Cryptosis – Bionic Swarm

Rares sont les formations à oser changer de patronyme en pleine ascension pour se diriger vers une autre direction musicale. Distillator fait partie de celles-ci. Alors que le trio hollandais officiait dans un revival thrash de qualité depuis 2013 (et avec deux opus à son actif), il a profité des chamboulements de l'année 2020 pour cesser ses activités sous ce nom et adopter celui de Cryptosis. Exit également le revival thrash, place à un thrash technique et progressif à l'ambiance S-F, qui n'est pas sans rappeler celui de formations comme Vektor, Voight-Kampff voire Coroner. Et cette prise de risque est totalement payante puisque Bionic Swarm s'impose comme la révélation thrash de ce début d'année.

Dans la grande tradition du prog, c'est par une "Overture 2149" que débute cet album concept. Le titre replace la thématique S-F au centre de l'album, tout comme l'artwork. Mais c'est bien la mise en son qui évoque cette thématique futuriste et tranche littéralement avec ce que proposait Distillator sur ses deux albums. Les sonorités se veulent plus modernes, massives et pourtant toujours tranchante dès "Decypher", premier vrai titre de l'album.

De son passé, Cryptosis a gardé la maîtrise technique du thrash classique, en effectuant régulièrement de petits clins d'oeils comme ce hurlement Arayesque sur "Flux Divergence". Le trio est capable de riffs destructeurs ("Transcendence" à 0:26, "Conjuring The Egoist"), tout en gardant ce grain de folie qui nous rappelle les deux premiers albums de Vektor ("Death Technology", un hommage au "Killing Technology" de Voivod ?). En parlant de Vektor, les réfractaires au chant de David DiSanto peuvent se rassurer, le timbre de Laurens Houvast (guitare/chant) est moins clivant, probablement plus classique également, rappelant presque celui de formations de death old school (Patrick Mameli de Pestilence en tête).


Outre le riffing véloce, Cryptosis sait également instaurer des ambiances (le pesant "Prospect of Immortality" ou l'intro de "Mindscape" pour lequel les claviers et les arpèges dissonants viennent s'immiscer dans l'oeuvre ou encore l'interlude "Perpetual Motion"), afin de varier son propos. Sur un album de 37 minutes, c'est un pari totalement gagné, et l'auditeur ne s'ennuie pas une seconde à l'écoute de ce Bionic Swarm. Particulièrement riche et travaillé, cet album se dévoile progressivement, les variations rythmiques au sein des titres étant légion. La thématique S-F est évidemment déjà vu dans le genre, mais elle colle parfaitement au propos de Cryptosis.

Dense, cet album l'est assurément. Tant qu'il est parfois surprenant de se rappeler que Crytposis officie sous la forme d'un trio (Frank et Riet assurant magistralement la basse et les claviers). Marco Prij (batterie) fait également preuve d'une belle polyvalence et parvient aisément à proposer breaks inspirés et cassures rythmiques dévastatrices à tout juste 25 ans.

En bref, ce premier album ne souffre d'aucun défaut. Fort d'une belle expérience sous son autre nom, le combo a gardé son savoir faire mais l'a transposé dans un nouveau style totalement maîtrisé. Certes, Cryptosis n'invente pas le genre et reprend les codes déjà initiés par d'autres, mais il le fait avec talent et sincérité, et c'est ce qui compte avant tout. Une fois la pandémie passée, il ne restera au trio qu'à transformer l'essai sur scène, ce qui ne devrait être qu'une formalité vu son expérience du live. La surprise thrash de ce début d'année, ni plus ni moins !

Tracklist :

Overture 2149
Decypher
Death Technology
Prospect of Immortality
Transcendence
Perpetual Motion
Conjuring the Egoist
Game of Souls
Mindscape
Flux Divergence

Sorti le 26 mars 2021 chez Century Media
Photographie : 
Maaike Ronhaar

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...