Jah9, Ken Boothe, Horace Andy, Alborosie – Le Radiant (Caluire) – 13.11.2016

C'était l'une des dates phares de cet automne à ne manquer sous aucun prétexte. Talowa Productions et Mediatone avaient réuni sur un seul et même plateau, en ce dimanche 13 novembre au Radiant-Bellevue de Caluire-et-Cuire près de Lyon, tenez-vous bien, Jah9, Ken Boothe, Horace Andy et Alborosie !!

Autrement dit, ce sont plusieurs générations incarnant le reggae music sous toutes ses formes qui se sont succédées sur scène devant un parterre de massives venus en nombre. En effet, ce n'est pas tous les jours et pas partout que l'on peut voir une telle programmation. Seuls les festivals sont d'ordinaire capables de réaliser ce genre de chose. Et comme pour les festivals d'ailleurs, on a regretté que les artistes n'ont pas joué suffisamment longtemps. Mais ne boudons pas notre plaisir, c'est de l'excellent reggae qui nous a été offert ce soir-là ; normal, me direz-vous, eu égard à la notoriété et au talent des chanteur(se)s présents.

Honneur aux femmes et à la jeunesse, c'est donc Jah9 qui s'est présentée en premier sur la scène du Radiant. Moins connue que ses homologues qui viendront prendre sa place par la suite, la Jamaïcaine n'en est pas moins dénuée de maîtrise et de savoir-faire en matière de reggae music. Elle était backée par le Dub Treatment, formation qui l'accompagne régulièrement et qui a, d'emblée, mis tout le monde d'accord  avec un medley avant d'enchaîner sur le stepper "Jungle" dont la flûte en introduction nous rappelle le "Africa unite" de Bob Marley
Mais Jah9 était également venue pour défendre son dernier opus, le jazzy et très nyabinghi 9, sorti en septembre (la grosse chronique ici). On aura justement regretté que les percussions, omniprésentes sur l'album, étaient beaucoup plus rares lors de ce concert, hormis quelques incursions de la part de Guillaume "Stepper" Briard lorsqu'il délaissait son saxophone. Mais de bongos ou de congas, il n'en était pas question ce soir-là ; c'est fort dommage, car cela aurait rajouté un peu plus de mysticisme, aspect qui caractérise grandement Jah9. Cependant des titres tels que "Humble Mi" ou encore "Unafraid" sur le riddim ravageur des Gladiators "Can't stop righteousness" conservent tout de même toute leur puissance spirituelle sur scène.
Autre riddim classique réorchestré par le Dub Treatment, le "Rockfort rock" avec "Mr Preacher man", à travers lequel Guillaume Briard n'a jamais aussi bien porté son surnom lorsqu'il exécute sur un rythme stepper la fameuse mélodie avec son sax. Puis avec "Taken up", c'est une autre ambiance que Jah9 nous a proposé : sa voix soul se mariait avec brio avec un clavier et surtout une batterie aux incantations jazz ; en effet, sur ce morceau, ne manquaient plus que les balais dans les mains du batteur.
Jah9 nous a ainsi montré, par ce set, qu'elle était capable de puiser dans bien d'autres influences que le reggae, même si le clou du spectacle restera, selon nous, le très roots "Avocado".

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Après l'une des plus brillantes représentantes du reggae revival, du new roots, peu importe, appelez cela comme vous voudrez, nous avons vu s'opérer un retour en arrière de plusieurs décennies pour nous replonger aux origines du reggae avec Ken Boothe.
Ken Boothe ou la classe et l'élégance jamaïcaines à l'état pur. Vêtu d'un costume, comme cela était de rigueur à l'époque (souvenez-vous des premières photos de Bob Marley, au début des années soixante, où il ne s'était pas encore converti à la philosophie rasta et où il portait cravate ou nœud papillon, chaussures cirées et tout et tout...), le légendaire Ken Boothe, accompagné du même Dub Treatment de Jah9, a annoncé la couleur dès le début avec " This is rocksteady". C'est donc à un set purement et simplement rocksteady auquel nous avons eu droit et à travers lequel le Jamaïcain a mis le feu. Ken Boothe est peut-être un vétéran du haut de ses 68 printemps, il n'en laisse cependant pas transparaître un iota dès lors qu'il danse, gesticule, remue, tournoie tel le jeune homme qu'il était durant l'âge d'or du ska et du rocksteady. Cette période étant révolue depuis des lustres, Ken Boothe nous l'a fait revivre le temps d'un concert. Et à notre plus grande joie !! Il aura interprété certaines de ses love songs comme "The Girl I left behind", "Crying over you", "You keep me hanging on" ou "Artibella". On pourra objecter que les chansons d'amour sont un sujet beaucoup trop léger pour le reggae, il n'empêche que Ken Boothe conserve toute sa puissance vocale et son authenticité lorsqu'il nous fait part de ses peines d'amour perdues. Quant au célèbre "When I fall in love", il ne durera qu'une minute, tout au plus, histoire de le mentionner, avant que Ken Boothe n'enchaîne sur un autre titre.

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Changement de registre avec une autre immense figure du reggae des origines, j'ai nommé Horace Andy. Je dis bien registre musical, car pour ce qui est de l'attitude en live, Horace Andy se comporte de la même manière que son compatriote Ken Boothe, quoiqu'encore plus fougueux. Survolté, débordant d'énergie, courant dans tous les sens, traversant la scène d'un bout à l'autre à la vitesse de l'éclair, Horace Andy nous ferait presque oublier lui aussi qu'il avoisine les soixante-dix ans. Impossible de le suivre à la trace !! D'autant plus que le band qui l'accompagnait, IP Crew, était dirigé d'une main (ou plutôt de deux) de maître par le jeu impressionnant d'El Manu Garcia à la batterie ; et tels des acharnés, l'on retrouvait encore Guillaume "Stepper" Briard et Henry Matic Tenue  aux cuivres, qui auront donc opéré sur trois concerts ce soir-là. Très belle performance !
Si vous réclamiez du pull up de la part d'Horace Andy, alors vous étiez servis. En effet, c'est sur pratiquement chaque morceau que le chanteur demandera à ses musiciens de recommencer. Horace Andy est décidément inarrêtable !!
Et c'est une avalanche de classiques que le chanteur au célèbre vibrato aura offert aux massives : "Money", "Live in the city", "Quiet place" sur le "Man next door" riddim ou "Elementary" sur le "Heavenless" riddim. Mais on aura surtout retenu "Skylarking" avec un solo époustouflant au saxo de Guillaume "Stepper" Briard et également le légendaire "Cuss Cuss" sur lequel le guitariste Kubix s'est lui aussi éclaté en proposant un solo d'une grande classe.

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Et ce fut finalement au tour d'Alborosie de venir fouler la scène du Radiant en compagnie du Shengen Clan. A quelques rares exceptions près, c'est au même show qu'au No Logo (live report ici) auquel nous avons eu droit. Nous avions d'ailleurs tellement été bluffés cet été par l'exceptionnelle qualité de la prestation du Sicilien et de son band qu'il nous tardait quand même de revoir tout cela. Et une fois de plus, nous n'avons pas été déçus : le rub-a-dub d'Alborosie est toujours aussi percutant et efficace sur scène, surtout que le chanteur est assisté de musiciens de talent. Ces derniers ont donc exécuté le fameux gigantesque medley de plus d'une demi-heure et sur lequel Albo interprète, entre autres, les titres de son dernier album Freedom & Fyah (la grosse chronique ici) : "Poser", "Can't cool", "Rocky road", "Everything" ou encore "Strolling" (d'après un riddim de Manudigital et de son label Flash Hit Records) où le choriste prend la place de Protoje pour quelques instants.
Mais le fait le plus marquant du concert fut le moment où Alborosie, afin de rendre hommage aux victimes du Bataclan un an jour pour jour après les attentats de Paris (nous étions en effet le 13 novembre), a réclamé une minute de silence aux massives présents dans la salle. La musique est une et universelle, que l'on écoute du reggae, du metal, du jazz, de l'electro, du hip-hop, c'est bel et bien ce qu'a voulu montrer Alborosie par cette attitude de respect et de compassion. Et il a d'ailleurs justement joint le geste à la parole quand il s'est plu à reprendre le "Johnny B. Goode" de Chuck Berry, tout comme le Shengen lorsque, durant un intermède de solos, le saxophoniste a joué le thème de La Panthère rose, le guitariste "Seven Nation Army" des White Stripes et la choriste le "Is this love" de Bob Marley.
Et avant de faire ses adieux au public de Caluire, Puppa Albo chantera l'inévitable "Kingston Town", morceau qui venait clôturer cette soirée inoubliable qui restera longtemps gravée dans nos mémoires.

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Un immense BIG UP à tous les artistes, à Talowa, à Mediatone et à Masta Ridha.

Crédit photos : Frédo Mat

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