Psychonaut – Unfold the God Man

Psychonaut frappe fort avec son premier opus, Unfold the God Man, sorti chez Pelagic Records. À travers ce concept-album, le trio belge fait découvrir la puissance de son univers post metal psychédélique, tout en proposant à l'auditeur une quête spirituelle, philosophique, et existentielle. Pari ambitieux pour un premier effort ... 

 

Le sympathique collectif originaire de Malines, au nord de Bruxelles, n'en est pas à ses premiers pas. Depuis 2013, Psychonaut a déjà sorti deux EP et a surtout acquis une solide expérience en live, écumant les petites salles de Belgique et d'ailleurs, mais aussi les scènes internationales ou les festivals renommés comme l'Alcatraz.

Héritiers des voyageurs des années 1960-1970 qui cherchaient à Katmandou une autre vérité, influencés par la spiritualité et l'étude des différentes religions ou civilisations anciennes, les membres de Psychonaut entament dans Unfold the God Man une quête, intérieure et personnelle : celle du pouvoir qu'a l'homme de s'élever pour atteindre un autre niveau de conscience intérieure.

Il suffit d'écouter l'étrange piste d'ouverture étrange, l'instrumental "All I Saw As A Huge Monkey" pour découvrir que nos hippies des temps modernes ne parlent pas le langage des fleurs, loin de là. La langue de Psychonaut, c'est le riff, posé en énormes couches prenantes et enveloppantes. À la guitare, Stefan De Graef crée une montée en intensité impressionnante, portée par une rythmique redoutable et le groove imparable de la ligne de basse de Thomas Michiels.

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Jouer avec les nuances et les contradictions, voilà le pari que semble s'être lancé le trio en alliant riffs dévastateurs et lignes vocales riches, variées et harmonieuses. Le très bon single "Kabuddah" illustre ce talent qu'a Psychonaut d'atteindre des sommets par la lourdeur. Un son dense, des riffs énormes, des subtilités rythmiques jusqu'au tempo ralenti dans l'outro, et on se fait littéralement écraser par ce morceau, par ailleurs le plus court, et de loin le plus efficace de l'album. Le scream de Stefan et le chant clair de Thomas se complètent dans la force et la subtilité, pour une mélodie singulière mais accrocheuse.

La force et l'originalité de Unfold the God Man vient de la synthèse bien réussie des sonorités psyché voire stoner, et des compositions modernes et subtiles post metal. Il y a toujours un petit "twist", une surprise au détour d'un bridge ou dans une ligne vocale. Psychonaut, avec pas mal de maturité et de maîtrise, manie nuances et influences, et prouve que des contrastes et des variations peuvent surgir la lumière. La mélancolie du chant clair et des passages sombres tutoient le doom avant d'être renversés par l'invasion des riffs monstrueux, comme dans le superbe "The Story of Your Enslavement". Sur le titre long et complexe "Sananda", difficile d'imaginer que le début quasiment mystique va laisser place à un solo de guitare et un passage heavy redoutable qui fleure bon le vintage à la Pink Floyd ou Black Sabbath. Il faut noter que le son psyché - vintage caractéristique de l'album a été soigné par la solide production de Chiaran Verheyden. 

Dans ce premier opus, Psychonaut réussit un coup de maître (yogi), celui de l'audace du mélange des genres et de la cohérence du concept album. La forme et le fond fusionnent sur l'irrésistible "Celestial Dictator", qui s'ouvre sur du chant diphonique tibétain, introduction ritualistique curieusement parfaite pour annoncer le voyage prog et psychédélique qui s'ensuit. Le côté old school des riffs pachydermiques se fond dans un refrain atmosphérique éthéré, lui-même perturbé par les hurlements déments de Stefan.

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L'écoute de Unfold the God Man offre une belle moisson de morceaux incisifs et extrêmement travaillés, ce qui est compréhensible quand on sait que Psychonaut a mis trois ans à écrire et affiner ses compositions. Rien n'est laissé au hasard, et la complexité des morceaux, l'habileté des transitions, témoignent d'un talent indéniable. Oui, mais voilà ...

Ça et là arrivent des morceaux dispensables et surtout très longs, ou trop longs, selon les sensibilités. La mélodie est intéressante dans "Nexus", tout en montée en puissance, mais cela semble presque une redite. Les presque neuf minutes de "The Fall of Consciousness" se veulent sûrement nécessaires pour ce titre hypnotique et grungy, mais peuvent sembler pesantes, quant à la piste de conclusion de l'album, longue de plus d'un quart d'heure, "Nothing Is Consciousless", elle finit par tomber dans les travers du morceau bien construit, plein de passages agréables aux influences variées, mais lassant à la longue.

Il y a en effet plus d'une heure dix de musique dense, explosive et complexe sur Unfold the God Man, ce qui n'effraiera sûrement pas les amateurs de post metal intense à la recherche d'une expérience autant spirituelle que musicale. Un peu plus de concision aurait pu servir cet album en concentrant l'auditeur sur cette expérience de voyage symbolique, sans le perdre.

 

Tracklist Unfold the God Man : 

1. All I Saw Was a Huge Monkey (06:46)
2. The Story of Your Enslavement (04:42)
3. Kabuddah (05:46)
4. The Fall of Consciousness (08:52)
5. Sananda (09:49)
6. Celestial Dictator (06:33)
7. Halls of Amenti (06:15)
8. Nexus (04:55)
9. Nothing is Consciousless (15:39)

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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