Entretien avec Christophe Rigaud


Pentes de la Croix-Rousse, Lyon (16 juillet 2013)

Si vous ne connaissez pas Christophe Rigaud, il est encore temps de vous y mettre tant cette artiste généreux, originaire de Lyon, mérite d’être découvert ! Suite à notre rencontre durant sa date avec Morgan Heritage, le rendez-vous a été pris avec Christophe pour parler plus tranquillement de son album, ses influences, son parcours, sa vie. Discussion sans filets…

Christophe, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter, quel est ton parcours ?

J’ai 34 ans, je fais de la musique depuis maintenant 17 ans. Dès le début, j’ai tout de suite penché pour la guitare et le chant. Passionné de musique au sens large, j’ai commencé à perfectionné ma voix et mon jeu dans les styles reggae, blues, rock, soul, avec des tas d’influences. Le vrai déclic est venu quand j’ai commencé à jouer en groupe, c’était en 1998. Je me suis alors vraiment tourné musicalement vers le reggae et ai beaucoup écouté Marley tant au niveau des textes, que des morceaux, arrangements, etc. En plus de jouer de la guitare et de chanter dans le groupe Djalemba, j’ai aussi fait mes armes dans une Batoukada de Lyon (Les Mauvaises Graines). Cela m’a permis de réellement abordé différents instruments et différentes facettes de la musique au sein de collectifs.
 

Christophe Rigaud


Combien de temps a duré cette expérience avec Djalemba ?

Jusqu’en 2006, ça a été une belle aventure ! J’y ai trouvé de réels frères de musique ! A cette période, j’ai par la suite rencontré Yao Kan (vétéran de la scène reggae lyonnaise) qui m’a poussé. J’ai fait des chœurs pour son projet. Petit à petit, je tentais de proposer des choses, l’expérience venant. On a notamment fait les premières parties de légende du reggae, Toots & the Maytals, Max Romeo pour ne citer qu’eux. Maintenant, on est toujours ensemble puisqu’il est le bassiste du projet actuel…

Pour ma part, je t’ai découvert dans un bar Lyonnais, lors d’un sound system…

Exact ! J’ai beaucoup tourné dans les bars de la région. En 2008, j’avais vraiment à cœur de faire mon truc tout seul, ma guitare, ma voix, mes textes, sans filets. Le but était réellement de se confronter à un public difficile, car il ne vient pas forcément pour vous écouter ! C’est là tout l’intérêt, de cette expérience très introspective, ou j’ai vraiment pu faire évoluer mon rapport à la scène, au spectateur. J’ai fait plus d’une centaine de dates en deux ans et demi, je chantais du reggae, de la soul et pas mal de chanson française également. C’est une très bonne école ! Il faut pouvoir capter les gens, leur attention, avec le minimum d’artifices, souvent dans des contextes scéniques compliqués. Ça m’a amené à gagner le Ninkatour 2011 (NDRL : concours organisé par un organisme de spectacles bien connu des lyonnais) et de faire une résidence, de rencontrer encore plus de gens...

Comment s’est passée la suite ?

Toutes ces compos, que j’avais pu faire pendant tout ce temps ont été mis en CD, grâce à un gros travail d’orchestration fait en collaboration avec T. Fayet. Je vendais mes CDs direct dans les bars à la fin des représentations. Depuis trois ans, j’ai de plus en plus de connexions avec le monde du sound system. Là encore, ça m’a permis de mettre une autre corde à mon arc, poser sur des riddims, pas forcément choisis à l’avance, travailler son improvisation tant au niveau du style qu’au niveau des paroles. Aborder la scène différemment ! Finalement, ça m’a vraiment conforté dans ma démarche de vouloir vivre de ma musique. Toutes ces démarches et expériences m’ont amené à me repositionner d’un point de vue personnel. Il était temps de faire ce qui était pour moi comme une évidence : du reggae roots ! Ça peut paraitre étrange, mais j’ai eu besoin de ces différentes étapes pour générer cette envie, cet état d’esprit ! je voulais à présent monter un projet, fonder un groupe et faire du reggae roots à 100% ! J’avais une grosse envie de jouer de la musique avec des gens qui partage cette même passion pour la musique, mais surtout pour le reggae, pour arriver à trouver directement une certaine alchimie.

Là on parle du projet que vous êtes en train de défendre sur scène actuellement ?

YaokanExactement, je suis vraiment content du groupe qu’on a monté ! On est tous sur la même longueur d’ondes et avons tous une grosse expérience dans la culture reggae. Ça a été un gros avantage pour progresser et avancer rapidement et faire quelque chose de solide. Chacun ramène évidemment sa touche, son « passif », sa culture, qu’elle soit française, africaine ou caribéenne. Ça offre un beau mélange et ça nous permet de présenter quelque chose de vraiment pertinent sur scène ! Vu l’expérience de chacun, on a vraiment l’impression d’être arrivé à une certaine maturité et c’est également ça qu’on veut mettre en avant ! On est prêt ! On a une grosse volonté de tourner et on aime ça ! Se déplacer, amener notre musique aux autres ! Partout où on va, même si on ne nous connait pas, on a de très bons retours. On a va dire que tous ces indicateurs nous montrent qu’il faut pousser ! On a par ailleurs gardé la dynamique autour de mon expérience personnelle, de mes compos, d’où le nom qui reste « Christophe Rigaud » et pas un nom de groupe. Mais tout le monde participe ! Quoi qu’il en soit, peu importe le nom, tout le monde s’implique à fond dans le projet. On fait ça dans l’idée d’être sollicité ! À bon entendeur !

Mise à part ça, puisqu’on parle de scène, je vous ai trouvé extrêmement complets, malgré le fait que vous ne soyez que quatre ! Bonne prestation ! Qu’est-ce que tu peux nous dire sur la date de la semaine dernière partagée avec Morgan Heritage ?

Merci ! Ça fait plaisir ! C’est aussi ce qu’on veut montrer aux programmateurs, on peut faire quelque chose de qualité, de puissant, à seulement quatre personnes sur scène. On se fait vraiment plaisir dans ce set ! Pour en revenir à la première partie de Morgan Heritage, on a vraiment apprécié cette date, à domicile. Le timing était un peu serré, mais on a pu faire notre prestation et défendre notre son ! Je pense que le public a apprécié notre show et s’est amusé ! C’est le principal ! De plus, côtoyer un groupe comme Morgan Heritage, c’est super enrichissant, c’est un peu ce qui se fait de mieux sur scène à l’heure actuelle ! On a en tout cas donné le maximum durant l’heure qui nous était réservée et c’est ce qu’on a fait !

Christophe Rigaud Live CCO

Comment se passe justement l’aspect promo, management ?

Sur ce point, je suis heureusement aidé par Bobsleg qui s’occupe avec moi de la stratégie, de la communication, trouver des dates, prospecter, relancer les tourneurs, monter les dossiers de presse. Bref, des choses qui prennent énormément de temps, mais qui sont nécessaires pour se faire connaitre !

L’EP "See the River" est donc sorti en juillet 2012, comment s’est passé l’enregistrement ? Quels retours ?

Djo ToussaintOn a fait ça localement ! Tout a été fait à Lyon, au Studio 8pm de G. Gillet. C’est un réel artisan de la musique, et ça a vraiment été super d’enregistré avec lui ! Le résultat est vraiment super ! Côté retour, l’album a été très bien plébiscité par la presse spécialisée reggae. On a eu des gros soutiens de la part de reggae.fr qui nous a fait une chronique. L’album a été nominé comme révélation de l’année 2013. On a eu également un retour du principal media papier reggae français, Reggae Vibes, qui ont aussi fait un article, donc plutôt content ! J’ai pu passer chez PartyTime, là ça a vraiment été énorme ! Je tiens vraiment à remercier l’équipe de Party Time, leur ouverture d’esprit et leur disponibilité. J’ai participé en direct à l’émission pour présenter le projet, jouer quelques titres en acoustique, présenter mes compos mais aussi poser sur des riddims en freestyle (Lien de la vidéo). Ça a été une super expérience et une bonne carte de visite ! Gros big up à Party Time !

Comment s’est fait le choix de mettre ton EP en téléchargement gratuit ?

C’est vraiment compliqué de vendre des supports physiques aujourd’hui, donc le choix s’est imposé de lui-même. Mettre le EP en téléchargement gratuit sur Internet permet au plus grand nombre de France ou d’ailleurs de découvrir notre musique ! C’est ni plus ni moins qu’une carte de visite ! Avec l’immense possibilité de trouver la musique sur Internet aujourd’hui, la mettre en téléchargement payant aurait rendu les choses plus compliquées. On a ainsi eu des retours des 4 coins du monde grâce à ça ! Les gens ont par contre la possibilité de soutenir le projet et d’acheter le EP lors de nos dates.

Pourquoi chanter majoritairement en anglais ?

Encore une fois c’est mon expérience personnelle qui m’a poussé à plus m’exprimer en anglais. C’est surtout une vibe tu vois ! Je me sens mieux à chanter et écrire en anglais qui plus est pour du reggae ! C’est plus naturel pour moi, sans rentrer dans l’éternel débat reggae en français/reggae en anglais. C’est juste une affinité, une sensibilité, un ressenti personnel. C’est aussi un passeport plus facile pour toucher des gens hors de nos frontières ! Mon style de chant, axé sur du Blues, de la Soul voir Gospel se marie beaucoup plus facilement je trouve avec l’anglais…

Projet à venir ? Dates à venir ?

On a encore une date cet été le 3 aout à Rock en Poche, où il y aura notamment Raggasonic. Ça reste un festival très éclectique, pas typé que Reggae, donc c’est positif. A la rentrée, on a aussi une date avec Riké de Sinsemilia au marché gare, en novembre prochain. Sûrement d’autres bonnes chose à venir mais je ne veux pas trop m’avancer…

Frank Alibar


Tu avais également participé à des projets solo, je pense au 45 » sortit chez Ka records, tu en as d’autres sous le coude ?

Pas vraiment pour l’instant… Mais c’est plutôt un choix à vrai dire ! Bien sûr, je ne dis pas non aux projets qui me permettent de rencontrer des gens, de poser sur des bonnes intrus, mais en ce moment, je souhaite réellement consacré l’essentiel de mon temps au projet du groupe ! C’est La priorité ! Faire vivre le projet ! Mais toutes les expériences dont tu parles ont été extrêmement bénéfiques et m’ont permis de forger mon son aujourd’hui. Donc un gros big up à Ka records avec qui j’ai sorti un 45" sous le nom de Earl Wonder. Je pourrai également citer les représentations que j’ai pu faire avec Steve Levi, Sandra Mounam des Dynamics, avec Joe Lion ou encore le sound system Highly Seen… il y en aurait tant à présenter ! Big up à eux !

Merci beaucoup pour cette interview et big up à tous les musiciens qui se bougent pour faire vivre leur projet !

Merci à toi et à la Grosse Radio Reggae de diffuser le message et de soutenir les artistes indépendants !

Christophe Rigaud Band

crédit photos avec l'accord de Christophe Rigaud

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