Jimmy Cliff s'est éteint à 81 ans ce lundi 24 novembre 2025. L'auteur du célèbre « Reggae Night » a traversé la dernière rivière, comme il le chantait si bien dans « Many Rivers to Cross ». Retour sur une légende du Reggae.
Jimmy Cliff, auteur du « Reggae Night » laisse le monde en deuil
Jimmy Cliff, figure incontournable du reggae et artiste emblématique a contribué à faire rayonner la musique jamaïcaine sur la scène internationale. Le chanteur, acteur et auteur de tubes légendaires comme « Reggae Night » , « harder the come » « The Harder They Come » laissant derrière lui un héritage musical immortel.
L’annonce de sa disparition a été faite par son épouse, Latifa Chambers, sur Instagram. Dans un message chargé d’émotion, elle écrit :
C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès de mon mari, Jimmy Cliff, des suites d’une crise d’épilepsie suivie d’une pneumonie. Je suis reconnaissante envers sa famille, ses amis, ses collègues artistes et ses collaborateurs qui l’ont accompagné tout au long de son parcours. À tous ses fans à travers le monde, sachez que votre soutien a été sa force durant toute sa carrière… Jimmy, mon amour, repose en paix. Je respecterai tes dernières volontés.
Le message est également signé par leurs enfants, Lilty et Aken. Il souligne la force de l’artiste et l’importance des fans dans son parcours.
Les débuts
Jimmy Cliff, de son vrai nom Jimmy Chambers, nait en 1944 dans la paroisse de Saint James en Jamaïque. Élevé principalement par son père, il quitte l'école très tôt et chante des reprises rock style Little Richard ou Fats Domino.
Sa carrière prend vraiment naissance quand il part pour la capitale et rencontre un certain Count Boysie avec qui il enregistre 2 ska « Got Me Crazy » et « I'am sorry ».
Les titres s'accélèrent et il se hisse en tête des charts jamaïcains en 1962 avec la chanson « Hurricane Hattie », pour Leslie King et son label Beverly Records. Pour ce même producteur, il sort d'autres titres intéressants, tels « Miss Jamaica », « King of Kings » ou « Lucky Day ».
IL est ensuite repéré par Chris Blackwell. Et en 1965, celui-ci lui demande de s’installer à Londres, il signe alors pour Island Records. Grâce à ce début de notoriété, Jimmy Cliff enregistre ses premiers disques à l’international. Son premier album Hard Road to Travel, légèrement teinté de funk et de soul, sort en 1967.
Island et l'après
Jimmy Cliff signe son dernier album Struggling Man pour Island en 1973.
S’en suis une multitude d’albums sur divers labels plus ou moins importants : EMI, reprise Records, Oneness, Warner Bros, WEA, MCA records, Colombia, CBS, etc.
Gros succès en 1983 avec l’album The Power & The Glory sur le label CBS, notamment grâce au tube interplanétaire « Reggae Night » qui sera joué dans toutes les discothèques. Ce titre reste encore aujourd’hui ‘LA référence’ pour une majorité de personnes quand on parle de Jimmy Cliff. Un reggae-pop, car l’artiste aime l’alchimie de plusieurs musiques à travers son œuvre.
Il traverse aisément les décennies, même s’il a une pose discographique débutée en 2010 et qui se poursuit jusqu’à 2020. Il n’oublie pas pour autant ses fans et continue de faire des tournées à travers le monde entier comme il l’a toujours fait.
En 2021 sort le single « Human Touch » et en 2022 voit la sortie de son dernier album Refugees. Ces dernières œuvres montrent que Jimmy Cliff n’a rien perdu de sa voix et de sa force d’écriture.
Jimmy Cliff et la spiritualité
Jimmy Cliff est un humaniste. À ce titre, il a été de plusieurs religions :
- Chrétien parce qu’il a été élevé dans une famille chrétienne, avec le culte du Christ ;
- Rasta, parce attiré par ses réflexions sur les racines africaines. Mais il n’a jamais totalement adhéré à tous les aspects mystiques ou dogmatiques du mouvement ;
- Musulman, avec sa conversion dans les années 70 (un peu comme Cat Stevens, son ami) en adoptant le nom d’usage « El Hadj Naïm Bachir » ;
- Il explor aussi le bouddhisme, le judaïsme et d’autres spiritualités.
À un moment donné, Jimmy Cliff déclare qu’il ne s’identifie plus comme « religieux » au sens traditionnel. Après ses explorations, il choisit de ne pas s’enfermer dans une religion précise. Sa spiritualité universelle est désormais fondée sur des valeurs humaines : fraternité, liberté intérieure, respect des racines, dignité.
De nombreux hommages
Les hommages n’arrêtent pas depuis l’annonce de la disparition de l’artiste.
Dans le monde du reggae, forcément :
- Ali Campbell ( UB 40) ;
- Inner Circle ;
- Cedella et Ky-Mani Marley ;
- Mr Vegas ;
- Sean Paul ;
- comme un signe du temps Alborosie reprend son titre "Club Paradise" sur son dernier album. Comme un cyle.
- etc.
mais aussi des amis/artistes de longue date , hors reggae, avec notamment :
- Cat ‘Yussuf’ Stevens évoque la présence puissante de Jimmy Cliff. Celui-ci avait repris le fameux « Wild World » de son ami ;
- Bernard Lavilliers se dit très ému et parle de leurs liens personnels et rappelle leur duo (le fameux « Melody Tempo Harmony » dans les années 1990), et qui témoigne d’un vrai respect malgré leurs parcours très différents.
Antoine Giocomoni, photographe et auteur du livre Reggae Jamaica disait de lui :
Jimmy est une personne remarquable, mais ce qui est vraiment impressionnant, c’est sa capacité à vous faire croire qu’il est tout à fait ordinaire, avec très peu de moyens. Il a le don de vous offrir une performance impromptue dans son garage, devant vous, avec simplement un piano et deux percussions, comme s’il se produisait sur la scène d’un grand théâtre.
L’artiste est parti, mais sa musique est éternelle.
Vu sur le livre Reggae Jamaica :
C'est quelque chose qui vient du ventre, comme le Ki en Aïkido : si tu intellectualises ta musique, te ne pourras jamais jouer du reggae.
Tout est dit pour cette légende du Reggae.
Article en hommage à Jimmy 'Cliff' Chambers
30/07/1944 – 24/11/2025
RIP
Toute photo avec l'aimable autorisation d'Adrian Boot - Urban Image.
