Therion – Leviathan

Depuis vingt ans, Therion souffle avec ses idées le chaud et le froid sur cette horde d’amoureux de metal (ultra) symphonique. Bien que la qualité des albums depuis le diptyque Sirus B Lemuria peut prêter à débat, Beloved Antichrist était arrivé avec ses imposants et dignes sabots, sorte de manifeste ultime de ce que doit être un opera metal. Trois ans plus tard, Christofer Johnsson annonce avec Leviathan un disque plus simple, tel un retour aux sources de ce que sait faire de mieux Therion. Que peut-on alors tirer de ce disque ? Aura-t-il la saveur désuète des Fleurs du mal ou bien la majestueuse stature d’un Vovin ? Et bien la réponse se trouve ci-dessous.

Ecrire sur Therion n’est jamais chose facile. Situons déjà le contexte de la musique proposée par les Suédois pour ceux qui ne connaîtraient pas le groupe. Therion joue un metal symphonique, dans le sens le plus total du terme, pouvant faire passer les orchestrations d’un Nightwish pour une banale formation de heavy metal. Les compositions de Christofer Johnsson sont ainsi faites de milliers de détails, d’arrangements, et d’une richesse et générosité sans pareille. Alors, un mois pour écrire une chronique sur seulement onze morceaux et quarante-cinq minutes ?

Et bien oui. Leviathan, comme nous l'avons expliqué dans l’introduction, souhaite se voir comme la synthèse de toute la carrière de Therion, et cela se sent. Pour vous donner une idée, ce disque est une pâtisserie de triple étoilé Michelin, mais servie en trop grande quantité. Vous voulez du mid-tempo épique, aidé par des chœurs opératiques et un chant soprano ? En voilà ! Vous aimez les morceaux heavy ? Prenez en une petite louche, et tant qu’à faire, écoutez-moi ces ballades mielleuses, on les a faites pour vous celles-là.  

Les Suédois ont toujours été généreux dans leur musique, et dans cette optique de méta best-of, le résultat se fait au détriment de la cohérence de l’ensemble. On passe bien trop brutalement d’une ambiance à une autre, le disque n’ayant pas harmonieusement ce liant général habituel chez les compositions de Christofer Johnsson. Néanmoins, difficile de faire la fine bouche devant un pareil bilan. En effet, le travail effectué par le guitariste fondateur et par Thomas Vikström est d’une très grande richesse.

Le chanteur sus-cité livre une partition admirable, sa large palette, allant des hurlements au ténor se complétant parfaitement à la voix soprano de Lori Lewis. Même sur les morceaux les plus enlevés, tel "Aži DahÄka", "Great Marquis of Hell" ou "The Leaf on The Oak of Fear", leur duo opératique fait merveille. L’approche « tubesque » se sent clairement, les chansons, les refrains restent dans le crâne. Que ça soit le hit "Tuonela" avec Marko Hietala, l’intro orientale de "Ten Courts of Diyu", la beauté des chœurs sur "Die Wellen der Zeit", l’immédiateté est la plus grande qualité de Leviathan.

Mais Therion n’est jamais meilleur que sur ses mid tempo, sur lesquels la symbiose entre opera et metal se fait la plus belle. C’est sur ces morceaux que l’on tirera la plus agréable section de l’album. Que ça soit "Nocturnal Light", "Psalm of Retribution", ou "Eye Of Algol", Therion est quasi inégalé quand il s’agit de créer des ambiances à la fois lourdes, pesantes, et symphoniques.

La première partie de ce triptyque nous met l’eau à la bouche tout autant qu’elle agace. En effet, en dépit de ses indéniables qualités, Leviathan souffre de son postulat de départ. On peut être surpris de voir Therion regarder dans le rétroviseur, se contentant simplement d’écrire des hits à la sauce de ceux du passé. Et pourtant, difficile de ne pas tomber amoureux de ce disque dont les compositions laissent toujours pantois. Ainsi, malgré sa diversité, et un album remplis ras-la-gueule, Christofer Johnsson, bien aidé par Thomas Vikström, parvient à livrer avec Leviathan une offrande complètement méta, analyse de ce qu’est à ses yeux, le meilleur de son groupe. Comment ne pas vouloir de la suite, en espérant que celle-ci monte crescendo dans le risque.  

Therion - Leviathan : sortie le 22 janvier 2021 chez Nuclear Blast 

Tracklist : 

01. The Leaf On The Oak Of Far
02. Tuonela
03. Leviathan
04. Die Wellen Der Zeit
05. Aži Dahaka
06. Eye of Algol
07. Nocturnal Light
08. Great Marquis of Hell
09. Psalm of Retribution
10. El Primer Sol

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...