Interview : Fred Lachaize, créateur du Reggae Sun Ska

Lors de la 20ème édition du Reggae Sun Ska nous sommes allés à la rencontre de Fred Lachaize, le directeur de l’association Reggae Sun Ska qui nous a livré tout au long de cette interview des anecdotes sur ce qui est aujourd'hui l'un des plus grand festivals français.

LGR : La 20eme année se déroule actuellement, quel est ton ressenti ?

Fred : On est plutôt pas mal là non? 20 ans, il fait beau, il y a beaucoup de monde. Tout le monde a le sourire, ça fait longtemps qu’on n’avait pas eu de si bonnes vibes sur le festival. Une telle ambiance. C’est juste super. (rire)

Nous avons entendu dire qu'il y avait 100 000 festivaliers annoncés ?

C’est une intox de médias. On a jamais annoncé ça, mais ce qui est sûr c’est qu’on va pouvoir comptabiliser à la fin de l’événement environ 70 000 personnes présentes sur le site. Que ce soit les invités, le public, les personnes qui constituent l’équipe, le staff et les bénévoles c’est plus de 70 000 personnes accueillies pendant ces trois jours. Donc c’est quand même un pari déjà assez fou quoi. (rire)

Alors dis nous tout, comment l’histoire a-t-elle débuté ?

Ecoute, on faisait des concerts dans le Médoc parce qu’on est de là-bas et on avait envie qu’il se passe des choses chez nous. Puis surtout on passait nos étés à la plage à Montalivet, à faire du surf, écouter du reggae, faire de la zic quoi. Du coup un jour on a eu envie de monter un premier festival de reggae là-bas et c’est comme ça que le Reggae Sun Ska est né, dans cette salle de sport de Montalivet avec 2 000/2500 personnes pour la première édition avec SInsémilia en tête d’affiche. L’année où Sinsémilia explose donc voilà, et puis de fil en aiguille on a continué. Quand tu as une vingtaine d’années finalement t’as envie de t’accrocher à tes projets et c’est ce qui s’est passé. D’un délire de potes c’est devenu un vrai projet professionnel et on s’est formé au fur et à mesure parce qu’on était tous autodidacte. On a appris notre métier sur le tas, avec des hauts et des bas. C’est aussi ce qui fait le résultat d’aujourd’hui parce que dans cette équipe malgré tout qui était là, y’a 20 ans, il y en a encore une bonne partie qui est présente sur le festival. Qui n’est plus investi de la même manière mais qui fait partie des bureaux, qui fait partie des bénévoles ou simplement en tant que festivaliers presque maintenant. Mais ils sont toujours là. Et puis on a des responsables maintenant, des chefs d’équipes qui pour certains sont là depuis 5, 10, 12, 15 ans et c’est aussi ce qui fait la force parce que tout le monde a un savoir faire maintenant. Chacun à sa place, tout le monde sait ce qu’il doit faire, comment faire avancer les choses et surtout c’est cet ensemble qui fait l’esprit du Sun Ska. Parce que au Sun Ska il y a quelque chose, il se passe quelque chose. Ce n'est pas un festival comme les autres, il y a une vraie personnalité. Il y a un vrai état d’esprit, un vrai message et c’est cet ensemble là qui fait cet esprit.

Votre motivation était donc d'apporter quelque chose de nouveau ?

C’était vraiment faire un bon gros concert de reggae sur la côte atlantique parce qu’il y en avait pas. Tout simplement, et ça nous faisait kiffer. (rire)

Pensais-tu que ça allait prendre cette ampleur ?

Non, surtout pas. On avait aucun plan tiré sur la comète. On ne s’attendait pas à ça, on avait rien prévu. Justement, on parle vraiment d’un événement qui est né avec des potes et on était pas du tout comme ça peut se faire actuellement, où il y a beaucoup de festivals qui sont montés par des producteurs. Ce sont des producteurs qui s’associent pour monter des festivals dans une relation et une envie de business. Non, on n'était pas du tout là-dedans. Mais c’est aussi ce qui fait cet état d’esprit.

Aurais-tu fait quelque chose différemment ?

Bien évidemment, c’est sûr. Tu sais, j’essaie de pas trop regarder en arrière au bout d’un moment quoi. Je pense qu’il faut toujours aller de l’avant, il faut positiver, faut sortir ce négatif qui nous entoure en permanence. Les haters qui critiquent ce que tu fais, il faut en faire abstraction. Si tu crois en ce que tu fais il n’y a pas de secret. Tu y arriveras un jour.

Parlons futurs, des améliorations envisagées ?

Le projet à terme est de poser ses valises sur un site durable, définitif, qui nous permette d’aménager, un vrai lieu de vie. Un espace qui puisse tourner, servir. Etre optimisé, un vrai village, une vraie personnalité. Là on monte on démonte. On a trois semaines pour le faire. Une barrière de chantier, ça reste une barrière de chantier. Une bâche sur une barrière de chantier, ça reste une bâche sur une barrière de chantier. Tu vois ce que je veux dire quoi ? Ce n'est pas ça ce qu’on voudrait, ce qu’on voudrait ce sont des façades en bois, un village, des assos. Tu vois : un vrai lieu de vie où il se passe des choses, de manière a ce qu’on puisse construire des espaces de chill etc… Le projet c’est celui-là quoi.

Comment se déroule l'élaboration des programmations ? 

On la travaille à deux. Il y a Alex qui travaille avec moi sur toute la programmation de la Dub Fondation. Il a cette scène en charge et moi je m’occupe des autres scènes. Ce qui nous permet de mieux suivre l’actualité. D’être plus au fait de ce qui se fait, de ce qui va tourner. Des artistes qu’on a envie de faire jouer, de ce que le public attend. De dénicher ses coups de coeurs, des artistes qu’on a envie de mettre à l’avant, pour certains, des artistes de demain. Sur une recherche nationale comme internationale, sur de la découverte comme sur des artistes confirmés voilà. On essaye d’aller flairer et ça va prendre certaines années avant de faire venir des groupes. David Rodigan qui est là cette année, ça fait 6/7 ans qu’on invite David Rodigan. UB40 ça fait 4/5 ans qu’on essaie faire venir UB40 quoi. Tout ça, ça prend un temps quoi. Danakil c’est plus simple. Danakil ils viennent régulièrement, quand il y a un nouveau projet, une nouvelle actualité du groupe. Evidemment Naâman, Danak, Dub Inc, ça, ça fait partie des gens qui finalement même quand ils sont off viennent passer du temps au Reggae Sun Ska. La preuve, Naâman est là. Hier soir il a fait la Génération H, Tryo et surtout il a fini au camping bénévole à prendre le micro donc là il se passe vraiment quelque chose et ça on ne le voit pas partout.

Quelle serait ta programmation rêvée ?

Elle n'est pas écrite dans le marbre. Tous les ans je suis content. Il y a certains artistes que je rêve de faire depuis des années mais on y arrive ou on n'y arrive pas. Je n'ai pas vraiment de programmation rêvée. Puis les goûts changent quoi. Faut pas resté figé.

Les artistes à ne pas louper cette année ?

J’étais très content d’avoir Train to Roots qui a ouvert aujourd’hui, parce que c’est un groupe qui vient de Sardaigne. C’est leur première date en france, on ne les connait pas du tout. Il y a des pays ou ils sont très très forts, mais ici c’était une première. Je suis contente d’avoir eu Kingfisha hier, qui faisait également sa première date en Europe. Et puis non ce soir je pense que je ne vais pas rater Chronixx quand même.

Ton meilleur souvenir au Reggae Sun Ska

Artistiquement, je pense que sur ce site il y a un merveilleux souvenir l’année où il y a eu Lee Perry à la Dub Fondation en sound avec Mad Professor sur le mur des Legal Shot, ça c’était mortel.

Et le pire souvenir ?

Première année ici où on se retrouve pris entre deux feux avec notre arrivée métropolitaine et notre public qui ne comprend pas pourquoi on déménage parce qu’on n'a pas le choix. En remettant un contexte politique compliqué, avec une mairie qui ne nous connait pas, qui ne nous veut pas forcement de mal mais ça prend du temps. Puis de fait une catastrophe financière qu’on est toujours en train d’éponger.
 

Fred Lachaize

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