Interview To Dub – High Tone au Télérama Dub Festival

C'était le groupe le plus attendu lors de la quinzième édition du Télérama Dub Festival. Après deux ans d'absence, High Tone était de retour aux Docks de Paris le 25 novembre (le gros report ici) pour un concert exceptionnel avec des chanteurs, création unique dont le célèbre festival de dub est friand.

Quelques heures avant leur show, nous sommes allés à la rencontre de deux protagonistes du collectif, DJ Twelve et le batteur Dom Peter.

Ils reviennent sur leur invitation au Télérama Dub Festival, mais aussi sur l'album de remix, Dub To Dub (la grosse chronique ici), sorti dernièrement, ainsi que leurs projets à venir, une tournée anniversaire et un album.

Bonjour High Tone, merci de nous recevoir au nom de La Grosse Radio. Vous êtes programmés ce soir à Paris pour une date unique. Pourquoi pas à Lyon, ne risquez-vous pas de décevoir vos fans lyonnais ?

Twelve : Et pourquoi pas à Saint-Etienne ? (rires)

Dom Peter : Ça attaque direct sur la géographie ! (rires)

Twelve : Tout simplement, ce concert va avoir lieu d'après une demande du Télérama Dub Festival. On nous proposait cette grosse soirée avec Stand High Patrol et surtout de faire un High Tone original avec des chanteurs avec qui on n'a jamais joué sur scène à part Shanti D. C'était l'occasion de mettre en place cette création live sans nécessairement jouer que du High Tone. On a donc accepté le challenge.

L'idée des chanteurs vient alors du Télérama Dub Festival ?

Dom Peter : Frédéric Péguillan nous a appelés, vu qu'il s'agissait d'une date anniversaire pour le Télérama Dub Festival. Si j'ai bonne mémoire, on avait dû faire la première édition et c'était symbolique pour Frédéric Péguillan de nous programmer, d'autant plus qu'il est en permanence à la recherche de projets live. Il savait qu'on avait fait une pause avec High Tone et qu'on n'allait pas tarder à revenir. A vrai dire, au début, on a été un peu réticent, tout du moins on a pris un temps de réflexion avant d'accepter, puisque ce n'était pas du tout convenu dans notre calendrier. Et pour revenir à la question précédente, on n'a pas du tout pensé si ça allait se faire à Paris ou Lyon ! (rires) On ne savait même pas d'ailleurs si on allait se produire sur plusieurs dates. Mais je pense que le Télérama Dub Festival avait l'intention de mettre en place un show unique et c'est tombé sur Paris.

On vous a déjà entendus avec Shanti D et Omar Perry que ce soit avec High Tone ou Dub Invaders. Qu'en est-il de Lady Chann ?

Dom Peter : Alors, il se trouve que Lady Chann a annulé pour des raisons personnelles et qui nous dépassent. Il y aurait eu une mésentente entre la prod et elle et son agent. Jusqu'à présent, on avait fait des dubplates et des sessions avec elle et ça s'était super bien passé. Finalement, la grosse surprise, c'est que Pupajim vient interpréter un morceau avec nous ce soir, ça devrait le faire.

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Cette création s'inscrit-elle dans la lignée de votre tournée avec Oddateee ?

Dom Peter : C'est le principe d'être un backing band où tu te mets plus au service d'un chanteur, là où High Tone était uniquement un groupe instrumental. Donc oui, ça y ressemble, même si les styles ne sont pas tout à fait les mêmes. Mais après, on ne va pas faire que des morceaux chantés.

Allez-vous revisiter la discographie d'High Tone d'Opus Incertum à Ekphrön dans votre setlist ?

Twelve : Justement, pas du tout ! (rires)

Dom Peter : "Dry" et "The Orientalist" sont chronologiquement assez anciens.

Twelve : Il y a une chronologie, certes.

Dom Peter : En fait, on va jouer quatre ou cinq morceaux d'High Tone. Sinon, on trouvera des dubplates ou des morceaux qu'on a faits avec Omar Perry comme "Behold" qu'Aku-Fen [guitariste d'High Tone, NDLR] a composé pour Dub Invaders.

Twelve : On va aussi interpréter un morceau de Led Piperz, qui n'est pas là ce soir. Donc non, il n'y aura vraiment pas que du High Tone.

Dom Peter : Le projet de base est vraiment axé sur les chanteurs, ce n'est pas un concert des 20 ans. Ça ce sera l'année prochaine où on entamera une tournée de mars à septembre ; on y jouera beaucoup d'anciens morceaux et quelques nouveautés, mais il n'y aura pas d'actualité discographique à ce moment-là. On ne fera que du High Tone et sans MCs contrairement à ce soir.

Led Piperz est absent, donc pas de vidéo pour ce soir ?

Dom Peter : Kazy, le graphiste de Stand High Patrol, habille les halls, donc on n'en avait pas forcément besoin. Et puis, avec les chanteurs, ce n'était pas nécessaire non plus. Après il faut dire qu'il y a eu du changement au sein d'High Tone. Led Piperz a arrêté la vidéo et on va donc embrayer sur le prochain spectacle avec une nouvelle équipe.

Pour rebondir sur une autre création unique, celle avec Wang Leï aux Eurockéennes en 2004, allez-vous faire une captation vidéo ?

Twelve : Oui. Joris, une personne de Lyon, va s'occuper de la captation de toute la soirée. Il vient notamment pour notre concert. Il y aura également une prise de son en multipistes sur la console en régie. Vu que c'est un show unique, ce serait dommage de ne pas l'avoir dans un coin.

L'actualité d'High Tone, c'est aussi la sortie de l'album de remix, Dub To Dub. Pouvez-vous en dire un peu plus sur la genèse du projet ?

Dom Peter : C'est une proposition qui émanait de nos nouveaux managers qui sont justement très proches de cette nouvelle scène dub. L'idée était surtout de sortir ça en gratuit, sachant qu'on n'en avait pas fait jusqu'à présent, à part peut-être un morceau ou deux. Mais ça nous permettait également de ne pas s'embêter avec des histoires contractuelles et ce genre de choses. Les remixeurs ont donc présenté leur vision du dub en ayant accès à certains multipistes d'High Tone. Ça nous a fait un peu d'actualité aussi pour réamorcer notre retour, puisqu'on a quand même fait une bonne pause.

Twelve : L'exercice pour nous était de fouiller dans nos archives. On n'a rien imposé aux remixeurs, ce sont eux qui nous ont demandé de revisiter tel ou tel morceau. Par contre, certaines demandes n'ont pas pu aboutir, puisque quelques tracks ont complètement disparu à cause de l'évolution technologique : il y a un maxi entier dont on n'a pas retrouver les multipistes. Hormis ce problème, chacun a pu resortir les vieux dossiers (rires) ! Ça nous fait plaisir d'entendre leurs versions. Il s'agit d'une compilation, ce n'est pas un album pensé avec une trame particulière, mais c'est cool !

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Dub To Dub est donc sorti en gratuit chez ODGProd. C'est la raison pour laquelle Jarring Effects ne l'a pas produit ?

Dom Peter : En effet. Et ODGProd a cette manière de travailler depuis des années. A la base, ça ne devait être que du téléchargement gratuit, par contre, vu l'intérêt que ça suscitait, Jarring Effects s'est proposé de produire le vinyle. Chacun a donc son pôle de compétence.

Bisou déclarait récemment à propos de cet album : "Ce qui est intéressant avec cet album, c'est que le groupe qui a bouleversé le dub il y a plusieurs années est remixé par des artistes qui ont ce rôle-là aujourd'hui". Etes-vous d'accord avec cela ?

Dom Peter : Oui, carrément ! Il y a une nouvelle émergence d'artistes dans leur manière de produire. Aujourd'hui, ils n'ont plus les mêmes outils et cette génération est plus "mondialisée". A notre époque, c'était beaucoup plus clos ; pour les samples, il fallait aller chercher des vinyles. Maintenant, tu prends une banque de sons et c'est parti !

Twelve : Ce qui fait plaisir, c'est qu'on a pu influencer certaines personnes et qu'elles sont contentes de revisiter nos morceaux. Elles partent dans d'autres ambiances musicales, c'est l'évolution des choses, la jeunesse qui continue.

On trouve essentiellement des producteurs solo sur cet album et pas de groupes live. La scène que vous aviez initiée il y a une vingtaine d'années avec Zenzile, Kaly Live Dub, etc, n'a finalement pas trouvé de successeurs. Pourquoi selon vous ?

Dom Peter : Avant tout, ce qui est bien, c'est que cette scène est très active. Elle évolue selon différents formats et manières de produire. Ce qui est apparu il y a 10 ans, c'est plus du home made, faire ses propres sonos, ses propres soirées, etc. Avec le live machine, les artistes reproduisent devant un public le travail même du dub initialement créé en studio, à savoir éclater un multipistes sur une console, de déconstruire un morceau et rajouter des effets. Ces artistes créent leur originalité, parce qu'ils ont leurs repères à eux. Ils font le son qu'ils ont envie d'entendre maintenant. Ce qui est cool avec cette scène-là, c'est qu'on retrouve l'ADN d'High Tone, une certaine forme de liberté, sans intégrisme. Chacun amène les ingrédients qu'il souhaite, parfois ça ne fonctionne pas, mais c'est important de voir perdurer cet esprit-là.

Twelve : Quant au côté scénique, s'il ne se développe plus aujourd'hui, c'est avant tout lié au sound system. Depuis dix ans, le public vient écouter du gros son sur des sounds et il n'a plus besoin de voir des groupes sur scène. Après, ça peut revenir, certains artistes essayent même d'ailleurs de s'y remettre. C'est cyclique, ça reviendra ou pas, de toute façon ce n'est pas grave, ce qui compte c'est que cette scène soit vivante.

Dom Peter : Mais il ne faut pas oublier que ces artistes sont aussi musiciens. Quand tu vois Mayd Hübb, il fait aussi de la batterie.
Et il y aussi peut-être le prisme de la facilité. En effet, tu n'as pas besoin d'avoir de grandes connaissances musicales pour utiliser une MPC et des samples, à l'oreille tu peux placer un skank. Tous les producteurs dans le dub ne sont pas des Brahms ! (rires)

Allez-vous sortir un album après cette tournée anniversaire dont vous parliez plus haut ?

Dom Peter : Bien sûr. On a fait une pause de deux ans, même si on était tous occupés avec d'autres projets comme Dub Invaders ou Midnight Ravers. On a aussi voulu prendre le temps de préparer une nouvelle manière de composer.

C'est-à-dire la nouvelle manière de composer ?

Dom Peter : C'est juste une histoire de setup. On ne va plus travailler sur Ableton en live. Ce qu'on voulait, c'est envoyer des signaux triggés MIDI aux lumières et à la vidéo afin d'avoir des synchronisations et un travail d'effets qu'on pouvait moins faire avec le setup qu'on avait auparavant. Il y a eu toute une réflexion pour pouvoir influencer en live notre manière de faire de la musique électronique afin de la rendre plus visible et cohérente pour l'auditeur. De là est né un concept d'album et un concept de spectacle. Ça s'est décalé, puisqu'on a mis du temps pour composer une équipe autour de ce projet : l'album devait sortir en mars prochain, il a été repoussé à la rentrée 2018. En attendant, on va donc faire cette tournée anniversaire.

Twelve : On va s'appuyer sur la compilation Dub To Dub qui annonce donc les vingt ans et qui va nous permettre de jouer certains de ces morceaux en live en plus d'autres tracks de High Tone. Mais ce ne sera pas le futur album, dont la tournée viendra plus tard.

Et la tonalité de cet album, elle sera dans la continuité d'Ekphrön ?

Dom Peter : On en est à peu près à la moitié, on a déjà pas mal de chutes, mais c'est assez dur d'en parler puisque l'album peut encore partir dans plusieurs directions.

Twelve : On peut tout de même dire qu'on s'est rendu en Chine avec Dub Invaders. On a rencontré quelques musiciens là-bas avec qui on a pu faire des prises. C'était un réel plaisir d'aller en Chine, de pouvoir rencontrer de vrais musiciens et de leur faire écouter notre musique afin qu'ils improvisent dessus. Ça a abouti à de belles choses au final.

Des feat. instrumentaux alors ?

Dom Peter : Tout à fait. A Chengdu, on est tombé sur beaucoup de musiciens classiques, c'est ce qu'on recherchait. Il y aura aussi une collaboration avec une chanteuse chinoise. On a vraiment eu de la chance de rencontrer d'excellents artistes. C'était un beau voyage (rires) !

Un dernier mot pour La Grosse Radio ?

Twelve : Elle est big la radio ! BIG UP La Grosse Radio !

BIG UP à vous aussi High Tone ! Merci de nous avoir accordé cet entretien !
Merci également à Julien de Jarring Effects à Jo et au Télérama Dub Festival pour avoir organisé cette rencontre !

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