Max Romeo, artiste légendaire du classique War inna Babylon, aux côtés de Lee Perry, vient de partir pour Zion ce vendredi 11 avril 2025. Retour sur l’auteur « One step Forward », et aux tournées mondiales, accompagné de ses enfants Azzizi et Xana Romeo.

Max Romeo, les débuts d'un chanteur
Max Romeo né Maxwell Livingston Smith, en 1944 dans la paroisse de St-Ann, d’où viennent aussi, Bob Marley, faut-il le rappeler, mais aussi Burning Spear et Marcus Garvey.
Comme beaucoup d'artistes, il va à Kingston, la capitale, et vit à Trenchtown, Un fief de futures stars, où il rencontre les Wailers. Fort de cela, il entame sa carrière en 1967 en tant que membre fondateur du groupe vocal The Émotions, aux côtés de Lloyd Shakespeare (le frère de Robbie) et de Kennett Knight. Il produit la chanson « Dont Want to Let You Go », qui remporte un grand succès, pour le label Carltone. Il rejoint ensuite pour un petit temps, The Hippy Boys, avec les fameux frères Barrett avant de se lancer dans une prolifique carrière solo.
Son premier véritable solo, en 1968 est incontestablement « Wet Dream ». une chanson aux paroles légères, osées ? Trop ? Le titre est banni des ondes radio. Peu importe, la machine à succès est lancée. L'année suivante, il embrasse la voie rasta, mais reste tout de même très ancré politiquement.
Entre politique et religion
Bunny Lee, sort en 1969 l'album A Dream. Max Romeo. Au début des années 70, écrit des chansons plus politiques comme « Let The Power Fall On I » qui sera utilisée comme hymne du PNP pour les élections lorsque Michael Manley devient le premier Premier ministre socialiste en 1972. La Grosse Radio Reggae vous recommande le livre Reggae et politique dans les années 70 », de Thibault Ehrengadt, créateur du magazine Natty Dread. Son album Let the Power Fall est le parfait mariage entre foi rasta et engagement politique. Déçu des engagements tardifs de Norman Manley, surnommé Joshua, Max Romeo n'hésitera pas, par la suite à critiquer Manley avec un titre comme « No Joshua no ».
Les années 1970 marquent le sommet de la carrière de Max Romeo, avec la sortie de l’album Revelation Time en 1975 et les titres « Tackto », la comptine revisitée de « Three Blind Mice » ou encore « Open the iron Gate ». 1976 voit naitre LE CLASSIQUE War Inna Babylon aux côtés de Lee Perry et des Upsetters. 9 titres, 9 legendes dont « War inna babylon », One step Forward », Chase the Devil », Stealing in the name of Jah » « Uptown babies don' cry ».
Derrière l'artiste, l'homme
Quelque temps après, déçu par le peu de résultats du gouvernement de Michael Manley envers le peuple, Max Romeo part par New York, mais se rend compte que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Même s'il enregistre épisodiquement des albums, il s'éloigne alors quelque peu de l'univers musical et part vivre à la campagne, où, loin des studios de Kingston, il s'occupe d'une production agricole, par laquelle il fait vivre sa femme et ses enfants.
Au début des années 90, des promoteurs européens le contactent pour qu’il fasse des tournées en France et en Angleterre, entre autres, pour redécouvrir le reggae roots, très demandé par les fans. Au fil de ses tournées, il emmène parfois ses enfants Azzizi et Xana, la relève en main, et sort des albums de bonne facture, tels que Perilous Times (compilation de 2002 couvrant la période 1974-1999), A Little Time For Jah (2003) et Words From The Brave (2019).
La tournée d'adieu en 2023 –The Ultimate Tour
En 2023, alors qu'il a 78 ans, Max Romeo annonce sa dernière tournée. Celle-ci comprend 50 dates. Elle débute en Israël, et passera par l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni, la Suisse et la France. La caravane passera même par Brassac-les-Mines, pour le Arverne Reggae Festival #6. (le live report ici)
Sur cette tournée d'adieu, nommée The Ultimate Tour, il est accompagné également par sa fille Xana Romeo et son fils Azizzi Romeo. Lutan Fyah et Droop Lion seront également de la partie pour quelques-unes des dates. Parmi les musiciens sur cette tournée mémorables : Kubix, Rico, Daniel Adelaïde, Pierre Chabrel, Thomas JointLaber, Jim High et Dominique Marie Joseph. Malgré cette retraite annoncée, on le voit en 2024 sur plusieurs projets, des vinyles et des concerts qui continuent. Notre artiste semble éternel.
Max Romeo, sa disparition
Il était annoncé, entre autres, au festival No Log Bzh 2025 aux côtés d'autres vétérans, comme I Jah Man, Third World et The Twinkle Brothers. Max Romeo ne prend jamais sa retraite. Malheureusement, le sort en décide autrement. Après 3 jours d'hospitalisation pour des problèmes respiratoires, et alors qu'il devait ressortir, Max Romeo succombe à des complications cardiaques dans un hôpital à St. Andrew, en Jamaïque, comme en témoigne, Xana, sa fille.
Max Romeo est parti chasser le diable « Chase The Devil», comme il le chantait si bien. Nos condoléances vont à son épouse, ses enfants, sa famille et ses nombreux fans à travers le monde.
RIP

À avoir obligatoire dans sa discothèque :
- War Ina Babylon (1976) ;
- Revelation Time (1975) ;
- Every Man Ought To Know (1974)
- de nombreux 45 tours sur différents labels ou sur Charmax Music, son propre label.
Article en hommage à Max Romeo 22/11/1944 – 11/04/2025
Toutes photos avec l’aimable autorisation de Manon Roots pour LGR Reggae.