Johannes Eckerström revient sur l’actualité d’Avatar

L'année 2020 a marqué dans la carrière d'Avatar l'arrivée de son huitième album, Hunter Gatherer. Elle est également ancrée dans une crise sanitaire mondiale qui a mis à l'arrêt toute forme d'événement culturel. Les Suédois n'ont ainsi pas pu promouvoir leur album en partant en quête de fans avides de musique live, mais ils ont pallié ce manque en organisant quatre concerts diffusés en live sur le net ; la période Avatar Ages est née a a lieu en ce moment même en janvier 2021. Depuis Göteborg, Johannes Eckerström, le chanteur et leader charismatique de la troupe, répond à nos questions.

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Bonjour Johannes, merci de nous accorder de ton temps. Comment vas-tu ? 

Johannes Eckerström : Salut ! Plutôt bien merci. 

Avatar est depuis quelques années un des groupes de death mélodique les plus connus. Pourrais-tu définir ce groupe en quelques mots ? 

Hm... Si j'étais meilleur en marketing je suis sûr que j'arriverais à trouver quelques mots. Pour moi, c'est tellement de choses différentes. C'est le labeur de ma vie et mon ambition, c'est ma jeunesse et mes souvenirs, tellement de choses. Mais pour ne définir que la musique, nous sommes un groupe de... metal. Nous voulons faire avancer les choses. Je pense que le plus bel hommage que nous puissions faire à tous les vieux et grands groupes est de réfléchir au futur et aux prochaines étapes de cette musique. C'est quelque chose que tous ceux qui jouent ou écrivent de la musique devraient essayer de faire. 

Concernant la France, vous avez tourné dès vos débuts, votre première tournée était en 2006 avec Evergrey. Mais c'est surtout avec les tournées des albums Feathers and Flesh et Avatar Country que votre notoriété a explosé. Comme expliques-tu ceci ? Est-ce que ces albums sont destinés à une audience plus large ? 

Je pense qu'il était question de faire les choses étape par étape. Oui Feathers and Flesh a été le premier gros succès mais Hail the Apocalypse nous avait déjà beaucoup aidés, même en France. Je pense qu'il est normal dans le metal qu'un groupe grandisse à chaque nouvel album, tant que les albums ne sont pas trop horribles (rires). Dans des cas plus rares, il peut n'y avoir qu'un morceau qui se démarque mais nous, les groupes de metal, ne sommes pas intéressés par ça, nous voulons faire de bons albums et de bonnes chansons. Donc nous voulons faire ça étape par étape et c'est vrai qu'à l'époque de notre tournée avec Evergrey, on est rentrés dans le grand bain mais il n'en est pas ressorti grand chose. Puis nous sommes revenus en 2008, 2009 avec d'autres groupes...

Selon moi le vent a commencé à tourner avec notamment l'ouverture de Avenged Sevenfold à Paris en 2013 (NDLR : au Zénith). Et après ça a grandi de plus en plus à chaque album. Ces albums n'étaient pas destinés à une plus grosse audience, ils étaient peut-être plus adaptés à une plus grosse audience mais je ne sais pas comment mesurer ça avec ma propre musique. Ce que je sais c'est que si nous aimons vraiment ce que nous faisons, il y a de grandes chances que quelqu'un d'autre aussi.  Si nous allions en studio avec autre chose en tête que faire ce que nous aimons, nous risquerions de nous planter. 

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Feathers and Flesh a existé parce que tu as écrit une histoire (NDLR : un conte, également sorti en livre)

Oui ça a commencé parce que c'est de notoriété publique qu'il est difficile d'écrire un album concept alors nous nous sommes dit "essayons". L'histoire a évolué en même temps que les morceaux. La version finale du conte est sortie après les chansons en fait. Mais nous voulions nous lancer ce défi. 

Pour Avatar Country vous avez également créé un univers entier. Etait-ce ton idée ou l'idée du groupe ? 

Tout cette histoire de Jonas (NDLR : Jarlsby, le guitariste) en tant que roi a débuté il y a de nombreuses années quand Jonas a changé son deuxième nom sur Facebook en "Kungen", ce qui veut dire "roi" en suédois, pour embêter ses amis, m'embêter moi. Et ça a fonctionné, mais ça a aussi fonctionné dans le sens où, à partir de ce moment, les gens commençaient à l'appeler ainsi, c'est devenu son surnom. S'il entrait dans une pièce, nous l'applaudissions, il a offert un cadeau au groupe, cadeau qui était une photographie de lui-même signée. C'était une blague entre nous qui a grandi et grandi jusqu'à devenir Avatar Country. Je parlais déjà d'"Avatar Country" sur scène depuis toujours : "Bonjour Paris, ce soir c'est Avatar Country !"

Je dirais que l'album Hunter Gatherer est plus sombre que ces albums. Comment a-t-il été accueilli par les fans, particulièrement dans ces conditions sanitaires ?

Je pense que pendant cette crise la musique avait une place bien plus importante que ce que nous aurions pensé. C'est définitivement plus sombre qu'Avatar Country, car Avatar Country est l'album le plus joyeux d'Avatar que vous entendrez (rires). Un album comme Feathers and Flesh est sombre à sa manière car il parle beaucoup de mort et de perte, il parle d'échecs. Mais ce qu'Hunter Gatherer a de plus que tous les autres albums que nous avons fait depuis notre plus jeune âge, c'est qu'il est plus agressif. C'est l'album le plus agressif que nous ayions fait, le plus énervé et conflictuel.

Qui a vraiment aimé ? Si vous suivez Avatar depuis un moment, vous savez que nous faisons les choses sur la longueur. Si nous voulons nous amuser sur quelque chose, nous nous amusons sur quelque chose. Nous faisons les choses à notre façon. Les gens sont habitués à ce que nous soyons sombres, plutôt que d'être légers comme dans Avatar Country. Donc dans un sens je pense que beaucoup ont pensé que c'était un retour aux sources. 

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Nous ne pouvons malheureusement pas éviter le sujet du coronavirus. Votre dernier concert a eu lieu juste avant les confinements, en mars dernier. A part Avatar Ages, dont nous parlerons juste après, est-ce que toi ou les autres avez eu de nouvelles idées, peut-être comme le conte de Feathers and Flesh ou autre chose ? 

La première chose que nous voulions clarifier c'était : "Est-ce que nous voulons vraiment sortir l'album cette année ?" car il était presque fini, il était en train d'être mastérisé. Nous voulions le sortir, nous ne voulions pas attendre que la pandémie soit finie, mais la question était : "Le pouvons-nous ?". Puis nous nous sommes dit que nous le pouvions même en ces circonstances et de toute façon les gens savaient que nous l'avions enregistré.

Donc la plupart de l'année nous avons travaillé sur la sortie et la promotion de l'album. En même temps nous devions nous demander comment continuer d'exister en tant que groupe et comment atteindre les gens sans partir sur les routes. Nous avons alors été plus actifs sur les réseaux sociaux. Pas de concerts en direct mais nous avons d'autres contenus exclusifs comme des questions-réponses avec les fans avec notamment Jay Ruston le producteur d'Avatar Country ou Sylvia Massy qui a travaillé sur Feathers and Flesh. Ce sont presque des podcasts mais exclusivement pour les fans.

Nous avons également commencé à faire des tutos de batterie ou de guitare tout en écrivant beaucoup de musique. Et j'aime beaucoup ça, ce sentiment de pouvoir écrire librement sans penser à un album pour le moment. Et maintenant que nous avons décidé de faire des live streams, voilà où nous en sommes avec Avatar Ages. Donc oui, globalement nous avons été très occupés en 2020. Et c'est principalement grâce au soutien de nos fans. 2020 était nulle pour beaucoup de monde mais nous, nous avons eu une année bien meilleure que ce que ça aurait pu être.

Oui et si vous aviez reporté la sortie de votre album je serais venu moi-même en Suède le chercher (rires).

(Rires) Oui c'est exactement ça. Evidemment, quelqu'un doit le dire tout haut, mais c'est mieux de promouvoir une tournée lorsque l'album arrive après, c'est un fait, les tickets se vendent mieux. Mais nous avions dit aux gens que nous étions en studio et aussi chaque album est un aperçu de la vie que nous vivons à un instant t. C'est un état d'esprit que nous avons quand nous écrivons un album, et il n'aurait pas la même signification pour nous s'il était reporté. Nous ne voulons pas sortir un album qui fait partie du passé, nous voulons le sortir sur le moment.

Votre premier live de Avatar Ages a eu lieu la semaine dernière. Comment as-tu vécu de n'avoir personne en face de toi ?

C'est ça qui est bizarre. Je pensais que ça allait être un problème plus important. Mais nous l'avons vécu comme un spectacle, comme un concert, avec des gens qui nous regardent. Nous savions qu'ils regardaient et nous avons été capable de tout donner et de nous lâcher dans notre musique. Donc ça a paru bien plus réel que ce que je m'imaginais. Je me suis senti plus connecté aux gens que ce que j'imaginais. 

Aviez-vous vent de quelques commentaires des fans sur le chat en direct ? 

Oui et c'est marrant. Nous vivons maintenant dans un futur "cyberpunk". Au lieu d'avoir des gens debout au premier rang, parlant et buvant ensemble, ils sont dans une salle de chat. Au lieu de voir des gens crier quand le spectacle commence, ils sont sur le chat en train de devenir fous. C'est bizarre mais les gens montrent tout leur amour. C'était cool, une bonne expérience.

Vous sembliez bien préparés pour ça. Vous avez demandé à vos fans de voter pour des setlists, vous avez beaucoup promu l'événement sur les réseaux sociaux. Comment s'est passée cette préparation pour vous ? Vous devez travailler avec beaucoup de techniciens du son, des lumières et autres. C'est presque comme un clip vidéo non ? 

Ouais... Je ne sais pas à quoi le comparer, c'est un mix d'un peu tout. Parce que tu es filmé mais c'est un concert, ce ne sont pas les fameux "Silence! Action!". Non c'est différent de tout ça, c'est du théâtre, du concert, de l'expérience studio, c'est tout ça à la fois, c'est pour ça que ça rend la chose excitante. Planifier tout ça a été marrant. C'est toujours marrant mais des fois c'est aussi un cauchemar. Retourner sur ce qui ressemble à une scène c'est bizarre aussi. Je me suis beaucoup exercé pendant le confinement, je dis pas que je vais rejoindre une équipe olympique, mais voilà je me suis maintenu en forme. Mais malgré ça, performer sur scène c'est complètement différent. Ce sont des muscles différents, des poumons différents. Donc reprendre cette activité a été un peu un défi. 

Il y a trois scènes si je ne me trompe pas. 

Quatre si tu inclus celle avec juste le piano. 

Vous changez vos vêtements super vite, parfois avec l'aide de vidéos d'interlude. Il n'y avait donc aucune place pour l'improvisation ? 

C'est un peu ce que j'aime, trouver le bon équilibre à ce niveau. Dans le metal, tu joues pratiquement tout comme ça a été écrit. Mais je tiens le micro en main, je vais où je veux, et je dis ce que je veux. D'un côté tu as besoin d'une planification et de répétitions donc c'est toujours un mix parce qu'il y a certaines choses que nous voulons accomplir et tu dois donc les planifier pour assurer une qualité. Mais en même temps, tu as besoin d'un peu de place pour l'improvisation, car cela t'aide à te lâcher dans la musique et la performance. Si tout était planifié à 100%, je ne serais pas à l'aise pour me lâcher. Mais il n'y a pas de temps pour l'improvisation pendant nos changements de costumes, ça c'est sûr. 

Est-ce qu'un show en live stream comme celui-ci est plus stressant qu'un vrai spectacle ? Penses-tu au fait que la moindre erreur puisse rester sur Internet par exemple ? 

Tu as probablement raison, mais pour moi, lorsque je me tiens devant les caméras, ce n'est pas mon boulot de m'inquiéter de tout ça. Quand je suis à cette place, je fais mes trucs, je ne peux pas les réparer, et c'est aussi ce que j'aime sur scène : tu vis dans le moment et tu fais ce que tu dois faire dans ce moment. Je peux m'inquiéter de tout ça avant, et être content ou décu après, mais pendant le show, je me concentre sur mon boulot. 

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Si la crise sanitaire s'arrêtait demain, quelle serait la première chose que tu ferais ? 

J'irais voyager en Suède pour voir ma nièce pour la première fois. Ma soeur a eu son premier enfant et je n'ai pas eu l'occasion de la voir. Je voulais être sûr d'être sain avant de la voir. Il y a aussi plein d'amis que je suis impatient de revoir, même ici dans la ville. 

Y a-t-il des endroits où vous n'avez pas joué qui te tenteraient ? 

Oui, nous avons passé la plupart du temps en Europe et en Amérique du Nord. Donc tout ce ce qui est au sud du Mexique, en Asie, en Océanie et en Afrique. Presque aucun groupe ne joue en Afrique mais j'aimerais beaucoup. Donc globalement, un peu partout. Nous sommes le seul groupe suédois à n'avoir jamais joué au Japon par exemple. L'Afrique serait mon grand rêve, parce qu'il y a des groupes de metal et il y a des fans de metal et c'est compliqué pour les groupes occidentaux de jouer là-bas et pour les fans de venir voir des groupes par chez nous. J'aimerais beaucoup voir cela se produire et en faire partie. Et en tant que touriste je ne suis jamais allé nulle part en Afrique donc, égoïstement, je veux y aller et y jouer. 

Quelque chose à ajouter pour vos fans francophones ? 

Merci à vous pour votre soutien et d'avoir fait de 2020 une année pas si horrible que ça. Parfois certaines personnes nous remercient pour les avoir accompagnées avec notre musique dans cette période mais ces personnes nous ont aussi aidés nous. Nous avons pu continuer à exister en tant que groupe donc merci à tous pour ça. Soyez patients un peu plus longtemps et nous nous amuserons ensemble à nouveau très bientôt. En attendant, soyez bons envers vous-même, prenez soin des autres, et nous nous verrons à la fin de tout ça. 

Propos recueillis via Skype le 15 janvier 2021.
Crédits photos : Droits réservés.

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