Bienvenue dans la 1664 qui a des relations sexuelles (la Kro nique pour ceux qui n'auraient pas compris) des Princesses Leya. Qui ne connaît pas cette princesse qui a d’abord embrassé son frère pour ensuite se marier avec un vaurien et enfanter un grand méchant boutonneux au destin assez oedipien pour finir par influencer un groupe, lequel, pour des raisons de copyright sûrement, décidera de mettre un y dans son nom ? Il aurait pu mettre un umlaut, ça aurait fait true metal à la Blue Öyster Cult ou une référence à Louÿs de Belleville, pour ceux qui connaissent ce grand poète ayant eu son quart d’heure de célébrité sur M6.
Ce groupe totalement barré a été fondé par deux humoristes que les fans du Jamel Comedy Club ou de On ne demande qu’à en rire (deux émissions qui ont eu pour mérite de fournir l’intégralité des guests des émissions humoristiques de TF1) connaissent bien : Dedo et Antoine Schoumsky.
Comme deux personnes, ça fait un duo, il a fallu s’adjoindre les services de Cléo Bigontina et de Xavier Gauduel pour former donc les Princesses Leya, groupe de metal parodique aux références geeks / pop culture / années 90 / scatologiques. Le tout pour sortir un album intitulé L’histoire sans fond. On pense bien sûr à Ultra Vomit, mètre étalon du genre. Est-ce vraiment un ersatz ou un vent de fraîcheur dans le metal français ?
On a connu le groupe notamment en live lors du Warm up du Hellfest en première partie de … Ultra Vomit avec quelques morceaux comme cette reprise de "Makeba" de Jain version metal ou ce mash up de la chanson "Boys Boys Boys" de Sabrina et "Links 2 3 4" de Rammstein (avec l’accent allemand s’il vous plait) intitulé "Balls Balls Balls". Ces chansons sont incluses dans un concept plus général puisque l’album est en fait une histoire, un peu à la manière des webséries des années 2000. On pense forcément à Naheulbeuk puisque Antoine y a participé.
Le pitch est simple : à cause d’une malédiction viking et d’un jeu de mots pourri, le groupe se retrouve sur une planète où les gens ont un QI leur permettant de participer à des émissions de télé-réalité à cause d’un code caché dans la musique diffusée par un magnat des médias nommé Jérémy Bisou. Il va devoir retrouver la partition ultime pour libérer cette planète qui semble apprécier les salons de coiffure avec des jeux de mots. Les joyeux compagnons vont vivre des tonnes d’aventures à la rencontre du club des 27, d’un nain alcoolique, d'une goule jazz, le tout ponctué de metal, d’humour et de références geek / pop.
Tout y passe : Le Seigneur des Anneaux, Star Wars (dès l’introduction) et la science fiction en général. Les auditeurs qui étaient au collège ou au lycée lors de France 98 apprécieront certaines références et surtout quelques invités. En effet pour renforcer ce coté parodique, le groupe s’est payé (enfin on ne sait pas le montant exact finalement) les services de Brigitte Lecordier, la voix de San Goku et de tant de dessins animés de l'enfance de cette génération (mais aussi de Peepoodo, que vous connaissez sûrement si vous êtes un peu salace) ou encore de Christophe Lemoine, voix officielle d’Eric Cartman. Ce personnage de South Park est mis à l’honneur puisqu’en plus d’être un personnage primordial de l’histoire, il a également droit à une chanson tirée de sa phrase favorite : "Je vous emmerde et je rentre à ma maison".
Vous l’aurez compris, c’est assez barré, bourré de références mais qu'en est-il de la musique dans tout ça (car après tout, on est sur la Grosse Radio Metal, pas Rires et Chansons) ? Le problème vient sûrement du format un peu hybride : proposer une aventure qui gravite autour de chansons déjà composées avant. Les quelques compositions sont sympathiques et feront sourire et headbanguer l’auditeur mais ne sont pas vraiment bien intégrées à l’histoire (le groupe se fera même cette réflexion metatextuelle). Il en résulte quelques morceaux qu’on prendra plaisir à fredonner et qui peuvent donner lieu à des private jokes. Impossible de ne pas chanter "Makeba" en mode Rammstein, ou de ne pas prendre l’accent chantant de George Brassens en récitant "la Vieillesse", sorte de parodie du chanteur avec des paroles influencées par Giedré (pour ceux qui ne connaissent pas cette chanteuse, imaginez George Brassens qui nous parle de nain et de handicapés allant voir les péripathéticiennes).
Globalement, l'intégralité des morceaux sont une ode au metal avec des styles variés : le neo metal avec "Le Type Chelou en Capuche", le metal indus déjà évoqué, le côté plus punk de Green Day avec "Tue tes parents" et le très chantant "Ustensiles" (au passage, nous on a trouvé une rime en "erche") qui se permet un petit pont tout doux, tout mignon. On retrouve ce côté bi-polaire également dans "Single Lady Killer" reprise un peu modifiée de "Single Ladies" avec des couplets calmes qui rappellent Giedré puis une fin très proche de Slipknot. Impossible de faire l'impasse sur les ballades arena rock avec "The 27 club" et le très subtil "Destruction Vaginale" où Antoine s'lache sur un solo (vous avez calé le jeu de mots pourri ? On l'a même mis en gras et souligné pour que vous le voyiez bien.) avant que le groupe reparte dans un délire punk. Le groupe se permet des incursions dans d'autres styles comme le disco avec "Ouais ouais ouais 'qui contiendrait 208 fois le mot ouais. Ah ouais quand même ! Et le pire c'est que ça passe et pour l'émission N'oubliez pas les paroles c'est pratique.
On passe donc une bonne heure entre parodies proches d’Ultra Vomit et websérie bourrée d’humour. Et justement, il aurait été intéressant de publier l’album sous un format hebdomadaire pour pousser l’expérience plus loin et susciter un engouement encore plus fort. L’album s’écoute plusieurs fois mais va-t-il passer l’épreuve du temps ? Tiens, une idée de nouvelle quête.
L’album est bien produit avec des univers différents et une vraie identité sonore mais on peut regretter que sur les chansons, la voix ne soit pas assez mise en valeur, or dans ce genre de metal parodique, les paroles prennent tout leur sens. Mais pour un premier album, l’ensemble est quand même de très bonne qualité.
Certes Ultra Vomit était là avant, certes Naheulbeuk était là avant, mais Princesses Leya nous apporte une synthèse de cet humour qui fait mouche dans notre culture et permet de se détendre dans un monde de violence, de maladie et de vénération de Satan. Pour un premier album, l’effort est louable et puisqu’on nous tease la sortie du deuxième, on attendra du groupe qu’il fasse preuve d’un peu plus d’originalité et que l’histoire soit vraiment plus cohérente et plus construite autour des chansons. Une note finale de 8.6 puisque 1664 c’était un peu trop élevé.
Tracklist
01. La Malédiction Viking
02. Planète Chlamydia 4
03. Le Type Chelou en Capuche
04. La Mission *
05. Makeba
06. La Ziggurat
07. Balls Balls Balls
08. La Salle Sans Intrus
09. Ustensiles
10. Les Shitty Producteurs Zombies
11. Single Lady Killer
12. Goule Jazz
13. The Twenty Seven Club
14. Le Club des 27
15. La Vieillesse
16. Bibliothèque Paf
17. Ouais Ouais Ouais
18. Décédés *
19. Renaissance
20. Destruction Vaginale
21. Princesses Cocktails
22. Grâce à l’Alcool
23. Eric Baudelaire
24. Je Vous Emmerde et Je Rentre à Ma Maison
25. Home Sweet Home
26. Tue Tes Parents
Sorti le 12 mars 2021 chez Gambettes Production