Behind The No Logo – Entretien avec KSD

On l'avait découvert avec son tout premier EP, Behind The Road (la grosse chronique ici), sorti début 2017 chez Brigante Records. Puis il a récidivé avec Bite The Dust et Marina P (la grosse chronique ici) chez Homeys Records tout récemment.

Depuis le début de son projet, on s'est beaucoup intéressé à KSD, mais on ne l'avait encore jamais rencontré. Mais alors qu'il passait par le No Logo, on a donc saisi l'occasion au vol afin de lui proposer une petite interview.

KSD revient sur la genèse du projet, sa manière de travailler et nous annonce même un futur EP et mieux encore : un album pour 2019.

Bonjour KSD, merci de nous recevoir au nom de La Grosse Radio. Peux-tu nous présenter le projet ?

C'est tout simplement né de la volonté de retranscrire un sentiment à un moment donné en musique. Une autre forme de communication. Pour moi, il n'y a pas de styles, ni d'étiquettes. J'ai envie de m'arrêter là.

Voir d'autres horizons ?

Pour sûr !

Ton premier EP, Behind The Road, a été composé sur la route. La spontanéité fait-elle partie du projet KSD ?

Oui, la spontanéité est ce qui rend mon travail intéressant. Effectivement, le premier EP, sorti chez Brigante Records, a été composé sur la route, à 99% lors de tournées dans des trains et des hôtels. J'étais avec un laptop et c'est tout. Les touches me servaient de touches de piano et à faire les batteries. J'ai utilisé le micro de l'ordinateur pour enregistrer la majorité des voix, sauf celle de Daman.
Mais cette configuration n'est pas forcément figée. Comme je le disais, KSD cherche à capter ce qu'il se passe à un instant T. Je pourrais autant composer à la maison que dans un autre lieu, avec plus ou moins de matériel. Par exemple, pour le dernier EP avec Marina P, des morceaux ont été composés en studio, alors que "Bite The Dust" a été fait dans un aéroport à Berlin. C'est très variable.

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Un peu de minimalisme alors dans tout cela ?

Oui et non. En fait, je ne réfléchis pas trop et je fais avec les outils à ma disposition. Si j'ai un ordinateur dans mon sac à dos et que j'ai une idée en tête à ce moment, alors je vais le sortir. Pour les enregistrements de voix du premier EP, j'aurais pu me bloquer parce que je n'avais pas de micro équipé comme en studio. Et pourtant j'ai utilisé celui de l'ordinateur. On en revient donc à la spontanéité. Le résultat final est plutôt minimaliste, mais la démarche créative ne l'est pas vraiment.

Quant à l'aspect musical, c'est une façon pour toi de renouveler le dub avec les influences trap ?

Renouveler, c'est un bien grand mot ! (rires) Et ce n'est pas forcément ce que j'ai l'intention de faire. Désolé de me répéter (rires), mais finalement on en revient toujours au même. Je compose selon ce que j'ai envie de composer à un instant T, qu'il s'agisse de dub ou de trap ; il n'y a pas véritablement de plan préétabli à l'avance. Lorsque j'ai produit le premier morceau, je suis tombé sur quelque chose d'assez hybride qui était plutôt cool. J'ai donc décidé de me lancer et j'ai contacté Brigante Records. Ils ont fini par m'accueillir alors que je ne m'y attendais pas du tout. Merci Atili ! Pour la petite histoire, j'avais mixé son album Cityscape (la grosse chronique ici) et je lui ai donc envoyé un de mes morceaux et il a tout de suite accroché. C'est donc lui qui m'a dit de m'adresser à Brigante Records [Atili est le frère de Biga*Ranx, co-fondateur de Brigante Records, sur lequel est également sorti Cityscape, NDLR].

On remarque aussi un côté trip-hop dans ta musique. Portishead, Morcheeba, ce sont des groupes qui te parlent ?

A fond ! Il faut savoir qu'à la base, j'écoutais beaucoup de hip-hop et de trip-hop. J'ai toujours eu envie de produire ce genre de sons, mais mon autre projet musical, K-Sann Dub, ne me le permettait pas, puisqu'il était avant tout axé sur des rythmes stepper et j'avais peine à mettre une hybridation dans tout cela. Et quand j'ai lancé le projet KSD, je ne l'ai pas pensé en tant que side project, je ne me suis pas trop posé de questions. Je voulais tout simplement faire de la musique, il n'y avait rien de prémédité. Aujourd'hui, ces influences trip-hop ressortent. Je suis aussi un grand fan de James Blake.
A la vérité, ça fait longtemps que je n'écoute plus trop de dub. Du coup, dans les prochains EPs, on va observer une certaine dégénerescence du dub (rires). Ça va sonner de moins en moins dub, même si j'en garderai les codes.

Justement, cet aspect se ressent particulièrement dans l'EP avec Marina P. Pour moi, Marina P n'est pas une chanteuse de reggae/dub, bien qu'elle soit cataloguée dans ce genre, mais plutôt soul/trip-hop. Est-ce pour cette raison que vous avez décidé de collaborer ?

On a commencé de travailler avec un premier titre, "Something New" (voir ici), sorti sur son label Homeys Records. Je l'avais justement contactée pour sa voix soul, jazz, trip-hop, etc. et dans un style très anglais. Par la suite, elle désirait qu'on fasse un album ensemble, mais ce n'était pas possible pour moi, faute de temps. Du coup, on a sorti un EP, Bite The Dust, à travers lequel on ne s'est pas trop posé de questions. C'était cool comme expérience, puisqu'on était vraiment sur la même longueur d'ondes, on ne voulait pas de codes et on ne s'est jamais fixé de limites. C'est probablement la raison pour laquelle on ne s'est pas retrouvé dans les circuits de distribution reggae traditionnels et plutôt dans ceux de musique électronique. Je trouve cela intéressant puisque l'EP sera à la fois dans les bacs reggae, mais aussi ailleurs.

Daman est également présent sur ton premier EP dans le titre "Refugees" avec une manière assez différente de se poser par rapport à son projet KillaSoundYard. Comment avez-vous procédé ?

On avait déjà travaillé ensemble sur mon projet stepper, K-Sann Dub. Quant à "Refugees", le morceau restait assez reggae dans l'ensemble, donc il n'y a pas eu de difficulté particulière pour lui d'ajouter sa voix au riddim. Mais sur mon prochain EP, qui va sortir très prochainement, on retrouvera deux titres de Daman. Et là, pour le coup, je l'ai fait vraiment chié (rires), puisque je lui demandé de chanter à sa manière mais en sortant de son rôle habituel. Ça a donc été un peu dur, il m'a envoyé cinq ou six vocaux et j'en ai gardé deux. Les deux pires (rires). Il y en a une que j'ai beaucoup vocodée et une autre que j'ai laissée presque telle quelle. Cet EP devrait paraître courant octobre chez Brigante Records et ODGProd.

On est limite sur du PNL avec le morceau vocodé, nan ?

(rires) Grave ! Mais je n'ai pas honte de le dire, je kiffe PNL ! Je trouve qu'il y a une émotion de dingue chez eux ! Du coup, en effet, j'ai un peu traité Daman à la sauce PNL sur cet EP. Mais je comprends qu'on puisse ne pas aimer le morceau, cependant il mérite d'être écouté plusieurs fois pour l'apprécier à sa juste valeur et surtout il s'insère bien dans l'EP dans sa globalité. Les deux morceaux avec Daman ont été clippés. Mais on va se réconcilier avec l'album qui devrait arriver en 2019 (rires).

A propos de clips, revenons sur ceux avec Marina P, qui sont assez originaux avec des images d'archives. Cet aspect visuel fait également partie de l'univers KSD ?

Pour "Something New", à la base elle m'avait juste envoyé un teaser pour me demander mon avis. Ça m'a plu immédiatement et je lui ai répondu qu'il fallait absolument qu'elle en fasse un clip. C'est elle qui fait toutes les vidéos avec son collègue, l'œil ADM. Celle de "Bite The Dust" est également composée d'images d'archives ainsi que sur "Wide Open Eye", où Marina P apparaît également. Là aussi, les clips veulent retransmettre une certaine émotion et ils entrent bien en correspondance avec les textes de Marina P qui contiennent beaucoup d'introspection et de passages de vie. J'aime que dans le reggae il y ait ces paroles plus personnelles, même si je respecte également tout le côté plus "engagé". Ça ouvre le genre et je trouve ça cool !

Comment ont été reçues tes productions par le public d'une manière générale ?

Pour Bite The Dust, c'est encore un peu compliqué à dire, puisqu'on est toujours sur la promotion. Par contre, pour Behind The Road, j'ai eu beaucoup de retours positifs, notamment sur Facebook, de la part de gens qui ont pu kiffé ce dub qui sort des cadres du genre. J'ai aussi été contacté par After All Sound System. Il y a une certaine ouverture. Mais d'autres personnes ne vont pas forcément apprécier ce côté vocodé et hors des codes du dub. La réception s'est surtout beaucoup faite au niveau de l'émotion que j'ai essayé de retranscrire.

Défends-tu le projet sur scène ?

Non. Pour l'instant, j'ai refusé toutes les dates qu'on m'a proposées pour plusieurs raisons. Tout d'abord, de planning, sachant que j'ai très peu de temps avec mon travail d'ingé son sur la tournée de Panda Dub qui comprend énormément de dates. Ensuite, je ne sais pas trop comment le défendre : en live, en sound system ou les deux ?
Mais si j'ai l'opportunité et qu'on me propose des dates, je pense que je vais commencer à m'y mettre en 2019 mais en faisant une petite tournée. Je vais faire un set à la fois en live et en sound system. Par contre, j'ai plus envie de conserver un certain anomymat, que les gens viennent plus pour la musique que pour un nom.

Un dernier mot pour La Grosse Radio ?

BIG UP à vous, je suis très content d'être chroniqué chez vous et de pouvoir vous rencontrer ! Vous faites un super taf et pas uniquement dans le reggae, mais dans d'autres styles musicaux. Merci énormément et continuez l'activisme !

BIG UP à toi aussi KSD !! Merci de nous avoir accordé cette interview !!

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