Chronique : Seether – Si Vis Pacem Para Bellum

Seether sort son huitième album intitulé Si Vis Pacem, Para Bellum ; il s’agit du premier opus du groupe originaire d’Afrique du Sud depuis Poison the Parish (2017). S’étant souvent vu reproché d’être un dérivé de Nirvana, le groupe arrivera-t-il à faire taire les mauvaises langues avec cet album ?

Seether, nouvel album, Si Vis Pacem Para Bellum, 2020, chronique

A l’écoute du premier titre, on se dit qu'on est loin du grunge habituel : pas de musique latente mais un son puissant et énergique ! Avec des passages screamés, accompagnés des phrasés bien lourds et marqués, on sort du côté boueux d’un rock de garage. On sent une influence post-neo metal avec « Dead And Done » qui ouvre le bal dans une ambiance brutale. Dans la même lignée, on adore également les distorsions de « Beg », aussi présentes dans la voix que dans les guitares, le petit « Motherfucker » venant parfaire ce titre qui va rejoindre la playlist des amoureux du genre.

Toutefois, on revient rapidement dans un contexte plus ancré dans le metal alternatif teinté de rock américain typique des années 90. Voix éraillée tout en restant mélodique, riffs basiques mais percutants, le tout dans une noirceur mélancolique ambiante. « Wasteland », « Can’t go Wrong » ou encore « Failure » illustrent bien cette direction empruntée par le groupe.

D’autres pistes plus agressives et abruptes ne sont pas en reste :  « Buried In The Sand » avec un  refrain catchy à souhait, et « Let it go » avec une partie instrumentale bien lourde s'écoutent sans prise de tête. Mention spéciale pour « Liar », riche en nuances : proche de la balade, ce titre détient la recette idéale pour plaire aux auditeurs. On y trouve des couplets calmes, contrebalancés par un refrain un peu plus énervé. La voix se fait plus rauque, les arpèges sont fluides et s’enchaînent, et l’intensité des notes est des plus agréables, en bref une réussite ! On notera que la chanson « Can’t go Wrong », se situant  dans la même veine, est nettement plus fade, et pour le coup ne présente aucun intérêt comparé à l’excellent « Liar ».

 « Drift Away » constitue la vraie balade : guitare en son clair, voix posée et déchirée par la tristesse, criant sa douleur sur la fin. Un morceau parfaitement réalisé qui fait vibrer notre petit cœur d’émotions. On en vient presque à penser que le grunge est bien loin derrière le groupe... Que nenni ! A l’écoute de « Pride Before The Fall » on comprend qu'il n'en est rien avec les accords très simplistes, une guitare saturée et le timbre de voix du chanteur. On identifie même des parties très similaires au célèbre « Come As You Are » de Nirvana.  On continue sur cette voie avec « Written In Stone » empreint de spleen et d’émotion, on est envahi par une angoisse existentielle caractéristique du grunge underground des années 90… Hormis ces morceaux, force est de reconnaître que le grunge n’est clairement pas mis en avant dans Si Vis Pacem Para Bellum.

Un des titres phares sera incontestablement « Dangerous » : avec un aspect dark, il a été l’une des premières compositions dévoilées par Seether avant la sortie de l’album, avec un clip façon conte horrifiques qui est une vraie pépite.

En réalité, le problème de Seether est qu’il est difficile de trouver à ce groupe une identité propre : tantôt assimilé à Nirvana, tantôt à Disturbed ou à Limp Bizkit, on a toujours tenté de faire le rentrer dans une case, sans jamais vraiment y parvenir. Aussi serait-il temps que Seether cesse de vouloir casser l’image d’une pseudo-étiquette qu’on cherche à lui coller en voulant faire primer tel ou tel style. Mieux vaudrait qu’il se consacrer davantage à la recherche d’une authenticité qui lui serait propre et qui ferait taire une bonne fois pour toutes les mauvaises langues.

A force de vouloir mettre en avant un héritage musical, le groupe en oublie d’y apporter une touche innovante, le petit quelque chose de "frais" qui marque les esprits et donne envie d’y revenir. Si Vis Pacem Para Bellum reste malgré tout un disque d’une qualité sonore indiscutable, efficace et bien rodé. Les morceaux sont bons dans l’ensemble, ils s’écoutent facilement et Seether s’éloigne de sa facette grunge. Mais on est encore loin d’être surpris par ses compositions, à l’exception de « Dangerous » qui se distingue des autres…En espérant que le groupe sortira un jour de sa zone de confort pour lâcher le taureau dans l’arène, car nul doute que le potentiel est là.

Tracklist :
01. Dead And Done
02. Bruised And Bloodied
03. Wasteland
04. Dangerous
05. Liar
06. Can't Go Wrong
07. Buried In The Sand
08. Let It Go
09. Failure
10. Beg
11. Drift Away
12. Pride Before The Fall
13. Written In Stone

Seether - Si Vis Pacem Para Bellum tracklist - sorti le 28 août 2020 via Fantasy / Spinefarm

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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