Loudblast – Manifesto

Malgré une attente de six ans pour découvrir le successeur de Burial Ground (2014), on peut dire que Stéphane Buriez et ses compères n'ont pas chômé. Loudblast a sillonné la France à de nombreuses reprises, réédité son back catalogue, fêté ses 30 ans de carrière ou encore l'anniversaire de Sublime Dementia, sans compter le projet parallèle Sinsaenum, au sein duquel Stéphane Buriez et Frédéric Leclercq collaborent désormais en plus de Loudblast. Avec un line-up remanié, Manifesto est une excellente surprise, qui prouve que plus de 30 ans après sa formation, le quatuor a encore les crocs.

Après l'excellent album de Mercyless plus tôt dans l'année, c'est désormais au patron du death hexagonal de sortir un nouveau brûlot. Et les choses démarrent à vitesse grand V, avec le puissant "Todestrieb". Puissance, c'est d'ailleurs le maître mot de ce manifeste, en tout cas à travers sa première moitié. Si Burial Ground proposait des influences black metal (amenées par le duo Alex Lenormand et Drakhian) et un tempo relativement ralenti, Manifesto est au contraire plein de rage non dissimulée ("Erasing Reality", "The Promethean Fire" et ses backing vocals scandés qui sont taillés pour être repris par le public en live). Buriez propose un chant hargneux qui se mêle à merveille au riffing rentre-dedans qui évoque les grandes heures d'un Disincarnate. A travers la première moitié de l'album, on sent que Loudblast veut revenir à un death plus direct et violent, comme en témoigne "Relentless Horror", le titre le plus court de l'album, qui en à peine plus de deux minutes assène un coup de point magistral à l'auditeur.

D'ailleurs, si l'on pouvait craindre l'absence d'Hervé Coquerel derrière les fûts (c'est Kevin Foley – ex-Benighted- qui remplace le batteur historique du combo, blessé au moment de l'enregistrement), il n'en est rien. En effet, Kevin Foley respecte scrupuleusement le jeu d'Hervé et ne dénature à aucun moment l'esprit Loudblast.

A contrario, la deuxième moitié de l'album se veut plus aventureuse et moins directe à partir d'"Invoking to Justify", dont l'introduction progressive met largement en valeur les parties de basse de Frédéric Leclercq (tout comme l'introduction de "Promethean Fire" où les quatre cordes du bassiste vrombissent à n'en plus finir). De même, les inspirations black metal sus-mentionnées sont toujours présentes sur "Preaching Spiritual Infirmity" (les parties vocales du pont font par ailleurs penser au chant d'Atilla Csihar, compère de Buriez et Leclercq chez Sinsaenum), ou le rampant et malsain "Solace in Hell" (relativement proche de Burial Ground, mais que l'on aurait également bien imaginé appartenir à la discographie de Sinsaenum). Sur ce dernier titre, le duel de guitare entre Stéphane Buriez et Jérôme Point-Canova (ex-No Return) est excellent et rappelle les plus belles heures du combo. On retient également le titre de clôture, "Infamy Be to You", aux accents doomy et qui joue beaucoup sur les textures sonores. Quoi qu'un peu longue, cette composition est un beau final qui offre de nouvelles perspectives aux Lillois. Enfin, impossible de ne pas nommer "Festering Pyre", qui au premier abord pourrait paraître en peu en dessous du reste. Mais avec un pont particulièrement aventureux à base de cordes frottées, le quartette prouve à travers ce titre qu'il aime encore prendre des risques et souhaite surprendre sa fan base.

Sans se reposer sur ses lauriers, Loudblast parvient à varier le propos pour ne jamais lasser, tout en maintenant une certaine cohérence, dont le fil conducteur reste le chant habité de Stéphane Buriez. On pourrait toutefois reprocher au combo un certain classicisme à travers "Erasing Reality", ou "Into The Greatest of Unknowns", deux titres très sympathiques mais qui ont du mal à se hisser à la hauteur des classiques de la formation. Mais étant donné la qualité des autres titres ("Solace in Hell", "Invoking to Justify" ou "The Promethean Fire" en tête) Manifesto tient la comparaison avec les albums historiques du groupe tels que Cross the Threshold ou Sublime Dementia.

En mettant en avant deux facettes de sa personnalité, à travers une première partie directe et efficace ("Relentless Horror", "Todiestrieb", "Erasing Reality") et une seconde moitié plus lente et basée sur une atmosphère malsaine, Loudblast parvient à une beau résumé de son histoire, mêlant les meilleures heures sa carrière période Disincarnate / Sublime Dementia avec les ambiances plus sombres d'un Burial Ground. Ajoutons à cela un artwork particulièrement réussi (peut-être le plus beau depuis Disincarnate), et nul doute que le retour discographique de Loudblast saura satisfaire ses fans de longue date, tout en sonnant terriblement actuel. Un retour réussi !

Tracklist :
Todestrieb
Relentless Horror
Erasing Reality
The Promethean Fire
Preaching Spiritual Infirmity
Invoking to Justify
Festering Pyre
Into the Greatest of Unknowns
Solace in Hell
Infamy Be To You

Disponible le 27 novembre 2020 chez Listenable Records
Photographie : © 
Moland Fengkov / DR

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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