Billy Ze Kick a accordé une grosse interview à La Grosse Radio Reggae, pour la sortie du morceau "Rien n'a changé" en featuring avec Tomawok. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur ses influences, son état d'esprit et ses futurs projets.

Lauraggaroots : comment as-tu trouvé ton nom de scène Billy Ze kick ?
Billy Ze Kick : ça remonte à quelques années. Mon nom de scène, je l'ai choisi lors d'un jeu de rôle grandeur nature où l'on s'amusait à jouer des rôles en ville. Billy Ze Kick, c'était aussi le titre d'un livre de Jean Vautrin, qui racontait l'histoire d'une petite fille qui lançait des ultimatums écolos à la société de consommation. J'avais kiffé le bouquin, donc je l'ai adopté. Ce pseudo, c'est un petit peu embêtant parce que des fois les gens, ils imaginent que c'est le groupe, que c'est un gars. Donc c'est un peu délicat.
Le premier critère, c'est que ça groove
Comment est née l’idée de mélanger le reggae, le rap, le jazz, l'électro et la pop psychédélique dans tes morceaux ?
Je tâte en fait. Tout est à ma disposition pour illustrer mes textes. Je dirais que c'est pas mal dû au pouvoir du sampling, ou l'on peut faire groover à l'infini une mesure. On peut faire groover du jazz, du reggae, de la pop, de l'électro. Donc, c'est un petit comme ça que j'ai adopté tous les styles. Pour moi, le premier critère c'est que ça groove et à l'infini !
J'ai besoin qu'il y ait du sens
Tu as un style préféré ou tu aimes tout en musique ?
Mon style préféré, c'est quand le chanteur à quelque chose à dire. Quand je comprends ce que la personne dit. Que ce soit en anglais ou en français, mais que ça ait un sens. Que le message ait lieu d'être, quelque chose de tangible quoi. Sinon c'est trop gratuit, si c'est pour redire les informations. Et puis un bon refrain, une mélodie que je peux reprendre en cœur. Il faut que je comprenne un petit peu la chanson, que ce soit drôle. Peu importe que ce soit de l'électro ou autre. Du moment que ça a du sens.
J'ai su que c'était culte trente ans après
Est-ce que tu avais conscience, à l’époque, que des chansons comme "Mangez-moi" ou "OCB" allaient devenir cultes ?
Évidemment que non, pas du tout. Et d'ailleurs, j'ai su que c'était culte trente ans après. C'est récemment en fait que j'ai découvert ça. C'est logique, ça devient culte avec les années. Au début, je suis resté avec ma petite bande, je n'avais pas vraiment affaire avec le public. Maintenant que ça, c'est un peu tassé, j'ai affaire au public. Et je vois à quel point ça a marqué l'inconscient collectif, c'est assez incroyable. Parfois, les gens sont hyper émus quand il me parle de la musique. Il y en a même qui me disent que je leur ai sauvé la vie. Je dis non ce n'est pas moi, c'est la musique !
C'est l'album qui a marqué les gens
C'est l'album en plus qui a marqué les gens, bon y a les chansons effectivement, mais l'album aussi. Il était chanté sur les cours de récréation, même dans les commissariats de police. Je connais des gens qui chantaient "L'Adjudant Gereux" à leur supérieur. D'autres dans les cours de récréation "Encraoudi Encraouda". Ça a fait son petit travail ben écoute tant mieux c'est un peu le but des chansons.
Je ne pouvais pas faire mes courses tranquilles
Comment as-tu vécu le succès fulgurant dans les années 90 ?
Le succès fulgurant d'un côté, c'est super agréable de recevoir de la reconnaissance pour un travail artistique. Ça, il n'y a aucun doute la dessus. Maintenant moi, j'ai eu l'impression de me transformer en monstres. Par rapport aux gens qui sont obnubilés par la télévision, je leur appartenais. Ils avaient un avis sur ma personne. Je ne pouvais pas faire mes courses tranquilles, c'était relou ! Maintenant, je trouve que c'est sympa parce que les gens ont digéré. Mais au début, c'est très désagréable. On a l'impression d'être une bête de foire. C'est là où j'ai mesuré l'ampleur de l'influence de la télévision. C'est vraiment énorme, quoi. Les gens te voient à la télévision, tu deviens quelqu'un d'autre. C'est très bizarre. La septième dimension !
Il y a aussi ce syndrome de l'imposture
Il y a aussi ce syndrome de l'imposture. Franchement moi, j'ai fait mes petites chansons avec mes amis. Et quelque part, je me dis, ils me prennent pour qui ! Je ne suis pas Voltaire, pas Rousseau, ni Johnny Hallyday non plus. C'est un peu exagéré. Il y a un peu de schizophrénie qui se développe entre l'idée qu'ont les gens et moi ce que je suis vraiment. Beaucoup d'artistes sont comme ça. On se dit, il faut que je m'ajuste sur l'image qu'ont les gens. Et puis ça devient un peu bizarre, un peu schizophrénique.
J'ai pris un peu de maturité
Maintenant, les choses sont plus en ordre, j'ai pris un peu de maturité, mais à l'époque, c'était un peu bizarre. Après, j'ai eu des choses gratos. Je passais à la caisse d'un supermarché les gens était tellement incroyablement surpris, qu'ils oubliaient de me faire payer donc c'était cool. Rire.
Les flics, ils m'arrêtent et ils me demandent une dédicace. C'est cool aussi, mais je paye quand même l'amende. Ils me disent, on aime bien votre musique et tout ça. Ça fait des situations vraiment cocasses ! Même encore en ce moment, la police, ils aiment bien m'arrêter. J'ai une voiture un peu rose et ça les amuse de m'arrêter. Rire
Il n'y a pas de raison, si j'ai un message à transmettre
Est-ce que Billy Ze Kick pourrait revenir sur scène dans un univers encore plus fou que dans les années 90 ?
Ben oui, bien sûr. Il n'y a pas de raison si j'ai un message à transmettre. Je suis dans la tête spirituelle, toutes les époques sont adéquates. Particulièrement celle-là actuellement. Pour moi, il y a besoin de beaucoup de spiritualité actuellement dans un monde où l'on est immergé dans le matérialisme et le narcissisme. C'est un petit peu grave. On est dans un côté obsessionnel, en plus de la réussite. Les années 90, c'est vrai ce qui était bien, c'est que c'était un petit peu le Flower Power avec la rêve party et tous ses sons-là. Une renaissance quoi !
Ça dénonce beaucoup de chose
Et puis c'est reparti dans les années 2000 avec de la peur, des bugs. Bon maintenant, c'est tout l'internet qui est pas mal, ça dénonce beaucoup de chose. On a accès à une information un peu différente pour ceux qui se cassent la tête à aller chercher la vérité évidemment. Pour les autres moutons, bon ben voilà, ils suivent le berger qui va nous emmener à l'abattoir. Pour leur bien évidemment.
Il avait réuni plusieurs personnalités
J'ai lu que tu avais rencontré Tomawok lors de la Canaparade de Paris en 2024, tu peux m'en dire un peu plus sur cette rencontre ?
Ce n'est pas tout à faite à la Canaparade. Il y a eu une petite réunion organisée avant par Bruno Rossignol qui est maintenant président du cirque. Il avait réuni plusieurs petites personnalités, fans de la ganja de toutes ces propriétés et ces vertus. C'est là où je l'ai rencontré mais je n'ai pas fait connaissance avec lui. Et ensuite, on a beaucoup plus discuté sur la Canaparade de 2024.
J'ai dit, mais oui très bonne idée
D'où est venue l'idée de refaire le morceau "Rien n'a changé" en version reggae ?
"Rien n'a changé", ça, c'est un petit peu mes fans, mon public et les organisateurs qui m'ont tanné pour refaire ce titre là. Donc je vais voir le studio qui me dit, ce serait pas mal de faire chanter Tomawok et j'ai dit, mais oui très bonne idée ! C'est comme ça que ça, c'est passé.
Je suis en train de passer par pas mal de coopération
Ton dernier album remonte à 2013, Est-ce que tu as un nouveau projet sur le feu ?
J'ai fait un petit morceau avec Ramses de Saï Saï. On va un petit plus loin. On rappelle aux gens qu'ils créent eux même leur réalité et qu'il y a un logiciel de peur qui fonctionne par défaut à l'intérieur de leur tête. Il faut qu'ils en prennent conscience. Ma mission ça va être ça pour l'instant, remonter les fréquences. Rappeler aux gens que l'on est les créateurs de nos propres vies.
Il faut arrêter de créer la guerre à l'extérieur de nous
Il faut arrêter de créer la guerre à l'extérieur de nous. C'est-à-dire pacifier à l'intérieur pour pouvoir projeter quelque chose de plus sain. Moi, c'est ceux en quoi je crois. Je suis en train de passer par pas mal de coopération. Ce qui est pas mal parce que là ça commence à peser d'être solo. Donc c'est bien de réunir un peu de monde pour faire un peu de synergie et pour se donner un petit peu la banane. J'ai écrit un petit titre sympa, qui sait, peut-être avec Guizmo de Tryo. On va voir.
Je travaille avec quelqu'un qui est un peu plus reggae
Un album en version reggae ?
Pour l'instant, je travaille avec quelqu'un qui est un peu plus reggae. En ce moment, je suis dans ce milieu là Dancehall, Reggae. Parce que le producteur est dans ce style là. C'est lui qui quelque part et le réalisateur qui concrétise les projets. Avec Ramses, heureusement qu'il y avait le producteur pour nous ramener dans la cabine et enregistrer. Parce que sinon, c'est des heures et des heures à discuter et à refaire le monde. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui puisse être bien dans le concret et recadre les choses. En deux jours, c'était plié. On avait un titre qui était juste, en rythme. J'ai trouvé un petit peu un équilibre avec tous ces gens-là. Je prends vraiment le temps de reconnecter avec ce milieu.
Pour avoir la paix à l'extérieur, il faut faire la paix à l'intérieur
Le mot de la fin :
Pour avoir la paix à l'extérieur, il faut faire la paix à l'intérieur. Il faut être conscient, aller chercher les informations ailleurs que sur les médias mainstream. Et puis être responsable de sa vie. Être capable de se dire, je créais ma réalité même si je le fais inconsciemment. Si je le fais inconsciemment et que je vis des choses difficiles, il faut reprendre sa vie en main ! Donc être conscient. C'est la conscience qui est en train de changer en ce moment. Il faut la pousser un petit peu vers le haut parce que sinon y en a d'autres qui se chargent de la faire baisser vers l'esclavage mondial.
Pour aller plus loin
Vous pouvez retrouver l'article de La Grosse Radio Reggae sur le morceau "Rien n'a changé" en collaboration avec Tomawok. Ainsi que toutes les dates de Billy Ze Kick sur le site Billy Ze Kick Tour.


