À l'occasion de la sortie de son album In Art We Trust, Spelim a accordé une interview exclusive à La Grosse Radio Reggae pour nous parler de ce projet. L'album sort aujourd'hui et il est disponible sur le site de Flowercoast.

Lauraggaroots : On s'était rencontrés début août sur le festival du No Logo BZH où on a évoqué ton projet In Art We Trust, qui était encore en préparation à ce moment-là. Six mois plus tard, l'album est terminé. Il est sorti le 14 mars 2025. Comment tu nous le présenterais aujourd'hui ?
Spelim : Comment je présenterai l'album, c'est une bonne question ça ! Déjà, l'album s'appelle In Art We Trust. Je crois que ça veut tout dire. En fait, c'est en réponse un peu à In God We Trust. Du coup, je n'ai pas le god, mais j'ai l'art. Moi, j'ai la foi en l'art, tu vois, je pense que c'est ça qui ouvre les esprits, c'est ça qui ouvre les yeux, qui ouvre les cœurs. Et du coup, voilà, j'essaie de pousser ça au maximum. Et c'est ce que j'essaie de faire un peu dans cet album-là. En parlant de moi, en parlant de nous, en parlant de nous tous, quoi. J'essaie un peu ça, je crois.
"Je dis In Art We Trust parce que ça fait du bien l'art"
Quels sont les messages et les émotions que tu souhaites que l'on ressente en écoutant ton album ?
Je ne me permettrai pas de donner des ordres, tu vois ce que je veux dire ? Je pense que chacun prend ce qu'il veut, quand il veut, où il veut. Et dans l'album, c'est pareil. Voilà un peu ce que j'envisage avec cet album. C'est que chacun puisse ressentir ce qu'il veut comme il veut un peu. Je crois que c'est ça que j'aimerais. Sans avoir forcément à donner des ordres sur ce que les gens doivent faire et ressentir. Je ne sais pas. Il y a des morceaux que j'ai écrits avec des émotions qui me sont propres. J'espère pouvoir les transmettre. Je parle de choses hyper cool, je parle de choses dures. On ne va pas prendre les morceaux un par un.
" Peu importe les émotions que ça t'amène"
Mais il y a un morceau qui parle du décès de mon père qui est tourné dans le sens un petit peu cool. Enfin, dans le pas cool, mais dans le sens, c'est comme ça et on avance ! Il y a des sujets durs. Il y a des sujets cools. J'ai envie qu'ils aient des émotions, lesquelles peu importe. Tant qu'il y a des émotions, peu importe. C'est pour ça que je dis In Art We Trust parce que ça fait du bien l'art. Peu importe les émotions que ça t'amène, ça fait toujours du bien !
"Je me suis basé sur ce que je ressentais"
Tu me disais dans l'interview précédente que tu voulais aller au-delà de la musique en explorant l'art numérique, le graphisme et le street art. Avec les clips que tu as réalisés, on peut voir que tu as vraiment réussi à combiner ces deux univers, en mettant autant d'énergie dans la dimension visuelle que dans la musique elle-même. Qu’est-ce qui t’inspire dans l'art visuel et comment fais-tu le lien entre ces deux formes d’expression dans tes projets ?
Je crois que, en vrai, c'est la musique vraiment. Pour l'art visuel, je me suis basé sur ce que je ressentais, sur la musique et sur l'image que j'en avais. Après, je ne suis pas seul pour faire ça. J'ai un pote à moi qui s'appelle Rino, qui part en tournée avec moi d'ailleurs. Qui est, lui, street-artiste. Il a l'habitude de prendre un message et de le traduire en visuel. Je le fais depuis longtemps aussi, pour être complètement honnête. Mais lui, c'est plus son truc. Il est là pour m'accompagner. Il s'appelle Rino, je vous invite à aller voir son travail, il est incroyable.
"On se comprend vraiment profondément"
Ton univers visuel est fortement marqué par le street-art et le graphisme. Peux-tu nous parler de ta collaboration avec ton graffeur Rino ? Comment s’est-elle mise en place et comment son travail a-t-il enrichi l’esthétique de tes clips et de ton projet global ?"
On se connaît depuis qu'on est ados et on était déjà très potes à l'époque. Pendant un petit moment, on s'est un peu perdu de vue. Mais on s'est retrouvé là récemment et en fait, ça a toujours été un pote. Du coup, on se comprend vraiment profondément. On n'a pas vraiment besoin de se parler, pas vraiment besoin d'échanger quand on se trouve sur des trucs qui nous plaisent, et ben feu quoi. Et c'est trop cool !
"Je les ai travaillées comme des capsules"
Dans cet album, on ressent une véritable cohérence et une ligne conductrice qui relie chaque chanson. Peux-tu nous parler de la manière dont tu as structuré l'album pour créer cette suite logique ? Y avait-il un thème ou une histoire spécifique que tu souhaitais raconter à travers l'ordre des chansons ?
Il n'y a pas vraiment une histoire spécifique que je voulais raconter à travers l'ordre des chansons. Chaque chanson, je les ai travaillées comme des capsules un petit peu de ce que je suis, de ce que je vis. Des moments forts de ma vie qui sont passés ces dernières années, même il y a très longtemps. Mis bout à bout, ça me raconte un peu en fait. Du coup, l'ordre, il s'est fait un peu comme ça. J'écoutais les chansons les unes après les autres un peu dans des ordres différents et à un moment, il y a un ordre qui m'a parlé en me disant : Ok, oui ça colle.
"C'est comme ça que je trouvais le truc beau"
Chaque chanson est à sa place. Il n'y a pas vraiment une histoire de A à Z sur l'album. C'est vraiment plein de petites capsules et qui pourraient être mises dans un autre ordre pour être complètement honnêtes. Et cet ordre, il est arrivé comme ça, parce que c'est comme ça que je trouvais le truc beau.
"Je serais complètement déprimé de ouf si je ne faisais pas ça"
Les messages de tes textes sont pour la plupart positifs et combatifs. Comme par exemple "Daemon" qui parle de démon intérieur et de comment les combattre. "Pirate Society" qui défend ta vision positive du monde, ou encore "Sometimes" qui célèbre la vie avec une énergie débordante. Qu’est-ce qui t’inspire à véhiculer ces messages dans ta musique et quel rôle penses-tu que la musique peut jouer dans le processus de guérison ou de changement personnel ?
Ah oui, clairement ! Je pense que je serais complètement déprimé de ouf si je ne faisais pas ça. Il n'y a pas de doute du tout. Moi, ce sont mes médocs. Quand on s'est rencontré, tu as vu comment j'étais. Je suis loin d'être négatif comme mec. J'utilise la musique pour ne pas l'être du tout. Depuis que je suis tout petit, c'est ça. Je ne composais pas forcément des morceaux comme ça, mais je faisais du piano classique à fond. J'ai toujours fait de la musique pour lâcher un peu mes émotions. Ça va être un peu égoïste ma réponse, parce qu'à la base, mes morceaux, je ne les fais pas forcément pour tout le monde. Oui, ça fait partie du processus un peu à terme. Mais en vrai, je les écris d'abord pour moi.
"Je les écris d'abord pour moi"
Ça peut paraître un peu égoïste, mais je pense que ça ne l'est pas forcément. Dans le sens où, à la fin, je les partage quand même. Ça m'amène à le partager avec des gens et je me rends compte que ça fait le job, et tant mieux ! Trop cool ! Si ce job-là, il est rempli. En plus, du fait que moi, ça me fasse du bien. Ça peut faire du bien à d'autres personnes. C'est genre juste tout bénef. Mais ce n'est pas forcément pensé dans ce truc-là. Je ne me considère pas du tout comme un pharmacien ! Après aussi, il y a un autre délire qui est, je pense que ça fait toujours du bien de faire du bien aux autres aussi. Je pense que tout est un peu un truc qui s'imbrique, même si, à la base, je ne le fais pas pour ça et comme ça.
"L'album est disponible sur le site Flowercoast"
Sur quels supports va sortir ton album ? Version digitale, CD, vinyle ? Et où peut-on se le procurer ?
Oui, il va y avoir un CD et du streaming. On peut se le procurer en précommande sur le shop de Flowercoast.
"Pas forcément des gros clips"
Lors de la première interview, tu m'avais confié que ton garage servait de lieu de tournage pour tes clips. On a pu le voir se transformer au gré de tes vidéos. Seules "Sometimes" et "Daemon" ont été tournés dans des lieux extérieurs. Pourquoi ce choix ?
J'avais envie de faire une grosse partie de mes clips sous forme de visualizer, c'est-à-dire des choses un petit peu bricolées, pas forcément des gros clips. "Sometimes" et "Daemon". J'ai fait appel à un réalisateur. J'avais envie de raconter plus de choses sur ces titres-là. Je vais quand même faire des versions dans mon garage de ces titres-là en vidéo. Mais en mode avec des musiciens. C'est juste que j'avais envie de faire des prods plus grosses dessus.
"C'était mortel ! J'ai trop kiffé."
En te suivant sur les réseaux sociaux, j'ai pu voir que tu as dû faire face à certaines contraintes lors de la réalisation de tes clips, comme par exemple la température trop basse pour faire sécher la peinture. Parmi tous tes clips, lequel a été le plus simple à réaliser, et lequel t’a posé le plus de défis ?
Il n'y en a pas forcément qui ont été plus simples que les autres, honnêtement. Sachant que je ne les ai pas tous faits. Et qu'il y en a peut-être des plus compliqués qui arrivent encore. Il n'y en a pas forcément des plus simples que d'autres. Le dernier que j'ai tourné "Pirates society", vu qu'ont été une trentaine chez moi. Il a fallu mettre en place tout le monde sur les pas et les mouvements. C'était rigolo, mais ça a pris un peu de temps. Plus que quand j'étais tout seul. C'était mortel ! J'ai trop kiffé.
"Le concept, ça va être de faire un énorme tas de coussins"
Quel est le prochain morceau que l’on pourra découvrir en clip vidéo ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur l'univers visuel et l'ambiance que tu souhaites créer autour de ce morceau ?
Ce sera "Dread Pop" je pense. Et le concept, ça va être de faire un énorme tas de coussins. Genre, quand je te dis, énorme. C'est énorme ! On va remplir le garage de coussins, vraiment. J'ai une idée en tête si ça fait ça. Ça va être trop stylé !
"On va faire un, deux, trois, soleil sur scène"
On avait parlé de ta future tournée et de l'intégration de l'art pictural dans tes performances live. Avec la tournée qui approche à grands pas, as-tu réussi à concrétiser cette idée sur scène ? Est-ce que l'art visuel et le graphisme auront une place importante dans tes concerts ? Et pour finir, y a-t-il de nouvelles surprises en préparation pour le public, que ce soit au niveau de la scénographie, des visuels ou des performances ?
Il y a tout un délire UV phospho et fluorescente qui va fonctionner sur scène. On est en train de mettre en place des trucs un peu fun en plus. On a des trucs gonflables stylés qui vont très probablement réagir à l'U.V. aussi. Qu'on va jeter dans le public. On a des pistolets à bulles énormes. Donc, il va y avoir des bulles. Il y a les baguettes phospho, ça, je t'en avais parlé. Le body painting. Quoi d'autre ? On va faire un, deux, trois, soleil sur scène aussi.
"La release party de l'album In Art We Trust"
Où pourra-t-on te voir prochainement ?
Le 29 mars à Paris, à La Boule Noire, pour la release party de l'album In Art We Trust.
"Je pense qu'il y aura une Deluxe Édition."
Est-ce qu'on aura la chance de voir un In Art We Trust Deluxe Édition ?
Je pense que oui. Je pense que dans un an ou un peu plus, il y aura une Deluxe Édition.
Le mot de la fin
Et ben ! In art We Trust ! Gardons la foi dans l'art !