Eluveitie – Ategnatos

Après un changement important de line-up et un album semi-acoustique diversement apprécié par les fans, les Suisses les plus célèbres du metal sont revenus en 2019 avec un album semblant prendre l’exact contrepied de son prédécesseur. Retour sur le dernier disque de l’une des figures de proue majeure du folk metal.

En 2017, avec une équipe largement remaniée, Eluveitie sortait Evocation II – Pantheon, un album acoustique faisant écho à un précédent album débranché du groupe, Evocation I – The Arcade Dominion, sorti en 2009.  Si de nombreux fans avaient été conquis par cette autre facette du groupe, une part non négligeable l’avait boudé, ne goûtant guère le dépouillement et la quasi absence d’éléments metal.

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Les Helvètes se sont-ils mis en tête de reconquérir coûte que coûte ces fans-là ? C’est la forte impression laissée par Ategnatos : si le début du titre d’ouverture éponyme, tout en violon, en chœurs et en flûte, pourrait faire la liaison avec l’opus précédent, tout le reste de la chanson et de l’album donne l’impression de vouloir démontrer qu’Eluveitie est un groupe de melodeath avec des influences folk, et non pas l’inverse.

On pourrait croire que le groupe revient à ses racines avec une composante death et black très présente, en réalité il donne même l’impression d’aller plus loin. Le growl, le grunt, le scream, bref toutes les formes possibles de chant crié sont omniprésentes, Chrigel Glanzmann s’en donnant manifestement à cœur joie. Les guitares de Simeon Koch et Jonas Wolf enchaînent les riffs saturés sur des sonorités souvent extrêmes, la batterie d’Alain Ackermann rivalise de rapidité et de violence, la basse de Kay Brem renforce encore la densité et la violence de l’ensemble.

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Ceux qui apprécient surtout Eluveitie dans ses aspects les plus calmes passeront leur chemin, ceux qui espéraient un retour bourrin seront servis. Techniquement, il n’y a rien à redire, le groupe sait ce qu’il fait, c’est très bien exécuté, et niveau riffs acérés et agressivité, on en a pour son argent. Mais le groupe semble parfois chercher l’extrême à tout prix, d’en faire trop, au prix parfois d’un manque d’inspiration sur certaines parties « death » qui n’échappent pas à une certaine redondance sur certaines chansons. Et cela n’est pas arrangé par la production, certes efficace, mais qui donne un aspect trop massif à l’ensemble, au détriment de nuances pas toujours audibles. Ce n’est heureusement pas systématique, et les guitares s’aventurent parfois vers des sonorités heavy ou power pas désagréables, notamment lors de certains soli (« Black Water Dawn » ou « Breathe » par exemple).

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Pour autant, Eluveitie n’oublie pas la composante folk de sa musique. Flûte et cornemuse (Matteo Sisti), vielle à roue (Michalina Malisz), violon (Nicole Ansperger), harpe (Fabienne Erni) se font toujours autant entendre sur des mélodies souvent d’inspiration celtes. Et les parties mélodiques sont plus entrainantes que jamais, que ce soit sur « The Raven Hill », « Ambiramus » ou « The Slumber » que certains pourront trouver faciles mais qui ont le mérite d’être on ne peut plus accrocheuses. La voix de Fabienne Erni s’est parfaitement intégrée à la musique de la formation, et si elle chante parfois de façon un peu maniérée (« Breathe » est à ce titre assez exaspérante), elle est capable de vraies performances vocales, et possède une vraie complémentarité avec la voix de Chrigel Glanzmann.

Le problème est que parfois l’alternance entre les passages « agressifs » et mélodieux sonne un peu trop automatique : grosse guitare – batterie – chant hurlé sont associés, puis laissent la place à un passage voix claire – instruments folks avec en arrière-plan des guitares beaucoup moins saturées. Cela se remarque particulièrement sur des morceaux comme « Ategnatos » ou « Rebirth » (malgré un travail de guitare assez fantastique sur ce dernier et une voix inhabituellement saturée d'Erni sur le break), et c’est un peu dommage, là où d’autres groupes de folk « extrêmes » arrivent à créer des arrangements et des associations plus inattendues. Là encore, ce défaut ne se retrouve heureusement pas sur tous les titres, et les Suisses arrivent aussi à tisser des arrangements moins mécaniques, sur « Death Walker » ou « Black Water Dawn » par exemple.

S’il n’est pas exempt de quelques défauts, Ategnatos reste tout de même une très bonne sortie des Helvètes. Le déferlement de violence maîtrisé est appréciable pour tous ceux qui cherchent dans le folk metal des contrastes très prononcés, la partie folk n’est pas pour autant délaissée : cet opus solide montre assurément qu’Eluveitie reste le groupe de folk metal par excellence.

Traklist
1) Ategnatos
2) Ancus (interlude)
3) DeathWalker
4) Black Water Dawn
5) A Cry in the Wilderness
6) The Raven Hill
7) The Silvern Glow (interlude)
8) Ambiramus
9) Mine is the Fury
10) The Slumber
11) Worship
12) Trinoxtion (interlude)
13) Threefold Death
14) Breathe
15) Rebirth
16) Eclipse

Sorti le 05/04/2019 chez Nuclear Blast

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Crédit photo: Arnaud Dioniso. Utilisation interdite sans accord du photographe

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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