Chronique The Ghost Inside

Cinq ans après l’accident de tour bus qui a gravement blessé les membres de The Ghost Inside, le batteur Andrew Tkaczyk ayant même perdu une jambe, le groupe revient avec un nouvel album éponyme sorti le 5 juin dernier via Epitaph Records. Aussi, les fans du groupe attendent énormément The Ghost Inside, symbolisant la renaissance des cendres à l'instar d'un phoenix. Une oeuvre qui promet d’être chargée en émotions, toutefois le contrat sera-t-il rempli ?

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Le communiqué du groupe annonçant la séparation avec son bassiste Jim Riley pour des propos racistes, malgré les excuses de ce dernier, vient quelque peu ternir la sortie de ce nouvel opus. Malgré cela, à première vue, le groupe repart sur les mêmes bases que celles de leurs anciennes compositions: un hardcore mélodique d'une efficacité redoutable, avec un groupe remonté comme l'exprime la voix puissante de Jonathan Vigil.

On commence fort avec un titre d'ouverture instrumental, intitulé "1333", qui démarre plutôt calmement, et soudain c'est la guerre. Avec un chant typique hardcore et des riffs lourds, rien de nouveau ne semble ressortir pour l'instant.

Les chansons vont ensuite s'enchainer de manière fluide et linéaire, en conservant la même formule : musique énervée, rythme brutal, mosh parts, refrain catchy que l'on clame naturellement,etc. Tous les éléments indispensables pour que les amateurs du genre y trouvent leur compte sont présents. Mention spécial pour le chorus de "Still Alive" qui reste bien dans un coin de notre tête, en particulier le passage du petit breakdown qui donne toute sa saveur au morceau.

On remarque que certains titres seront plus aux couleurs du hardcore-mélo à tendance metalcore, comme "The Outcast", "Overexposure". Ou encore, "Unseen" avec un petit interlude instrumental clean qui commence à remuer nos petits coeurs. Ce style très intéressant est marqué par le contraste entre les notes mélodiques, le chant énervé contrebalancé par une voix plus claire, des passages échauffés clamant la révolte et la colère, en alternance avec des parties plus mélancoliques et empreintes d'émotion. The Ghost Inside conserve donc ce choix de registre qu'il a adopté depuis Get What You Give (2012).

Toutefois, d'autres pistes rejoindront les premières tendances purement hardcore du groupe. On peut citer à titre d'exemple "Make Or Break" et son petit taping de guitare qui retient notre attention, ou bien "Pressure Point" avec un emblème scandé, "Fuck this", qui revient à plusieurs reprises. On aura également les incontournables riffs à l'ancienne, les breakdown basiques, avant de repartir classiquement d'un coup sec, le tout entrecoupé de beats down. 
 
Si la surprise n'est pas au rendez-vous, force est de constater que cet album comporte un titre phare : "Aftermath". Tourné sur les lieux de l’accident, on montre le parcours de la rééducation physique des musiciens, et les images de leurs premiers lives, suite à la tragédie. On est en présence d'une musique qui prend aux tripes, tout comme le chant. En somme un véritable tube! Aucun temps mort, tout est parfait.

Malheureusement, ce titre occulte le reste de l'album. Il est le premier à avoir été dévoilé par le groupe, et tristement c’est le meilleur. On n’a pu qu’être déçu en écoutant l’album après avoir été autant remué par ce premier morceau dévoilé.

Dans l’ensemble, la thématique abordée dans les morceaux fait une nette référence au vécu des Américains : on vogue entre l’obscurité et la lumière, passant du désespoir à l’espoir. Certaines pistes seront plus pessimistes que d’autres, comme  "Pressure Point", d’autres seront empreintes d’une note d’espoir, et dans l’ensemble l’album délivre un message optimiste. Il faut accepter d’être en colère face aux aléas de la vie, ce que le groupe a laissé transparaitre à travers certaines paroles agressives et acerbes. Accepter et exprimer ses ressentiments permettent d’extérioriser le mal pour passer un nouveau cap.

Cet album éponyme, successeur de Dear Youth (2014), constitue la première sortie du groupe depuis le drame de 2015. Faces à ces chansons autobiographiques, les attentes étaient lourdes. C'est pourquoi dans un premier temps, à l’écoute la déception se fait sentir. On est en présence d’un album dans l’ensemble très linéaire musicalement, voire monotone : un opus qui laisse un goût amer compte-tenu des espoirs qui pesaient sur ce nouvel album éponyme, tant attendu par les fans.

Cependant, il faut aller au-delà des notes et des riffs pour percevoir l’émotion brute qui se dégage des titres. Se pencher davantage sur le message, et ce qui nous est raconté. Aller au-delà de la forme et se recentrer sur le fond. En effet, la force de cette œuvre réside principalement dans le contexte qui lui a donné naissance. Ou plutôt, devrait-on parler de renaissance. Ce terme est en effet plus approprié après cet accident marquant les membres à jamais.

Jonathan Vigil a souffert d’une fracture du dos, de lésions ligamentaires et de deux chevilles cassées, il marche encore aujourd’hui à l’aide d’une canne. Le guitariste Zach Johnson a subi pas moins d’une douzaine d’opérations du fémur. Quant à Andrew Tkaczyk, il présente le parcours le plus impressionnant. Amputé d’une jambe, il n’a rien lâché jusqu’à pouvoir retourner jouer sur scène avec le groupe. Avec l’aide de son père, il a créé une prothèse, qu’ils ont appelée « The Hammer », afin de l’aider à retrouver son jeu.

On ne peut qu’être admiratif, et faire preuve d’empathie, face à l’historique du groupe qui revient plus fort que jamais. Aussi, si cet album n’est pas exceptionnel par son contenu peu innovant, il a au moins le mérite, non seulement d’offrir un tube avec "Aftermath", mais encore de montrer que The Ghost Inside n’a rien perdu de sa superbe. Les musiciens restent au niveau de la réputation qui les précède, et après avoir touché le fond, le mérite n’en est que plus grand.

Au final, The Ghost Inside a réussi à sortir un très bon album en restant fidèle à son style, bien que se reposant malheureusement sur ses acquis.

Tracklist de The Ghost Inside  - The Ghost Inside sorti le 5 juin 2020 via Epitaph Records:

01. 1333
02. Still Alive
03. The Outcast
04. Pressure Point
05. Overexposure
06. Make Or Break
07. Unseen
08. One Choice
09. Phoenix Rise
10. Begin Again
11. Aftermath

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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