Thyrfing – Vanagandr

Huit ans que les fans attendaient ce nouvel album des Suédois de Thyrfing ! Et la galette a débarqué le 27 août 2021 chez Despotz Records comme si le précédent opus était sorti la veille. Les attentes peuvent donc être assez hautes, le groupe nous ayant habitué à des enregistrements de haut vol dans le domaine pagan / viking. Insérez Vanagandr dans le lecteur approprié, lancez l’écoute, fermez les yeux et embarquez pour un nouveau voyage dans les contrées froides de la Suède.

La pochette de l’album, première chose que les auditeurs voient une fois leur précieux sésame en main, représente Fenrir, le loup gigantesque de la mythologie nordique qui mettra fin à l’existence d’Odin selon la prophétie du Ragnarök. Vanagandr est en effet un nom alternatif au fils de Loki, signifiant « monstre de la rivière Van » ; le loup ayant une épée dans la gueule « rugit effroyablement et de sa gueule coule de la bave qui forme le fleuve appelé Van » (L’Edda par Snorri Sturluson, Gylfaginning, chapitre 34). Passée cette petite leçon de mythologie nordique, nous apprenons que l’artwork est signé Niklas Sundin, le guitariste de Dark Tranquillity.

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Côté production, rien à craindre à ce niveau : il est co-produit par Jakob Hermann (Dark Tranquillity, Evergrey) chez Top Floor Studios et mixé et masterisé par Jacob Hansen (Fleshgod Apocalypse, Heaven Shall Burn, Dagoba) chez Hansen Studio. Le résultat est indiscutable, tous les instruments sont bien masterisés, aucun ne prend le pas sur les autres. Les chants, que ce soit le lead extrême ou les choeurs, sont parfaitement audibles. 

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Dès les premières notes de l’album, Thyrfing embarque l’auditeur dans son univers pagan mêlant un black metal lourd et puissant et un folklore tout droit venu de l’ère des Vikings. Les blast beats de « Döp dem i eld » accompagnés par des riffs heavy et des mélodies épiques introduisent parfaitement le nouvel effort du groupe. Déjà des chœurs et des violoncelles se font entendre alors que le chant extrême de Jens Rydén se montre puissant et accrocheur. Cette dualité se retrouve dans presque tous les morceaux, notamment l’agressive « Rötter » comprenant des riffs acérés de guitare, des blast beats et un chant hurlé qui accompagnent la profondeur émotionnelle du chant clair et du côté folklorique amené par les violons et les chœurs. « Träldormsord », morceau plus rapide et un peu plus noir, fonctionne exactement de la même façon : la mayonnaise a pris. 

Les instruments qui appuient le côté folklorique se perçoivent de plus en plus avec les écoutes multipliées de la galette. Les violons sont quasiment des instruments permanents (« Järnhand » par exemple), pourtant le groupe ne compte pas de violoniste dans ses rangs. Les nappes aux claviers et les chœurs sont très nombreux également, avec parfois quelques notes de piano accompagnant la guitare au son clean (« Undergångens lankar »). Instrument plutôt rare dans le monde du metal : le didgeridoo. Il introduit et ferme le morceau « Håg och minne » et est accompagné de bruits de corbeaux. Nous pouvons alors presque sentir la présence d’Odin lorsque les discours ou chants murmurés rappelant des incantations nordiques se font entendre. Tout cet ensemble fait de ce morceau le plus mystique de l’album et emporte l’auditeur dans un monde totalement différent du nôtre. La présence plus rare de violoncelles appuie ce côté atmosphérique ; nous en retrouvons dans le morceau introductif « Döp dem i eld » mais aussi et surtout dans le titre conclusif « Jordafärd ». Celui-ci est plus lent, c’est un black metal doomesque auquel nous avons à faire. Il présente un thème principal repris de plusieurs manières différentes d’abord par des cuivres, puis les guitares, puis les violoncelles et finalement le chant féminin de Natalie Hernborg. En écoutant les premières notes de ce morceau, impossible de ne pas penser au thème principal de Game of Thrones. Simple coïncidence ? Nous pouvons nous poser la question d’autant que les violoncelles sont joués par Fox Skinner (Grand Magus) et… Jon Lon Snow

La gestion des émotions de la part du groupe suédois est telle que l’album semble avoir été pensé comme une œuvre cinématographie ou une œuvre d’opéra. Même si le suédois n’est pas une langue très facile à comprendre, l’écoute de cet album montre que Thyrfing avait envie de raconter une histoire. L’enregistrement est homogène avec une dualité black folk omniprésente et très bien réalisée. Le dernier morceau de l’opus, probablement le meilleur, se dénote toutefois avec son côté doomesque. Une chose est sûre, certains pourront dire que huit ans sans album studio c’est long, mais ne préférons-nous pas attendre un peu plus et obtenir un résultat aussi satisfaisant ? 

Tracklist :
1. Döp dem i eld
2. Undergångens lankar
3. Rötter
4. Fredlös
5. Håg och minne
6. Träldomsord
7. Järnhand
8. Jordafärd

Sorti le 27 août 2021 chez Despotz Records.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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