Julian Marley – As I Am

« Rien ne sert de courir, il suffit de partir à point » comme se plaisait à le dire celui, dont tout le monde ici a lu ou appris une de ses fables, Jean de la Fontaine. Julian Marley en est le parfait exemple, puisqu’il aura mis 10 ans pour son nouvel album, après le superbe Awake en 2009 et le 4ème du nom avec Lion In The Morning en 1996 et  A Time And Place en 2003.

Il nous revient donc avec As I Am pour 17 titres avec un démarrage très fort avec son "Are you the one" emmitouflé d’un melodica et d’une ligne de basse très profonde et un "Roots / Reggae" en chœur qui fera l’unanimité pour être repris en cœur en concert.

Son "hey Jack", qui a connu sa propre vidéo juste un jour avant la sortie de l’album, prône l’amitié avec un orgue ennivrant et des percussions qui rentrent bien dans notre subconscient pour donner l’intensité du morceau.
 

Julian Marley, Reggae 2019, Marley, Shaggy, Beenie Man


"Broken Sail" sonne plus reggae FM, pour être diffusé par des radios, mais là encore Julian a cette voix, qui par les intonations, rappelle celle de son père et on ne peut qu’adhérer à cette magie Marley.

Avec "Chalice load", une ganja tune dans la plus pure tradition rasta, on est totalement pris à contre pied, le bon gros reggae roots étant détroné par un morceau très funk de par ses guitares et ses cuivres, lorgnant parfois sur le psychédélique des orgues à la Ray Manzarek (clavier de The Doors décédé en 2013).

"Cooling in Jamaica" est un morceau fort de l’album, là encore, on sent l’influence du paternel sur le fils, une ligne de basse très ronde et des chœurs qui transportent sur notre île préférée.

 


cet album nous offre deux morceaux ska de qualité. Tout d’abord le "Baby lotion" avec aux chœurs les créateurs de "Baltimore", The Tamlins (Carlton Smith, Junior Moore, et Derrick Lara), qui en dehors de leurs propres compositions ont backé Peter Tosh, Marcia Griffitths ou encore les regrettés Delroy Wilson et Joh Holt.

Nous avons aussi le sublime "what new pussycat" avec un Beenie Man pour finir de booster le morceau avec du scat dans l’interprétation et qui avait été déjà chanté par Bob Marley en 1965 pour Studio One, morceau qui vient de Burt Bacharache et repris par Tom Jones cette même année. Avec ces 2 titres on replonge dans la Jamaique dansante des années 60’s, celle des Skatalites, des rudes boys et de ces influences musicales US remis au goût de l’île entre autres par le biais de Clement ‘Coxsone’ Dodd,

Changement total d’univers musical pour le morceau suivant "too hot" avec un duo avec Shaggy qui donne une alchimie parfaite. Un roulement de batterie, un mélange de rock caribéen qui donne envie de se lancer dans une danse acrobatique pour ceux qui ont le souffle long car il faut tenir la cadence sur les 4 minutes 10 !

Album totalement différent du présent, de multiples changements musicaux tout comme ce "magic of love" et une musique ovni qui se veut rapide et n’est pas désagréable même si on s’éloigne du reggae habituel.

 


et avec "Straighter roads", on revient plus vers un son roots quoique plus moderne, une pointe de guitare et des paroles réfléchies

« Les routes sont plus droites,
Jouez la sécurité, pas de pauses soudaines,
Les routes sont plus droites,
Bientôt, il n'y aura plus de feu stop rouge
Bientôt, il n'y aura plus de nuages sombres, 
Nous nous dirigeons vers la rédemption ».

qui nous font comprendre l’importance du message que peut avoir le reggae au-delà de ses trop nombreux clichés, tout comme le "papa" qui ressemble au son des Wailers fin de période (survival/Uprising/confrontation) et un bel hommage au Créateur. Papa pouvant être pris en double sens dans le cas de Julian.

"Biology", "family and friends" et "war zone", sont dans la même lignée que "Papa", des cuivres, des chœurs, du reggae comme on aime, celui qu’on veut écouter en concert, ou lors de soirées entre amis ou ‘frères’.

"Panic Mind State" se veut plus  rapide sur un one drop (1 coup sur la grosse caisse tous les deux temps), une superbe ligne de basse et une guitare qui parfois rappelle la musique d’Afrique de l’Ouest, coté Casamance pour être plus précis. Morceau qu’il partage avec son ami et grand DJ Spragga Benz (écoutez ses classiques "Sleep with angels" et surtout le "Heaven Sent" sur le "Sweet Lady" Riddim) qui envoie de sa voix roque et rapide et qui donne au titre un vrai effet boostant, telle une voiture de F1 dans les accélérations.

 

Et cela ne se calme pas avec avec le bien nommé  "Can't Cool The Fire" très violent dans la grosse caisse et des sons digitaux qui ne sont pas sans rappeler le « boulder dash », un jeu d’arcade sur les ordinateurs Amstrad des années 80 mais qui se fait néanmoins plus discret que sur le "True Love Is Hard To Find" de Dennis Brown (sur l’abum Blood Brothers qu’il partageait avec Gregoy Isaacs en 1994).

L’album se referme sur le plus calme "I Am Sound Dub", version du titre "you are the one" qui démarre comme un pur inna de yard avec ses percussions  pour vraiment se décupler en dub avec une très forte mise en valeur ‘basse/guitare, le tout savamment saupoudré d’un mystique mélodica joué par Addis Pablo qui pourrait rappeler fortement les titres de son père, Augustus, disparu il y a tout juste 20 ans.

L’album a été produit par Julian, Damian et Stephen Marley pour le label Ghetto Youths International et distribué par Zojak World Wide via les producteurs exécutifs, Aaron Mahlfeldt et Zoe Espitia.

Côté musiciens on trouve AG Zilla, le groupe Uprising, somme toute logique puisqu’il accompagne Julian lors des concerts, et Llamar ‘Riffraff’ Brown aux claviers qui a joué pour Busy Signal, les frères Damian et Stephen Marley, Jah Cure, Tanya Stephens et a produit nombres d’artistes jamaïcains.
 

Julian Marley, Reggae 2019, Marley, Shaggy, Beenie Man


Comme l’artiste se plait à le dire « Chaque chanson est une expression de l’intérieur, chaque sentiment représente qui je suis. J’ai été inspiré par DIEU – l’’amour - la vie – les membres de la famille et les problèmes sociaux dans lesquels nous vivons aujourd’hui. La musique, c’est rassembler les gens sous le parapluie de l’amour et l’amour est dans la musique. »

Du reggae roots, nu-roots, Fm, du rock, du funk, du ska, un album actuel et intemporel en même temps,  qu’on prendra plaisir à écouter encore dans 10, 20 30 ans !

JULIAN MARLEY - AS I AM
sur toutes les plateformes de téléchargement légales et en CD
Ghetto Youths International/Zojak World Wide 
Date de sortie :25/01/:2019

Tracklist
01. Are  You The One
02. Hey Jack
03. Broken Sail
04. Chalice Load
05. Cooling In Jamaica
06. Baby Lotion feat. The Tamlins
07. Too Hot To Dance feat. Shaggy
08. Magic Of Love (Compassion)
09. Straighter Roads
10. Papa
11. Biology
12. What's New Pussycat feat. Beenie Man
13. Family % Friends
14. Panic Mind State feat. Spragga Benz
15. Can't Cool The Fire
16. War Zone
17. I Am The Sound (Addis Pablo Version)

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...