Heidevolk (+ Dalriada) au Gibus de Paris (07.04.2019)


Soirée folk metal dans le sous-sol du Gibus, avec des conditions un peu particulière. La tête d’affiche, Tyr, a annulé sa participation suite à un appel au boycott de Sea Shepherd en protestation à la participation du chanteur à la chasse rituelle aux cétacés aux Îles Féroé. Mais les deux formations restantes sont bien décidées à faire oublier la polémique, et c’est l’occasion pour Heidevolk pour montrer que le groupe a une stature de tête d’affiche.


Dalriada

Le sous-sol est peu rempli quand débarquent les six musiciens de Dalriada. Visuellement, le groupe hongrois tient nettement plus de la formation de folk traditionnel que du combo metal, puisque tous les membres arborent de grandes chemises blanches et des pantalons noirs bouffants – en plus cintré pour la chanteuse Laura Binder – qui évoquent les tenues traditionnelles d’Europe de l’Est. Pas de bassiste dans le groupe, mais deux guitaristes, un flûtiste et un claviériste.

Le groupe joue du folk metal très fortement influencé par son pays natal, dans sa propre langue, et selon les disques, les morceaux peuvent être très festifs ou lorgner vers quelque chose de plus atmosphérique se rapprochant d’albums concepts. Pour ce concert, Dalriada privilégie clairement les morceaux dansants afin de galvaniser le public.

Mais au début du concert, comme souvent au Gibus, le son est assez horrible, notamment celui de la flûte et de la batterie, qui semble très mal réglée, et les lumières ne sont pas non plus fantastiques. Pour le son, cela va progressivement s’améliorer, à moins que ce ne soient nos oreilles qui s’habituent. Cela permet en tous cas de mieux profiter de la musique du combo, extrêmement sympathique, qui marie au mieux metal et musique hongroise. Certains morceaux sont particulièrement prenants, notamment "Aldas".

Cependant, alors que la musique sur album est très maîtrisée et harmonieuse, le rendu sur scène est nettement moins impressionnant. La faute à une sonorisation loin d’être optimale, certes, mais pas seulement. Le groupe recourt à énormément de sons enregistrés, notamment pour de nombreuses parties de violon, et si de nombreux groupes le pratiquent, ici, il y a une sensation d’overdose, surtout quand les (très nombreux) chœurs enregistrés pour les refrains sont plus audibles que les voix des musiciens. La chanteuse alterne entre une voix claire assez puissante et un mélange entre du growl et du scream assez curieux mais pas inintéressant.

Elle a un peu tendance à minauder de façon agaçante par moments, mais ces passages sont compensés par plusieurs pas de danse traditionnelle qu’elle effectue au début de certains morceaux et qui accentuent encore plus le côté folk de la prestation. Le guitariste Andràs Ficzek assure la deuxième voix et la communication avec le public, dans un anglais plus que laborieux ponctué de passages en hongrois.

Malgré la qualité variable de certains passages, l’ambiance est très bonne dans la salle. Des spectateurs dansent en se tenant par les épaules, un pogo éclate dès le deuxième morceau, au départ avec une dizaine de personnes, et de plus en plus de monde, jusqu’à venir écraser les deux premiers rangs dans l’agitation. Une spectatrice a même amené une licorne en peluche au concert (après tout, ces bêtes-là ont aussi le droit de se divertir), qui trônera sur scène tout le set et aura même droit à une photo avec les musiciens – le licorne metal a visiblement un grand avenir en Europe orientale. La prestation est loin d’être désagréable, mais ne rend pas toujours justice aux compositions plus prenantes sur album.

Setlist
•  Thury György Balladája 2. rész
•  Napom, fényes napom
•  Áldás
•  Ígéret
•  Kinizsi mulatsága
•  Búsirató
•  Amit ad az ég (Álmos búcsúja)
•  Komámasszon
•  Hajdútánc
•  Fele zivatar

Heidevolk

Il y a plus de monde pour la prestation d’Heidevolk mais la petite salle du Gibus n’est toujours pas pleine. La batterie de Joost « Westdijk » Vellenknotsche retentit tant que le reste du sextette s’installe.

D’emblée, on sent la différence de niveau : le son est beaucoup plus puissant, plus massif, plus carré. Les deux chanteurs ont une stature et un coffre impressionnant et l’alliance entre le timbre grave et les growls de Lars NachtBraecker et le chant plus aigu, plus aérien de Jaco de Wijs fonctionne parfaitement et crée une véritable atmosphère sur scène. Dans le vaste monde du folk metal, la formation néerlandaise officie au pays des Vikings, avec des rythmiques très cadencées, des mélodies souvent martiales, des passages presque incantatoires, bref tout ce qu’il faut pour prier les dieux de nous accorder la victoire avant d’aller mettre à sac le premier village sur notre route.

D’un pur point de vue de la technique musicale, les parties instrumentales ne sont pas très recherchées : de gros riffs puissants mais dénuées de finesse, pas (ou quasiment pas) de solo, une batterie qui fait le travail sans vraiment se faire remarquer. Il faut malgré tout préciser que le batteur officiel du groupe étant tombé malade après le tout premier concert, le groupe a dû lui trouver un remplaçant qui n’a eu que quelques jours pour apprendre une heure et demie de show.

Mais si le groupe ne recherche pas la technique, il est en revanche très efficace, et il a la bonne idée de limiter au maximum les samples d’instruments traditionnels, ce qui confère plus d’authenticité à sa performance. L’ensemble des musiciens arrive à donner aux chansons une ambiance épique, prenante, puissante, en un mot tout à fait viking.

Si certains morceaux sont très guerriers, d’autres, tout aussi prenants, laissent tomber l’attitude belliqueuse pour se tourner vers l’incantation. Le groupe offre ainsi plusieurs morceaux a capella ou quasiment, où les deux chanteurs sont rejoints par les autres musiciens – notamment le bassiste qui assure de nombreuses parties vocales – pour des chœurs de toute beauté.

On voit bien ici que la voix est vraiment au cœur du modèle musical des Néerlandais, et si sur disque, leurs morceaux finissent souvent par exhaler une certaine monotonie, sur scène, la présence des musiciens les rend au contraire captivants de bout en bout. Et ils sont parfaitement mis en valeur par les lumières, qui elles aussi se sont clairement améliorées par rapport au set précédent, et offrent des atmosphères tour à tour épiques et crépusculaires.

Le groupe communique beaucoup, souvent par l’intermédiaire de son bassiste, et malgré quelques tentatives en français, il en reste généralement à la langue de Shakespeare. Il explique en tous cas être très content d’être là pour le deuxième concert de la tournée, en dépit des circonstances délicates, et les membres remercieront à tour de rôle chaleureusement le public pour sa présence.

Lequel public ne cache pas sa joie et enchaîne sans répit les pogos tout au long du set, lesquels s’écrasent sur la scène comme des vagues sur une falaise. La licorne toujours installée sur les planches semble elle aussi apprécier le concert, et finira de nouveau dans les bras des musiciens l’instant d’un morceau.

Alors que l’absence de Tyr aurait pu être l’occasion pour Heidevolk d’étendre son set, la formation assure au total moins d’une heure et demie de show. Tandis que la fin du concert approche, le bassiste Paul Braadvraat annonce le dernier morceau avec d’énormes guillemets qui ne trompent personne, avant que le groupe ne lance "Vulgaris Magistralis", reprise attendue avec impatience par les fans qui lançaient depuis un moment les « aouh » du refrain et peuvent enfin s’en donner à cœur joie.

Un dernier morceau, avec "Nehalennia", et le groupe quitte la scène. Si Heidevolk n’a pas pour l’instant le niveau pour entrer au Panthéon du folk metal, le groupe assure en tous cas une prestation réussie et se sort avec les honneurs de ce statut de tête d’affiche improvisée.

 

Setlist
•  Ontwaakt
•  Ostara
•  A Wolf in My Heart
•  Einde der zege
•  Onverzetbaar
•  Yngwaz' Zonen
•  Britannia
•  Winter woede
•  Naar de hal der gevallenen
•  Urth
•  Een Geldersch lied
•  Hulde aan de kastelein
•  Tiwaz
•  Saksenland
•  Dondergod
•  Vulgaris Magistralis (reprise de Normaal)
•  Nehalennia

Photos : Hasna Ben Brahim (Hasnanonyme). Toute utilisation interdite sans autorisation de la photographe.

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