UB40 – For The Many

Notre précédente rencontre avec UB40 datait du No Logo 2017 (le gros report ici), festival au cours duquel nous avions été quelque peu déçus de la prestation de la formation historique de Birmingham et ce, pour plusieurs raisons : tout d'abord, un manque cruel d'entrain sur scène et des carences énormes en ce qui concerne le son. Mais tout cela c'est du passé, puisque le dernier album du combo anglais, For The Many, aura définitivement permis de nous réconcilier.

Mais surtout le groupe nous donne l'impression, d'une certaine manière,  de s'être réconcilié avec lui-même. De nombreuses difficultés financières ainsi que le départ du chanteur fondateur Ali Campbell en 2008, élément qui engendrera la constitution de deux formations tournant sous le nom d'UB40 (celle avec le sax Brian Travers restant pour nous la seule et l'unique) auront assurément déservi le crew, mais elles n'auront pas eu raison de lui, puisque c'est plus en forme que jamais qu'il nous est revenu le 15 mars dernier. Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, dit l'adage et cela vaut pour UB40.

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En effet, non pas que les précédents opus du groupe, Labour Of Love IV en 2010 et Getting Over The Storm en 2013, aient pu nous déplaire, bien au contraire, mais ils étaient en deça de nos attentes avec un son pour trop classique, sans surprises ni prises de risque. On se réjouit donc de revoir un UB40 groovy avec un album court et simple mais terriblement efficace à travers lequel ils se sont adjoints les services de Duncan Campbell, le frère d'Ali, mais aussi de feat. tels que Kabaka Pyramid.

Mais ce qui diffère surtout avec les réalisations précédentes, c'est toute la post-production inhérente à ce For The Many ; on se rend compte que le groupe a mis un point d'honneur à soigner les arrangements, le mastering et le mixage. Certains morceaux sont d'ailleurs des extended versions, soulignant ainsi tout l'intérêt que le groupe a porté pour le mix sur cet album. Et comme si ce n'était pas suffisant, ces extended versions ne sont que des avant-goûts d'une déclinaison dub de cet opus, le somptueux For The Many Dub, paru en même temps que l'original.

Ainsi, dès le titre d'ouverture, "The Keeper", on sent que le groupe n'a pas lésiné sur les échos, la reverb et autres effets dub pour habiller de la plus belle des manières ce stepper cuivré qui repose sur une section rythmique incroyable. On a également droit à une bonne minute de dub à la fin du rub-a-dub "Broken Man" en feat. avec Kabaka Pyramid, sa ligne de basse hypnotique et sa guitare solo à la Wailers.

L'influence des Wailers se fait ainsi particulièrement ressentir et cela est d'autant plus prégnant sur les deux one drop que sont "I'm Alright Jack" et surtout le prodigieux "Gravy Train" en feat. avec Slinger (l'association avec Duncan Campbell fonctionnant parfaitement ici). L'ombre des frères Barrett plane en effet sur ce "Gravy Train" dans lequel on n'entend que la ligne de basse ; et là encore, on se délectera avec passion du dub qui vient brillamment conclure le track.

On prendra en outre beaucoup de plaisir avec le rub-a-dub "You Haven't Called" qui nous rappelle les grandes heures du groupe, notamment avec le sax de Brian Travers. C'est en cela que nous disions que UB40 s'était en quelque sorte réconcilié avec lui-même. Mais il évoque aussi, dans l'extended version, le travail d'un certain Scientist, l'ingénieur du son qui a marqué l'époque du rub-a-dub ; on ne saurait que trop vous conseiller d'écouter avec attention la version, intitulée "Telephone Dub", un petit bijou de dub (on croirait presque entendre le Scientist Wins The World Cup avec ses lignes de basse vrombissantes), pour pleinement apprécier le travail remarquable effectué par le groupe sur cet album.

Et si le dancehall "Moonlight Lover", en feat. avec Gilly G, porte également la patte UB40, qu'on adore retrouver intacte, alors que dire des dancehall plus modernes que sont "Bulldozer" et "What Happened To UB40" (au titre très évocateur) ? En effet, on est agréablement surpris par ce tournant pris par la formation de Birmingham, mais qu'est-ce que ça fait du bien ! On serait même tenté de dire qu'elle dû encore plus développer ce filon tellement elle s'en sort avec brio. Ces dancehall, bien produits, prouvent, par conséquent, que UB40 a su aller de l'avant tout en conservant son empreinte.

Mais très vite, le groupe revient à un son plus roots sur "Poor Fool" avant de conclure son For The Many avec un stepper en feat. avec Hunterz. Du stepper en ouverture, du stepper en clôture, la boucle est bouclée.

Les deux crews historiques de Birmingham sont donc revenus en force en cette année 2019. Steel Pulse, avec son superbe Mass Manipulation (la grosse chronique ici), sorti récemment, nous offrait un album aux riddims imparables doublés d'une conscience rasta inébranlable. Tout aussi politique et musicalement solide, ce For The Many montre que UB40 demeure une valeur sûre plus de quarante ans après son apparition.

TRACKLIST

1. The Keeper 
2. Broken Man feat. Kabaka Pyramid
3. Gravy Train feat. Slinger
4. I'm Alright Jack feat. Pablo Rider
5. Moonlight Lover feat. Gilly G
6. You Haven't Called 
7. What Happened To UB40 
8. Bulldozer 
9. Poor Fool 
10. All We Do Is Cry

Artiste : UB40
Album : For The Many
Label : Shoestring
Date de sortie : 15/03/2019

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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