Le LADLO fest est une grosse release party dans le sens où tous les groupes qui vont monter sur scène présentent pour la première fois des titres issus de leur prochain album ou EP à paraître sur le label Les Acteurs De L’Ombre Productions.
Il est 14h45. Malgré les transports parisiens difficilement utilisables en cette période de revendications pour le (sombre) futur des retraites, une petite foule commence à s'amasser en attendant l'ouverture des portes qui aura lieu un petit quart d'heure plus tard.
MUR
La salle se remplit petit à petit, et contrairement à ce qu'on pouvait craindre au vu de l'heure et des conditions de circulation, Mur joue devant un public, certes encore clairsemé, mais néanmoins venu en nombre.
La jeune formation française, ayant récemment sorti son premier album judicieusement nommé Brutalism, se lance à corps perdu dans un concert qui fera la part belle aux ambiances lumineuses sombres et aux montées d'adrénaline soudaines. Le post-black metal du groupe expérimente en virevoltant autour d'influences indus et hardcore. L'ensemble est clairement réussi, même s'il est difficile d'être original dans ce style quand on pense aux nombreuses formations qui se sentent en symbiose avec cet ensemble de cris déchirants, de guitares stridentes et de ralentissements éthérés, ou plutôt torturés. Quoiqu'il en soit, l'ensemble est convaincant, même s'il partage la salle entre ceux sensibles aux voix hardcore et ceux qui ne le sont pas.
En tout cas, tout le monde est intrigué par le show et Mur reste dans la ligne droite des "découvertes à suivre" du label organisant la soirée. Les Acteurs de l'Ombre sont partout, et ne se cachent même plus, avec un véritable mini-fest qui tombe à pic en ce mois de décembre !
MOONREICH
Égal à lui-même, Moonreich est là pour tout détruire sur son passage. Dans des contre-jours inquiétants les musiciens ne sont pas là pour faire de la figuration.
La musique est toujours aussi brutale, ils ont l’art de nous envoyer leurs riffs en pleine figure sans concession. Les nouveaux titres se mêlent à la setlist sans que cela ne nous dérange pendant que le pit rentre en ébullition. Rapidement les corpse paints commencent à couler. La salle prend rapidement 2°C de plus. Le chanteur toujours possédé se tient toujours sur le devant de la scène accroché à son pied de micro. Ce qui est intéressant et parfois déconcertant avec les membres de Moonreich, c’est leur facilité à pouvoir sortir un break très calme voire planant après des passages aux riffs agressifs.
NUMEN
Les Basques de Numen jouent un black metal puissant avec des morceaux qui ne laissent pas insensible. Le chanteur est possédé et s’investit grandement sur le devant de la scène. Il vit ses paroles comme si c’était son dernier jour en tendant les bras et en implorant ses démons. Le groupe n’est pas à ses premiers méfaits et existe depuis déjà plus de vingt ans. Il est donc très agréable de pouvoir enfin le découvrir en France.
BELENOS
À La Grosse Radio, nous avons souvent croisé Belenos lors de concerts ou de festivals comme le Cernunnos, le Hellfest, le Beermageddon ou le Motocultor. C’est une formation qui force le respect par sa discographie et ses prestations et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer. C’est toujours aussi carré. Loïc Cellier et ses compagnons savent mettre leur univers musical en valeur assez rapidement pour nous ouvrir le paysage sur des landes froides et brumeuses.
Les morceaux s’enchaînent parfaitement sans même que l’on sente le temps passer. Les mélodies et l’ambiance toujours aussi bien équilibrée entre un côté black metal impulsif et des sonorités plus païennes proche de la nature nous permettent de rentrer très rapidement dans leur univers épique et singulier.
PENITENCE ONIRIQUE
Le côté théâtral de Pénitence Onirique possède quelque chose de mystérieux.
Les musiciens arrivent sur scène cachés derrière leur capuche avec un masque doré orné d’une sorte de corne en bois. C’est vrai que visuellement ça a de l’allure. Leur black metal assez aérien a de quoi hypnotiser la foule. Les lumières tamisées siéent particulièrement bien à la musique et à l’ambiance dégagée par les mélodies oniriques de la formation. Les trois guitares permettent de proposer à l’auditoire des nuances encore plus perceptibles. Le chanteur Diviciacos est impressionnant, il a du charisme et partage son enthousiasme avec le public. Sa puissance vocale nous dégage les conduits auditifs.
L’épaisseur musicale et son ambiance très noire nous emmènent dans nos pires cauchemars bien que l’on passe un très très bon moment à l’écoute des Français.
SETH
Pour clôturer la soirée c’est un beau cadeau juste avant Noël que nous offrent Les Acteurs De L’Ombre. En effet à l’occasion de la sortie de son dernier album live Les blessures de l’âme 20 ans de blasphème, Seth va nous sortir une magnifique prestation. Pour fêter la sortie de cet album enregistré lors du festival Les Feux de Beltane en mai 2019 et pour honorer les 20 ans la version studio (on retrouvera sur scène 20 bougies), celui-ci va interpréter sur scène son incontournable album sorti deux décennies auparavant.
La performance live est soignée et millimétrée avec un décor magnifique afin que l’on puisse encore plus se plonger dans la musique des Bordelais. L’ambiance est lourde, pesante. Les mélodies nous transportent très loin dans nos plus lointains souvenirs. Le son est excellent et le décorum parfait. Le black metal du groupe n’a pas vieilli et les compositions toujours aussi finement ciselées s’expriment d’une façon encore plus fine sur scène. On ne s’ennuie pas un instant à l’écoute de l’album titre après titre. C’est un beau cadeau que l’on ouvre tout doucement en tirant sur la ficelle et en ouvrant légèrement la boîte pour apprécier encore plus les mélodies qui s’offrent à nous.
Avec un beau catalogue aussi bien fourni et varié, Les Acteurs de l'Ombre peuvent se permettre d'organiser un festival qui attire de nombreuses personnes juste avant Noël. On espère tous que Black Papa Noël Metal et son traineau rempli de groupes repasseront l'année prochaine.
Lionel / Born 666 & Thomas Orlanth (pour Mur)
Photos : © 2020 Thomas Orlanth & Lionel / Born 666
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