Goûroôts, groupe francilien de reggae, est de retour le 16 mai 2025 avec son nouvel album intitulé Je pars. 3 ans après Baby Boom, les 7 artistes emmenés par la voix chaude de Lucky continuent leur bonhomme de chemin pour notre plus grand plaisir. Partons avec eux !

Goûroôts part pour un havre de paix
« je pars » est une invitation au voyage avec la sirène du paquebot, le minaret, le début de chansons aux teintes du Maghreb. Pour ce titre, Lucky partage le chant avec Youss, pour une ballade en voyage tranquille, du côté de l'Algérie ou du mali, par exemple. Youss envoie le côté exotique, mais aussi vindicatif du morceau en dénonçant les travers de Babylone. Ex-membre du groupe algérien Intik (écoutez leur « Je m'en fous », puissant ! NDLR) , il sait faire vibrer sa voix teintée de reggae, de dancehall , de rap et de chaâbi.
« Dis moi » est un très bon ska teinté de jazzy espagnol. Une ode à la vie incitant à vivre sans peur. Lucky a parfois des intonations très 'Claude Nougaro' dans la chaleur de la voix, partant même en jazz manouche. La positive attitude à l'état pur.
« Si belle dame » avec une guitare, presque pleurante est un hommage émouvant à la maman de Lucky, décédée en 2024. Une mama thune très touchante, à laquelle chacun de nous peut se reconnaître. Il est des épreuves de la vie plus difficile que d'autres à surmonter.
« De partout où d'ailleurs » est une réflexion sur les frontières et les différences culturelles. Elle est la suite d'un fil conducteur avec « Je pars ». La fin de morceau fait très jazz dans la ligne de basse. Le refrain (tout comme le petit riff de guitare) est entêtant et un gros pari, qu'il sera repris en cœur en concert par toutes les personnes présentes, pour ne faire qu'une seule voix.
De partout ou d'ailleurs, on appartient tous à un petit coin.
Reprise traditionnelle, cover et création, Goûroôts sait tout faire
Pour « Ederlezi », c’est 'Tuff' qui prend les commandes du lead vocal. Et quelle voix ! De la puissance et détermination pour cette reprise en reggae du classique popularisé par Bregovic (à la base un chant traditionnel, NDLR) et qui marque la fin de l’hiver chez les Tziganes/Roms. Cette chanson s’étire, tel un mantra, digne de figurer en tête d’affiche d’un festival tel Le Rêve de l’Aborigène. La magie opère et nous transporte dans les Balkans. Ce titre, à l’origine, est tiré de la BO du film Le Temps des Gitans , sorti en 1988, pour les cinéphiles.
Avec le soleil qui arrive et l’été qui se profile doucement, on se trouve bien « À l’ombre ». Un titre qui rappelle les vacances et la joie de vivre pour un riddim simple, mais qui saura faire déhancher même le plus raide des bassins !
Ceux qui connaissent l’histoire de la chanson française n’auront aucun mal à reconnaître le titre « Syracuse » écrit par Bernard Dimey et composé par Henri Salvador. Passée à la moulinette reggae, cette chanson évoque un tour du monde, avec des destinations exotiques de rêve, dont Syracuse, l’île de Pâques, FujiYama, et les fameux jardins de Babylone. Une chanson qui, une fois de plus, fera voyager tout autour du monde sans prendre l’avion ou le bateau. Vivez la croisière à travers le navire Goûroôts !
Eau, source de toute vie !
« Kiléo » est un bel hommage, une poésie musicale sur la rareté et la préciosité de l’eau. Aujourd’hui, l’eau se fait de plus en plus rare, utilisée (et gaspillée) pour faire refroidir les réacteurs nucléaires, créer des climatiseurs géants pour des stades au Katar, pour maintenir à température correcte de fonctionnement les serveurs des Data Centers. Par exemple, 5 litres d’eau sont nécessaires pour générer une image IA. Pensons-y ! Ce titre n’est pas sans rappeler le titre « Rien que de l’eau » chanté par Veronique Sanson en 1992.
De surviv'All
« Things will change » nous replonge dans l'époque du groupe Surviv'All (procurez-vous l'album Daily Resistance ) ! Groupe dont faisait partie 'Tuff' aux claviers. Il a écrit cette chanson à cette époque, en compagnie de Marina P, la chanteuse de Surviv'All. Ce titre met en évidence le côté crooner de Christophe et fait penser à un bon Gaylads.
« Le funambule » est plus intimiste, avec des petits cuivres et un clavier bien senti. Ambiance digne d'un piano/bar, un savant mélange d''équilibre entre rythmique et paroles, une basse bien ronde pour nous parler du fait de marcher sur le fil de la vie.
« Aime ou M » moment raggamuffin style de l'album. Là encore, Lucky nous montre ses talents, tant de chanteur que de phrasé. Il chevauche à merveille le riddim tel un cavalier sur une course effrénée et gagnante. Plus qu'une leçon de vie, Luchy chante l'amour, chante la vie pour notre plus grand bonheur. Le riddim est tellement puissant que j'entends déjà de nombreux 'apprentis ou chanteurs confirmés s'essayer dessus.
... à la Bible et au Roi Lion
« Je suis celui » est le premier single de l'album, un titre mystique i mêlant jeux de mots et réalité quotidienne. Les artistes, sont comme des prophètes, ils soignent avec la musique et nous montrent la voie. « Je suis celui qui suis » n'est-il pas inspiré d'Exode 3:14 où Dieu cette phrase à Moïse.
Je suis celui qui prie pour soulager le fardeau de ton âge accompli.
Surement le texte le plus profond de l'album. Lucky a un large éventail de thèmes. Le reggae, c’est ça : à la fois léger et entraînant, mais aussi profond et spirituel.
L’album se termine sur un « Zola » morceau rythmé très africain de l’Ouest, avec des chœurs qui rappellent celles du Roi Lion. « Zola » signifie fraternité et amour en lingala, une langue bantoue parlée au Congo, en Angola et en République centrafricaine. Le rythme endiablé vous fera danser, transpirer, vibrer pendant plus de 4 minutes.
On ne change pas une équipe gagnante
En effet, le groupe reste quasi le même sur les deux albums. Des musiciens qui ont une parfaite connaissance de leur art pour nous offrir des mélodies soignées et raffinées. Ils se font plaisir et nous donnent du plaisir, l’essence même de la bonne musique. On retrouve donc :
- Luc 'Lucky ' Hébert au chant ;
- Christophe 'Tuff' Laxenaire au chant, mélodica, chœurs et claviers ;
- Nathaël 'Nath'Lex Lengel à la basse ;
- Michael 'Mika' Focquet à la batterie ;
- Francis 'Weedy' Quilbéau aux percussions et chœurs ;
- Charles 'Carlito' Frederik Avot aux claviers, chœurs, guitare lead et rythmique ;
- Christian 'Kristy' Kramp à la la lead guitare ;
- Stéphane 'Stéf Pulsasion' Farrugio à la guitare thymique ;
- ManCris Lovailé aux chœurs ;
- Pierre 'Stone' Mainié à la trompette et Thierry Croix au violon, complètent la liste.
Côté mixage, on retrouve 'Tuff' et 'Carlito' tandis que 'Nath' s'occupe du mastering.
'Tuff' concoit l'album et Zoé Deleersnyder gère, une fois de plus, une pochette qui fait voyager. Issue de l’École supérieure des Métiers Artistiques (ESMA) de Montpellier, elle est aussi à l'origine de la première pochette du groupe Baby Boom (La grosse chronique ici) ainsi que du logo Goûroôts pour ses belles inspirations et son travail sur la réalisation de la pochette et du logo.
Goûroôts signe un deuxième album qui saura satisfaire les fans de reggae les plus exigeants. Et comme vous, je peux le dire avec eux, Je pars !

La grosse récap
Goûroôts – Je pars
Autoproduction
sortie le 16/05/2025 sur toutes les plateformes de téléchargements légales.
Tracklist :
- Je pars (feat. Youss)
- Dis moi
- Si belle dame
- De partout et d'ailleurs
- Ederlezi (Tuff en Lead vocal)
- A l'ombre
- Syracuse
- Kiléo
- Things will change
- Le funambule
- Aime ou M
- Je suis celui
- Zola






