Kevin Stout, chanteur de Insanity Alert

"Bonjour, Je m'appelle Mireille !"

Insanity Alert débute ce soir sa tournée 2019 au Cirque Electrique. Peu avant le début des concerts, nous avons évoqué avec Kevin Stout la sortie de l'album 666-Pack et les nouveautés qui viendront émailler la tournée, en particulier la prestation très attendue le dimanche 21 juin au Hellfest.

Aujourd'hui, c'est votre premier concert depuis la sortie de l'album 666-Pack le 25 janvier. Comment vous sentez-vous ?

C’était le premier en France. On a fait cinq concerts auparavant, en Allemagne, en Autriche et en Suisse. On a fait plusieurs concerts avec Space Chaser, un groupe de Berlin et les Belges de Toxic Shock. Mais bien sûr, on aime revenir à notre endroit préféré qui est la France, c’est vraiment le pays où on préfère jouer et on est très heureux d’être là pour quatre concerts.

On vous a vus au festival In Your Face rejoindre Verbal Razors sur scène. On vient d’apprendre qu’ils ne joueront pas ce soir. Sais-tu pourquoi ?

Non, je ne sais pas. Mais je pense qu’ils joueront demain à Rennes. Je ne sais pas du tout pourquoi ils ont annulé aujourd’hui. On jouera aussi ensemble au Hellfest. Le festival In Your Face, ça a été une très belle journée de célébration du crossover thrash avec Municipal Waste.

Quels sont les premiers retours sur l'album ?

J’essaye de ne pas lire trop de chroniques. Les retours que j’ai proviennent des gens qui s’intéressent au genre de musique qu’on fait et ces retours sont bons, tout le monde nous dit avoir aimé l’album.

Et vous, que pensez-vous de l'album ? Quels sont vos titres préférés à jouer ?

On joue à peu près cinq titres du nouvel album sur un set de dix morceaux et c’est un peu difficile à dire. Certains titres du dernier album ne sont pas très longs comme tu as pu le remarquer mais on essaye de mixer tout ça. C’est un challenge parce qu’on a maintenant trois albums et tous les albums ont au moins quinze à vingt-et-une chansons alors on a toujours du mal à choisir. Mon titre préféré est probablement "All Mosh/No Brain". C’est pour cela qu’on en a fait un single. Ce titre représente bien le concept de Insanity Alert. Pas facile de choisir, mais "Skull Crushing" est aussi un bon morceau. Pour nous c’est un peu plus lent que ce qu’on joue par ailleurs, mais on a voulu tenter ça parce qu’on aime vraiment le metal. On est toujours poussés naturellement vers le punk hardcore mais les autres gars sont metal à fond. C’est difficile à dire, je les aime toutes.

Ressentez-vous l'intérêt grandissant autour du groupe ?

Oui, beaucoup. Et pour moi c’est vraiment spécial parce que je joue dans des groupes depuis vraiment longtemps. J’adore jouer avec le groupe, ceux sont mes meilleurs amis. De voir les gens continuer à venir de plus en plus nombreux à nos concerts alors qu’on est un peu différents de la plupart des groupes de punk et de metal, c’est cool. On est juste des gars heureux de faire ce qu’on fait. Chaque semaine ou chaque mois, on s’en va faire des concerts et pour nous, c’est comme si on allait voir des potes. Ce soir, on retrouve des gens qui s’amènent avec de la bière et qui viennent pour échanger et passer un bon moment avec nous. C’est comme ça tous les soirs, on est attendus à Rennes, à Liévin, c’est vraiment super spécial pour moi.
 


Il y a des covers, parmi des titres classiques du groupe, mais aussi des titres plus structurés.  Insanity Alert semble asseoir son identité. Cela reflète-t-il une évolution ? Une volonté de changement ?

Non, pas vraiment volontairement en tout cas. Je pense que comme tous les groupes, et on est ensemble depuis huit ans, on ne veut pas écrire le même album à chaque fois. On a évidemment notre idée de départ, avec nos petits plus, notre humour et nos gadgets, tout cela évolue avec le temps. On ne peut pas se contenter de s’éclater sur "Run to the Pit" et d’en rester là.

On la réclamera quand même ! (Rires)

Oui, ne t’inquiète pas on la joue à chaque fois, je l’aime vraiment et c’est l’une des idées de base du groupe quand on a commencé. On était tous assis dans un club, on était allés voir Gotor et Municipal Waste, c’était il y a dix ans, et on se disait ouah c’est excellent et discutant comment y arriver,  on en est venu à notre concept. Ça n’a jamais été réellement un plan bien établi, c’est plus qu’on est comme ça, on aime vraiment les eighties, on aime les jeux vidéo, ça s’est passé comme ça. Avec cet album, on n’a pas essayé de faire quelque chose de différent mais on est un groupe de crossover et crossover pour moi signifie qu’on peut faire tout ce qu’on veut. Aujourd’hui j’écoutais Faith no More, c’est un de mes groupes préférés et je pense que c’est aussi du crossover mais avec des styles différents. L’année dernière on a joué avec Napalm Death et Madball qu’on aime beaucoup et on a fait cet album avec toutes ces expériences et ces rencontres.

Il y a une vidéo sortie sur "All Mosh/No Brain". Y en aura-t-il d'autres ?

Oui, on travaille dessus et on était supposés l’enregistrer en février mais la personne qui travaillait dessus a dû annuler. Ce sera probablement sur "Why So Beerious?".

La couverture de l'album est en noir et blanc. Pourquoi ? Que représente-t-elle ? C'est sorti en vinyle aussi.

C’était mon idée, je suis en permanence en réflexion sur la façon de représenter notre concept. Le premier album avait un artwork très classique dans le style thrash metal et le second était plus le résultat des années passées à partager notre vécu entre nous, comme les lendemains les plus fous avec des tas de couleurs. Là je me suis dit qu’on devait sortir de nos automatismes et on a commencé à en parler avec Mark Riddick. Je le connaissais pour son travail avec beaucoup de groupes de black et de death, il travaille généralement en blanc sur du noir, avec un coté très sombre et j’ai trouvé que ce serait cool. Il a décidé de le faire avec nous et a fait un super travail.

A propos de votre processus d'écriture, cela se passe comment ? Comment travaillez-vous en tant que groupe ?

On ne travaille pas ensemble. Dave, le guitariste apporte les riffs. Ensuite il travaille avec Klemens, le batteur, ils répètent ensemble dans la salle de répète et me donnent les morceaux sous forme de fichiers midi ou mp3 et je commence à travailler. J’ai beaucoup de chansons de coté, de titres dans la tête, une liste de trente à quarante titres que je leur envoie. Parfois j’ai déjà les textes et parfois, ils prennent un titre et je développe autour. C’est un peu bizarre, on ne passe pas des mois et des mois à répéter, on essaye toujours d’enregistrer, de mettre nos idées sur le papier. Par exemple, ce soir en venant ici, quand le chauffeur de taxi nous a conduit à l’hôtel, j’ai pris des notes. Ceux sont les meilleures idées parce qu’elles nous emmènent hors de notre cadre habituel.

Cette première date démarre votre tournée de printemps essentiellement en France. Y aura-t-il d'autres dates ajoutées ?

On est pratiquement complètement bookés jusqu’en août avec évidemment le point d’orgue sur la Mainstage du Hellfest en juin. Après, on va jouer aussi à l’Obscene Extreme fest en république Tchèque, au Dokkum Open Air, un super festival au nord des Pays-Bas, et aussi au Antwerp Metal Fest en Belgique … ça va être une belle saison de concerts et de festivals.

Sur Bandcamp vous mentionnez deux dates au Hellfest... Vous jouez aussi le samedi ?

Non, c’est une erreur, c’est Season of Mist qui gère notre Bandcamp

Je commençais à espérer un show spécial d’Insanity Alert au Klub, dommage...

Bonne idée ça, demande à Alex, s’il est partant, nous aussi haha
 


Le sumo est-il de la partie ? Et les pinces de homard ? Y a-t-il des surprises ? De nouveaux accessoires ?

Non le sumo, malheureusement, est mort et enterré. Il est mort pendant un concert avec Municipal Waste en Italie. Il y a toujours le homard et les accessoires habituels. Il y a également beaucoup de nouveautés, quelques nouveaux accessoires. On est toujours en train de peaufiner ça. Je réserve pour le Hellfest l’apothéose des bizarreries de mon cerveau pensant. Là on aura toutes opportunités pour livrer un combat total.

La journée entière du dimanche est dédiée au thrash metal sur la MS2. Vous allez jouer aux alentours de midi. Ça fait quoi de jouer avec Municipal Waste, Slayer, Testament, Anthrax, Lamb of God ?

La dernière fois au Hellfest, on avait joué aussi dans ces eaux-là vers midi, une heure. Quand on a vu qu’on allait partager la scène avec Anthrax, Testament, Slayer et Municipal Waste, pour quatre gars comme nous, l’un venant de Hollande et les trois autres d’Autriche, ça fait très bizarre. Quand des choses comme ça arrivent, ça te laisse sans voix. On parlait tout à l’heure des retours du public, de leur réaction, on rencontre de plus en plus de gens qui aiment ce qu’on fait, et je ne suis pas le genre de gars qui perd son temps dans des trucs négatifs. Je sais bien que nous ne sommes pas le groupe le plus innovant mais on fait notre truc et il n’y a pas tant que ça de groupes en Europe en ce moment qui font ce que fait Insanity Alert. Alors d’être invités au Hellfest sur la Mainstage, c’est tellement appréciable qu’on ne sait pas quoi dire, c’est fantastique, carrément une bénédiction.

Vous tournez à travers l'Europe depuis huit ans, essentiellement en France, en Allemagne et en  Autriche avec beaucoup de succès en France. Par exemple, aux vingt ans de Garmonbozia, le public était déchaîné. Comment expliques-tu cela ?

Ah oui, c’était dingue. On roule onze heures pour arriver au concert, et quand on arrive, les gens sont à fond, et on fait connaissance, on fait la fête avec eux, on boit un coup et on se fait de nouveaux amis, c’est juste génial. Je ne sais pas, non je ne l’explique pas. Depuis le début il se passe quelque chose de particulier avec la France. A chaque fois c’est pareil. Je me souviens du Motocultor, l’Extreme fest … On tourne pas mal en France, on a fait pas mal de festivals. En général, ceux sont plutôt des groupes américains qui sont invités, mais en France c’est différent. Les gens viennent nous voir, je crois que la France est un bon pays pour le crossover, les gens sont ouverts à différents styles. Ils ne sont pas focalisés sur un style, seulement du death metal ou du hardcore. C’est très positif.

Je suppose que vous avez envie de tourner dans le monde entier. Avez-vous des opportunités de ce sens ?

En fait, on vient d’avoir la confirmation qu’on va jouer en Asie en octobre. Je suis déjà allé au Japon avec d’autres groupes et je pense que Insanity Alert au Japon, ça va être une rencontre magique. On est en discussion avec des promoteurs pour jouer à Singapour et Hong-Kong, aussi vers fin octobre.


Votre logo est un clin d'œil amusant à DRI. Vous les connaissez ? Vous êtes amis avec certains groupes ?

Ah oui avec les skis ! C’est une idée de Dave. Oui on a joué une fois avec eux à Paris et une autre fois à Rotterdam, ma vieille ville natale. C’était drôle de voir Mike avec un t-shirt d’Insanity Alert sur scène, ceux sont un peu des héros pour nous. On ne connaît pas forcément les groupes les plus connus, mais on connaît aussi un peu Municipal Waste, Iron Reagan. Joe de Toxic Holocaust a fait le mastering de notre album.


Après huit ans, vous semblez avoir toujours beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Quel est le secret ?

En fait on a un nouveau bassiste à chaque fois grâce à quoi on s’éclate toujours autant. Quand on sent que ça commence à devenir vraiment merdique, on change de bassiste et c’est reparti. On a déjà fait ça quatre fois et ça marche. (rires)

Vous ne voulez pas parler de politique mais la frontière est ténue non ? Vous pensez quoi de ce qui se passe en France avec les gilets jaunes ?

Ça ne se passe pas seulement en France. Malheureusement, cela se passe aussi dans toute l’Europe de l’ouest. Je peux en parler parce que je viens de Hollande et je vis maintenant en Autriche et que je suis proche de l’Italie. C’est un problème, je pense que le plus gros problème, c’est qu’il n’y a plus d’empathie. Les gens ne pensent plus, ne s’intéressent plus aux autres. Cela interroge nos croyances, on peut toujours parler de capitalisme, de socialisme, mais au final, le vrai problème se ramène aux gens. Beaucoup d’opinions politiques aujourd’hui ne sont plus d’époque. Le marxisme est né dans une époque où le monde était différent. On vit dans un monde globalisé maintenant, industrialisé, où les gens ne réfléchissent plus en termes d’humain. Et ça, cela conduit aux migrants, aux réfugiés, à la terreur. C’est triste et je ne vois pas comment cela va changer. La seule chose que l’on puisse faire nous, en tant que groupe c’est de dire : "ok, Il faut arrêter de juger les autres et les considérer pour ce qu’ils sont". Peu importe d’où tu viens, qui tu aimes, à quoi tu crois. L’important est prendre position dans l’esprit des autres et respecter cela, c’est un gros problème quand c’est négatif. Il ne faut pas être contre, ce n’est pas bon, il faut être pour quelque chose.

A travers votre musique, n’est-ce pas une réponse à cela ?

On aime danser et faire la fête mais ça n’empêche qu’à travers mes textes, je veux amener les gens à penser par eux-mêmes, à ne pas être tout le temps en colère. Quand on cesse de haïr les gens, les choses deviennent plus simples. C’est un peu hippie ce que je raconte, mais ce n’est pas du genre Kumbaya et embrasse le monde, c’est plus du style "tu n’as pas à aimer ma musique nécessairement, mais si tu me laisse jouer ma musique, toi tu as la liberté de faire ce que tu veux". Pour moi, c’est une question de liberté et de respect.

Il vous a fait quoi David Guetta ? Sérieusement il symbolise quoi ? Cristallise quoi ?

En fait, je discutais un jour de Marc Dutrou avec les gars. On était dans la voiture et je demandais pourquoi ce gars était toujours en vie, il a pris la vie de très jeunes filles et a ruiné la vie de leurs familles. Comment était-il possible que quelqu’un ne se dise pas : "ma fille est foutue de toute façon, je vais prendre une arme et le tuer". Et c’est parti sur David Guetta, plein de gens disent ne pas l’aimer et en même temps, il est très populaire. D’un autre coté, quelqu’un a tué John Lennon. Mais je suis content pour David Guetta qu’il soit toujours en vie. (Rires)

Un dernier mot pour les fans ?

On aime nos fans, beaucoup. Je suis super content de faire partie du groupe Thrash em All. Je me suis présenté au groupe en tant que Mireille alors bons baisers à tous de Mireille !.

Interview réalisée le 13 Mars 2019 par SAMM
Photos : © 2019 SAMM
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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