Bloodbound – In the Name of Metal

Au nom du metal, du pain béni ?

Dur dur de se mettre à chroniquer un album de heavy/power quand, primo, on pense avoir fait presque le tour du style avec le temps ou qu'on a de plus en plus de mal à s'enthousiasmer sur des nouveautés que l'on sent le plus souvent assez éculées (non, ce n'est pas une insulte, pas de "n" !) et que, deusio, on se retrouve avec le nouvel opus d'un groupe qui avait un peu déçu avec son précédent brûlot. De qui s'agit-il cette fois-ci ? Des suédois de Hammer... euh de Bloodbound, pardon, avec le 5ème album studio intitulé In the Name of Metal et sorti le 9 novembre 2012 chez AFM Records. Rien qu'avec le titre, le nom du groupe, le style, on peut d'ores et déjà mettre le côté surprenant ou novateur de côté. Mais est-ce bien grave ? Cela dépend de plusieurs paramètres.

Phase 1 : on est dans une humeur détendue et on se laisse aller

Oh oh oh ! Comme le dirait cette introduction de la chanson "Metalheads Unite", nid à clichés entre Manowar and co de la première note à la dernière, sur la moindre parole, sur le moindre riff. Peu importe dans ce cas là, si c'est bon on acquiesce, on headbangue, on y va et on fonce. Sauf que parfois... enfin non, là j'y reviendrai après, on est dans la phase "bonne humeur on est gentils on est contents" ici. Dans ce cas précis, ce nouveau disque de Bloodbound remplit parfaitement le cahier des charges et parvient même à faire plus ou moins oublier un Unholy Cross plutôt neutre et peu marquant. L'accent est ainsi mis sur une certaine efficacité diabolique propre aux combos du genre, le côté guerrier à peine masqué et cette envie de chanter à la gloire du metal poussée au paroxysme. Cet hymne (qui n'est pas le meilleur morceau de l'album, loin s'en faut) en est la preuve mais pourtant c'est autre part qu'il faut chercher l'excellence, celle-ci est d'ailleurs presque tutoyée à deux reprises au moins.

Tout d'abord ce "When Demons Collide" fort bien agencé à la mélodie pure et racée, un véritable morceau de référence pour les canons du heavy power en cette année 2012, où on sent que l'inspiration a su toucher les membres du groupe comme dans un instant de grâce. Ce titre reste en tête et sera imparable pour un bon bout de temps, notamment grâce à son feeling et ses choeurs dignes d'une BO de Vangelis. Dans un autre style, presque plus hard rock disons, le suivant et assez bref "Bonebreaker" ne s'embarrasse pas de chichis et frappe directement là où ça fait mal. Ou là où ça fait du bien, si vous préférez. Ensuite, pas mal d'autres morceaux s'imbriquent parfaitement dans l'ambiance, ce "I'm Evil" de milieu de galette saura par exemple faire un bel effet en live s'il est joué devant un public averti ou encore un bien sympathique "Black Devil" ou ce "Bounded by Blood" final au refrain presque amusant mais bien amené.

Phase 2 : on est un peu ronchon et on cherche la petite bête

Là on peut franchement y aller gaiement sur certains titres quelque peu... redondants, disons-le clairement (surtout vers la fin de l'album), voire un poil ratés pour ce qu'ils auraient dû être. Et là on revient à ce "Metalheads Unite" qui apparait plutôt ridicule et surtout bien poussif, quel dommage après une entame de CD parfaitement exécutée et bougrement en place niveau mélodique, même si là encore le morceau d'introduction éponyme aurait pu (dû) offrir plus de frissons aux fans du genre. Là on se traîne sur des choeurs Hammerfalliens passéistes et un riffage bien médiocre pour une performance vocale où Patrik Johansson nous rappelle les écueils du Unholy Cross paru l'an passé. D'ailleurs c'est un peu là que le bât blesse, le sieur chanteur alterne le bon et le moins bon, semble encore un poil mal à l'aise sur certaines notes et manque parfois de puissance... là où pourtant niveau émotion et intensité mélodique il laisserait pantois pas mal de légendes du genre. Il semble parfois traîner sa carcasse vocale sur des compos soit peu inspirées, soit trop "à côté" de son style de prédilection, j'en veux pour preuve ce "Sons of Babylon" certes entraînant et sympathique mais qui aurait plus sied à un Lordi par exemple, du coup on s'embête un peu. Dommage. Même reproche aurait pu être fait sur le morceau "Black Devil" mais celui-ci passe bien mieux avec une énergie de chant plus conséquente qui vient encore plus faire regretter le précédent semi-foirage.

Après, rien ne sert d'être plus incisif, c'est un album de heavy power dans la lignée de tas d'albums de heavy power, certes avec un très bon son mais sans la moindre folie. Ficelé pour bien plaire aux amateurs, qui laissera de marbre les autres, qui rebutera ceux qui "en ont marre de toujours entendre la même chose" ou qui "préfèrent rester sur leurs classiques". Mais croyez-vous que Bloodbound avaient des ambitions aussi élevées ? Certainement pas, ils seront heureux du contenu et le mettront en avant sans la moindre gêne ("This is BY FAR the best album we've done!", qu'ils prétendent), bravant les quolibets le poing en avant et l'épée prête à sortir du fourreau.

Bloodbound 2012

Bref, rien de bien nouveau sous le soleil MAIS du mieux par rapport à un Unholy Cross qui frisait l'ennui certain. On peut cependant se demander pourquoi le groupe n'a pas un peu plus attendu pour sortir cet opus, il faut dire que ça enchaîne à toute berzingue chez les scandinaves avec ce cinquième méfait en à peine sept ans et un changement de chanteur entre temps. D'ailleurs, l'ancien dénommé Urban Breed fait désormais les beaux jours de Trail of Murder et semble avoir un peu changé sa direction de carrière, est-ce que Bloodbound devrait en faire de même pour autant ? Tant qu'ils font la musique qu'ils aiment et que des gens apprécient, il n'y a pas de raison, et on ne peut donc que saluer l'effort sans pour autant s'extasier.

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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