Leprous – Pitfalls

Après cinq albums variés, Leprous revient pour un sixième opus qui, avant même sa sortie, fait déjà grand bruit dans le monde du prog metal ... Ou plutôt dans le monde du prog tout court car ceux qui se sont penchés sur les singles parus pour promouvoir l'album, ont découvert un Leprous qui a fini d'achever sa transformation, déjà opérée depuis un certain temps et accélérée avec Malina : ils sont devenus un groupe de prog qui fait de la pop ! Cela n'était plus arrivé depuis... pas si longtemps finalement avec Steven Wilson et son polémique To the Bone. Et Leprous a décidé de tenter l'expérience à fond avec Pitfalls. Pour le meilleur ou pour le pire ?

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Les adeptes du Leprous old school, celui qui accompagnait Ihsahn en tournée, qui citait Behemoth et qui utilisait des guitares, seront prévenus. Vous n'aviez pas aimé l'orientation plus pop de Malina, alors passez votre chemin ou alors écoutez directement la dernière piste de l'album (que nous ne manquerons pas d'aborder plus tard dans la chronique, faisons un peu de suspense).

Dès le premier morceau "Below", les Scandinaves distillent un pop prog avec des claviers tendance new wave à la Depeche Mode puis passent à une ambiance plus trip hop avec une rythmique très urbaine à la batterie. On comprend pourquoi le groupe a repris "Angel" de Massive Attack. L'influence de ces derniers est plus que présente et on la retrouve en fil rouge tout au long de l'album comme sur "I Lose Hope" avec ses arpèges électro ou encore avec "By My Throne" et sa rythmique hypnotique servie par une batterie subtile, une grosse basse au synthétiseur et un ensemble de cordes sublime.

Parlons-en d'ailleurs de ces violons qui seront plus que présents sur tout l'album tour à tour symphoniques ou plus urbains, se payant le luxe d'éclipser la guitare. On se croirait dans une BO de "James Bond" à la fin de "Below" ou dans une atmosphère plus douce dans "At the Bottom".

Un album donc electro pop pour la plupart du temps avec un grand gagnant : Einar Solberg, qui brille tout d'abord par son travail aux claviers qui donne une véritable direction à l'album et qui est une vraie prise de risque. On retrouve également son empreinte vocale proche de Tom Chaplin de Keane ou de Ross Jennings d'Haken. Que dire de ce crescendo sur "Alleviate" où Einar navigue dans une atmosphère feutrée proche de "Frozen" de Madonna. Sa technique vocale du falsetto imprime clairement l'album et il faudra attendre le dernier morceau pour avoir un chant plus sombre et plus intense.
Alors forcément avec un Einar omniprésent, ses compères à la guitare sont clairement relégués au second plan (voire même au vingtième plan). Il faut attendre "By My Throne" pour qu'elles réapparaissent clairement dans le mix et patienter jusqu'au huitième morceau pour avoir un vrai titre heavy : "Foreigner" sera la seule composition efficace de l'album sur le plan metal puisqu'avec ces trois minutes et ses synthés mis de côté, Leprous a du faire plus concis.

Le seul problème c'est qu'à force de vouloir assumer sa prise de risque, le groupe en arrive à composer des morceaux assez similaires, bien ficelés certes mais toujours avec la même formule, surtout lors de la première moitié de l'album. "Below", "I Lose Hope" et "By my Throne" sont largement interchangeables et "Observe the Train", sorte de "Sing for Absolution" de Leprous souffre d'un placement hasardeux. En effet : pourquoi avoir mis un morceau plus calme en troisième position alors que l'album n'avait pas encore décollé. "Distant Bells" autre ballade très incantatoire, est plus judicieusement placée : sorte d'avant propos avant la pièce de choix "The Sky is Red".

Il est intéressant de noter que dans un album résolument pop, Leprous ait décidé de pondre ce dernier morceau de plus de 11 minutes, ce qui n'était pas arrivé depuis "White", paru sur le premier album Tall Poppy Syndrome. Et quel morceau ! Empli d'une atmosphère pesante et glauque, les Scandinaves reviennent enfin à ses premières amours avec des rythmiques très syncopés et des accords prog. Le morceau composé en deux parties se termine par un thème assez malsain qui va être travaillé et enrichi petit à petit à la façon d'une jam ou d'un morceau de techno. On comprend aisément pourquoi il est placé en fin d'album tant il diffère du reste de l'opus.

Leprous prend des risques et assume sa direction musicale. Tant mieux ! Mais attention à ne pas trop se perdre dans un style au risque de déplaire à une certaine fan base qui pourra quand même se consoler sur la fin de l'album plus intéressante que la première partie, qui, une fois la surprise digérée, tourne un peu en rond. A voir donc comment Leprous va évoluer : poursuivre ces expérimentations du côté de Massive Attack et de la pop ou alors revenir vers quelque chose de plus sombre.

Sortie le 25 octobre chez Inside Out.

Tracklist : 

1."Below"
2."I Lose Hope"
3."Observe the Train"
4."By My Throne"
5."Alleviate"
6."At the Bottom"
7."Distant Bells"  
8."Foreigner"  
9."The Sky Is Red

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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