Immolation au Hellfest 2019

Dimanche 23 Juin 2019 - Altar - 17h40

Immolation

Anthologie du sacrifice : Le chatiment des ténèbres

Avec plus de trente années passées au service du death metal et pas moins de dix albums, Immolation a su rester lui-même malgré la rude concurrence qu’ils ont eux-mêmes engendrée. Le death américain est particulièrement bien représenté cette année avec Cannibal Corpse, Devourment ou Deicide et surtout Possessed qui fut une influence majeure pour les vétérans d’Immolation. Après une longue absence, cette année le groupe a repris la route pour une tournée mondiale passant à nouveau par la France au mois de novembre.

Les mains levées, le public accueille le groupe qui entame "Destructive Currents"  avec un excellent son et la voix rugueuse et saccadée de Ross Dolan. La setlist du jour fait la part belle à l’excellent dernier album. "Kingdom of Conspiracy" plonge l’assemblée dans le chaos quand le flot de haine récurrent qui se déverse inlassablement  comme une lave en fusion, vire au sentiment de persécution. L’instrumentalisation conduit à la guerre et Robert Vigna fait corps avec sa guitare qu’il brandit comme une arme et va au contact du public, comme possédé.

La section rythmique puissante de Steve Shalaty  et les riffs discordants et très techniques sur "Father, You're Not a Father" ne rebutent personne, au contraire. Le rythme se fait plus lent, plus lourd et ça groove. Les mots de Ross sont dramatiques. Le regard dur empli de colère noire, il accuse, dénonce, porte les mains à son cou, simulant l’étranglement et les riffs volcaniques semblent accompagner le criminel vers l’échafaud. L’atmosphère est de plus en plus lourde et d’une froide brutalité. C’est saisissant.

Pas de répit avec "The Distorting Light", le rouleau compresseur américain assène un death metal proche de Cannibal Corpse, sombre et chaotique. A l’heure où les diables deviennent des dieux, la vérité s’évanouit dans l’obscurité. Dans un volte-face toujours empli de rage, Ross poursuit la dénonciation systématique des bras armés de l’enfer rompus à la manipulation des masses et provoque le public qui headbangue malgré la chaleur comme pour échapper à la terrible fatalité. De "Swarm of Terror" à "Fostering the Divide" jusqu’à "A Spectacle of Lies", toute l’oeuvre d'Immolation est tournée systématiquement sur la rébellion, la rage folle d’un constat hyperréaliste de destruction que seul un travail acharné, fait de sobriété et de détermination, peut combattre. Les qualifier de professionnels du death metal est un euphémisme. Immolation revisite inlassablement le genre comme pour mieux le consolider, le transcender, et inspire le respect.

La longue chevelure de Ross court sur ses bras et cette vision troublante entre en résonnance avec "Lower", rare moment où les mots bien distincts décrivent des émotions à la première personne, la haine de soi et le nihilisme. Un regard échangé, un sourire désabusé, la communication est en stand-by notamment chez Alex Bouks, le regard perdu dans le vide, il semble totalement absent à ce qui l’entoure.

Titre phare issu du premier album, "Immolation" a été réenregistré en 2016 et inclus dans le dernier opus. La lourdeur du death old-school progressif des premières heures envahit l’Altar. La guitare de Robert Vigna s’affole, soutenue par une batterie hypnotisante. Malgré la chaleur, le public est embarqué. Sur "When the Jackals Come", dernier titre du set, il est en lutte permanente avec sa guitare comme si elle était possédée par les fantômes du désordre, attendant la moindre défaillance pour prendre le pouvoir. Mais les musiciens, rodés à cette confrontation depuis toujours, sont passés maîtres dans l’art de repousser les prédateurs. Les musiciens saluent le public, heureux d’avoir su mobiliser les dernières forces des festivaliers par un excellent concert très applaudi.

Setlist :
Destructive Currents
Kingdom of Conspiracy
Father, You're Not a Father
The Distorting Light
Swarm of Terror
What They Bring
Fostering the Divide
World Agony
A Spectacle of Lies
Lower
Immolation
When the Jackals Come

Photos : © Julie Warnier / Draksmoon 2019 
Toute reproduction interdite sans l’accord de la photographe.

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