Entretien avec William Lacalmontie chanteur d’Ovtrenoir

A l'occasion de la sortie du premier album d'Ovtrenoir, Fields of Fire, nous avons pu nous entretenir avec son chanteur, William Lacalmontie. Il nous raconte l'enregistrement de ce premier opus opposant la noirceur aux lueurs d'espoirs.

La Grosse Radio : Peux-tu nous présenter Ovtrenoir ?

William : Ovtenoir est un groupe parisien, de proche banlieue et a d’abord commencé en 2013 avec trois membres : Julien à la batterie, Angeline à la basse et moi au chant ainsi qu’à la guitare. Au début, ce groupe n’était qu’un projet instrumental acoustique, et au fur et à mesure des répétitions, on est revenu à nos premières influences qui sont plutôt du côté du post metal. Par la suite en 2015, Dehn Sora est venu enrichir nos rangs à la guitare et a ainsi permis de grossir mes lignes de guitare. Il a apporté plus d’ambiance, de richesse et de mélodies entre nos deux instruments. On a sorti un premier EP en 2016 avec ce line up et en 2019 Olivier s’est rajouté à Ovtrenoir en prenant mon post de guitariste. Cela m’a permis de n’avoir plus que le chant sur scène.

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Quelle a donc été cette transition entre vos débuts de post rock et cette musique désormais tournée vers le post, doom metal aux relents limite black ?

Le premier EP était déjà du post metal en réalité. Il est très monolithique, dense et avec peu de moments de respirations. J’en suis toujours très content, mais le premier single qui a suivi a amené quelque chose de plus mélodique. Ce nouvel album, Fields of Fire, est un pas de plus vers cette volonté de confronter lourdeur et mélodie. Il y a effectivement des influences qui se rapprochent du post black avec des riffs plus dissonants. Cela vient du fait que j’ai lâché la guitare sur scène. Je n’ai plus à me concentrer sur ce détail en plus du chant et je fais confiance à notre dernier guitariste qui apporte cette nouvelle approche black.

Mais d’où vient le nom “Ovtrenoir” ?

Ovtrenoir est un concept développé par un peintre français qui se nomme Pierre Soulages. Au début de sa carrière il utilisait quelques couleurs qu’il a très vite abandonné pour faire des peintures monumentales en n’utilisant plus que le noir. Du noir pur avec des jeux de textures. Ce noir est tellement pur qu’il en vient à refleter de la lumière et de la couleur. Il n’y avait pas meilleure définition pour nous lorsqu’on pensait à nos premiers morceaux et à l’ambiance que l’on voulait donner que cet outrenoir. Une noirceur où l’on va aller chercher des lueurs de lumières et d’espoirs.

En écoutant Fields of Fire, on note quelques ressemblances avec le groupe Regarde Les Hommes Tomber, a t-il été une influence ? D’ailleurs, il se trouve que tout comme ce dernier, vous avez a travaillé avec Francis Caste. Comment s’est passé la production avec lui?

On aime beaucoup ce groupe mais il ne fait pas vraiment partie de nos influences en ce qui concerne la composition. Le travail avec Francis a commencé avant Ovtrenoir, on a eu des petits projets ensemble sur lesquels il était déjà à l’enregistrement ainsi qu’à la production. Il est donc à nos côtés depuis nos premiers enregistrements, c’était le choix le plus évident. La collaboration est hyper naturelle avec lui car il connait très bien ce style et a bossé dans le monde du metal au sens large dans différents genres. S’il fallait faire un rapprochement musical ce serait plutôt avec Hangman’s Chair que RLHT. Les influences black nous viennent d’ailleurs surtout de Dehn Sora qui joue dans Treha Sektor et Throane.

Votre nouvel opus a été composé durant le confinement ?

Non, juste avant !

Plutôt cool alors, vous avez évité cet épisode pas très sympathique !

Et bien nous avons eu la période des grèves des transports (rire). L’album a été enregistré entre fin décembre et début janvier. C’était une période pas marrante non plus mais personne ne se doutait qu’il y allait avoir encore pire par la suite...

C’est certain !

C’est pas le meilleur moment pour sortir un album, en faire la promotion et le présenter en live… On est encore dans l’attente de savoir si notre release party pourra être maintenue ! Néanmoins, on a un concert pour le moment maintenu à Charleroi en Belgique. Outre cela, on est aussi sur un projet de concert acoustique avec un studio de production parisien. Il met en place une plateforme qui va proposer des lives immersifs dans des lieux atypiques. Ca signifie de la vidéo projection et de la création de lumière. Ce sera retransmis en direct en octobre. C’est une super opportunité très logique pour nous puisque la composition a été faite en acoustique et que le groupe devait l’être également. Ca nous a permis de retravailler nos morceaux électriques d’une autre façon et ce concert pourra être très intéressant pour enrichir nos prochains morceaux.

Quel est ton meilleur souvenir de cet enregistrement digne d’un véritable chemin semé d'embûches ?

Voir nos morceaux prendre vie sous nos yeux, coucher des lignes successives et que cet empilement puisse donner quelque chose de concret ! Cela a été un vrai bonheur et une vraie fierté de faire un pas de plus avec ce line up. Nous nous sommes dépassés dans la recherche d’un son beaucoup moins saturé dans la guitare. J’ai aussi pu me dépasser dans les prises de voix qui n’ont pas été forcément évidentes suite à une extinction de voix sur la fin de l’enregistrement. Il a fallu surpasser les limites du corps.

Quel est ton morceau favoris de Fields of Fire et pourquoi ?

J’aime beaucoup “I Made My Heart A Field Of Fire” qui reprend le thème central du feu présent dans le titre, dans beaucoup des paroles et dans la pochette. Je l’aime beaucoup pour plusieurs raisons, il met vraiment l’accent sur cette dualité de noirceur et d’espoir. Il a des passages très intéressants et une dynamique qui me plait beaucoup. Il met également en avant la voix d’Angeline (bassiste) qui lance le riff de fin au chant et c’est quelque chose qu’on avait vraiment voulu mettre en exergue. Je suis très content qu’elle prenne ce dernier riff toute seule au chant.

Vous vous inspirez de thèmes comme la destruction, la renassance de ses cendres, pourquoi avoir choisi ces thèmes là ?

Il s’agit d’un thème qui a effectivement été récurrent durant la composition de l’album, j’ai eu plusieurs influences artistiques, puisées dans le cinéma, la photographie, ou la poésie, qui revenaient sans cesse. Même si le thème du phénix a été adapté de nombreuses fois, ce feu dévorant a été notre fil conducteur. Il est destructeur et violent mais apporte une lueur d’espoir de pouvoir reconstruire sur la terre brûlée et donc d’avancer. Enfin, le reste des thèmes utilisés depuis les débuts d’Ovtrenoir est souvent lié à des angoisses très personnelles, des sentiments d’échecs ou d’abandons.

Pour finir, quels sont les petits futurs projets du groupe ?

On a un projet de petite tournée en Europe de l’est qui j’espère sera maintenue en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. il s’agirait d’un tour entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.

Des dates très intéressantes pour un groupe français !

C’est très intéressant d’aller jouer là-bas, le public est très demandeur de ces musiques un peu intenses et sombres. Enfin, pour la France c’est encore en travail, on va voir quelle évolution ça pourra avoir !

  © Photo : David Fitt

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