que prend place Dan Terminus avant de lancer les hostilités sur les chapeaux de roues avec "Margaritifer", extrait de son dernier album Automated Refrains. Car pas le temps de niaiser comme disent nos amis québécois, nous voici lâchés à deux mille à l’heure sur l’autoroute du cyberpunk.

Pour ceux qui ont déjà vu l’artiste précédemment, il est impressionnant d'observer à quel point celui-ci domine désormais son sujet et la scène. Entre headbang et moments pris pour haranguer les spectateurs, le manque de musiciens passe inaperçu. Les lumières agressent les yeux, les corps s’embrasent sans comprendre, la foule bouillonne dans un magma de mouvements incessants. Et tout ça dirigé par un être sur une scène immense qui paraît au final trop petite pour lui.

Aucune pause entre les morceaux, ceux-ci s’enchaînent dans un délire sonore et visuel nous faisant voyager dans une musique forte en image, entre William Gibson et la décadence d’un Tetsuo l’homme arme. Heureusement, de rares moments nous permettent de reprendre notre souffle, avec notamment l’interprétation de "Grimoire Blanc", mais aussi d’"Electronic Snow".

Ces pauses donnent encore plus d’impact quand la violence repart, avec ces boucles infinies, entêtantes, qui imprègnent de sueur un public déjà chauffé à blanc à la fin du concert. Car oui, ne l’oublions pas, Dan Terminus n’est que la première partie ce soir.

Setlist :

Margaritifer
Deus Mecanicus
Death by Distortion
Grimoire Blanc
Restless Destroyer
Abandoned Ship Graveyard
Electronic Snow
Underwater Cities
 

Perturbator

La barre a été placée haut par l’ouverture. Certes, c’est un fait, non discutable. Mais Perturbator va s’empresser de la sauter façon Renaud Lavillenie avec une facilité déconcertante et sans perche.

A l’inverse de Dan Terminus, Perturbator prend son temps quand le groupe démarre "Birth of the New Model". Un morceau lent, mais empreint d’une lourdeur et teintée d’une crasse futuriste où chaque frappe du batteur met en avant les lancinantes nappes de claviers de James Kent. Heureusement, le calme n’est qu’apparent et l’enchaînement de "Neo Tokyo" et "Future Club" en est la preuve, les deux compères ne sont pas venus pour nous jouer la BO de Drive, mais retourner la fosse du Trianon.

On se rend compte de l’intelligence qu’a eu James Kent de s’adjoindre une batterie sur scène. Les morceaux en deviennent plus organiques et prennent une autre mesure en live avec une exécution parfaite. Le ressenti n’en est que plus fort, le son mettant admirablement en avant les arrangements millimétrés du maître claviériste sur les planches du Trianon.

L’intégralité du dernier EP New Model sera interprétée ce soir, ainsi qu’un nouveau morceau "Excess", tiré de son prochain disque à venir. Ces morceaux, à l’inverse des extraits des premiers albums, montrent une facette beaucoup plus cinématographique de l’artiste. Ceux-ci jouent sur bien plus de variations et démarrent plus lentement, et s’avèrent plus proches de la cold wave que des résonances excessives qui l’ont fait connaître.

Les beats sont poisseux, les lumières de la salle explosent les yeux à coup de teintes vertes et bleues et accentuent ces moments de malaise. On est alors plongé dans ce qui pourrait être une musique de film d’horreur futuriste, bien plus que sur les éléments dansants tirés de Dangerous Days et The Uncanny Valley.

Mais le contraste n’en est que plus fort quand il s’agit de déchaîner la fosse, notamment sur "Tainted Empire" et son rythme frôlant l’indus. Et de se rendre compte qu’en sept années de présence discographique, Perturbator a montré bien plus de nuances et de variations dans sa musique que bien des groupes dans toute leur existence.

La surprise du soir est une reprise de "ALL THAT YOU LEAVE BEHIND" de Jean-Michel Jarre, qui apparaît avant de lancer un rappel dévastateur. Le public devient littéralement furieux, et se déchaîne alors, voyant même se former de petits pits épars dans la fosse. Le set finit donc à cent à l’heure avant un enchaînement de "Perturbator’s Theme" et de "The Cult of 2112" pas piqué des hannetons, dans une euphorie généralisée. Les spectateurs ressortent lessivés, en sueur et en joie, après cette expérience sensorielle plus proche de la messe noire que du concert d’artistes électros types David Guetta qui faisaient tant peur à certains avant que ne débute la représentation.

Que répondre aux questions de l’introduction après un tel concert ? Que déjà, comme d’habitude, les absents ont toujours tort ! Et que les deux shows de ce soir, approuvés massivement par le public, sont une preuve. La preuve qu’à l’inverse de ces médisances, le feu de la synthwave n’en est certainement qu’à ses prémisses et qu’il n’a pas fini de prendre.

Setlist :

Birth of the New Model
Neo Tokyo
Future Club
She Is Young, She Is Beautiful, She Is Next
Corrupted by Design
Excess
She Moves Like A Knife
Diabolus Ex Machina
Humans Are Such Easy Prey
God Complex
Vantablack
Tactical Precision Disarray
Tainted Empire

Rappel:
All That You Leave Behind (Movement 4)
(Jean-Michel Jarre cover)
Welcome Back
Perturbator’s Theme
The Cult Of 2112

Photographies : © Antoine Beaucourt 2019
Toute reproduction interdite sans l'autorisation du photographe

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