Marcia Griffiths – Timeless

Surnommée la Diva ou la reine du reggae, Marcia Griffiths à l’approche de ses 70 printemps n’a pas fini de nous surprendre.

En duo avec son compagnon de l’époque Bob (Andy) & Marcia, ou avec les plus grands DJ de Jamaïque, en  qualité de choriste au sein des I-Threes pour le Bob le plus connu du reggae, en carrière solo avec des hits comme "Feel Like Jumping", "electric boogie"ou encore le sublime "Stepping Out of Babylon", des privilégiés ont pu la voir pour une magnifique prestation lors du long walk to freedom concert au Stadium de Kingston avec Buju Banton qui la considère comme son ‘autre’ mère.

Elle nous revient aujourd’hui avec l’album Timeless, et il est vraiment intemporel tant les titres proposés ont survolé des décennies pour être réinterprétés par l’une des plus belles voix féminines jamaicaines. Retour sur 15 titres tous sortis du catalogue de Studio One der Sir Clement « Coxsone » Dodd.

Marcia Griffiths, Timeless, reggae 2019, Studio One, Penthouse

"What kind of love" qui démarre avec sa fameuse orgue et que le producteur  Donovan Germain avait déjà sorti en single ouvre l’album. A l’origine, le morceau de The Cables date de 1970 et l’album du même titre est considé comme l’un des meilleurs en trio vocal pour Studio One

Le morceau suivant est plus sautillant,"Once upon a time", s’il a été popularisé par Jacob Miller, il a été chanté pour la première fois par un autre enfant prodigue de Studio One, Delroy Wilson. Morceau qui, si on veut même aller plus loin est chanté à la base par le regretté Marvin Gaye en duo avec Mary Wells en 1964 ! C’est dire le bond dans l’espace temps que l’on fait avec ce titre !

"Baby true", avec une guitare rythmique omniprésente et une ligne de basse bien ronde est un titre chanté par The Heptones avec le très talentueux Leroy Sibbles.

"True Believe in love" est un autre titre de Delroy Wilson qui date de 1967 et qui avait été repris par Johnny Clarke pendant la fameuse période des flying cymbals. Il est rehaussé magistralement par le sax de Dean Frazer.

Dès les premières note cuivrées, on se plonge dans" Love me forever", un des riddims phares du Studio One puisqu’il en existe plus de 120 versions différentes. Tout le monde s’est attaqué à ce monument de Carlton & the Shoes. Pour la petite histoire Carlton Manning est le frère ainé de Donald et Lynford, The Abyssinians, groupe dont il a aussi été membre !

"Love is a treasure" est un titre à la base Freddie McKay, et là il est vrai que la version originale ne peut être supplantée tant le chanteur faisait passer d’émotions dans tous ces titres de cette voix soul et plaintive même s’il faut reconnaître que Marcia Griffiths accompagnée de Sherieta Lewis aux chœurs ont vraiment assuré.

"Your love", qu'elle chante avec avec le jeune Zaga est un titre de Larry Marshall qui date de 1975 et qui est décédé récemment. Il tonifie le morceau, Marcia a su traverser toutes les époques pour trouver des duos gagnants, celui-ci en fait aussi partie avec des voix dubbées.

"I am the toughest", titre est il besoin de le présenter par Peter Tosh qui le chantait déjà dans le milieu des années 60 avant de le rajeunir en 1978. La basse ici est très profonde et la voix en réverb de Marcia Griffiths, parfois dans les notes aigues, parfois dans les basses en donne un titre majeur de l’album avec un joli solo de Dean Frazer.

Un bon "ska medley" qui démarre d’ailleurs avec un duo avec Toots (Maytals) sur son titre de 1964 " I’ll grow old", suivi du titre "you’re no good" de Jackie Opel, 'good good rudie' de Bunny wailer et "keep on movin’" des Wailers (qui était à la base un titre de The Impressions avec Curtis Mayfield, une des grands sources d’inspiration de Bob). Plus de 8 minutes de bonheur

Après le ska, quoi de mieux qu’un bon rocksteady avec une basse qui rentre bien dans la tête pour le titre "people rock steady" que l’on doit à une voix unique, celle de Slim Smith avec son groupe The Uniques justement, (il a aussi été chanteur dans le groupe The Techniques NDLR). Titre que beaucoup connaissent à travers l’album et documentaire vidéo « rocksteady» où le morceau est chanté par Leroy Smith. La version est rallongée par le très bon "This old man" du regretté Sugar Minott et qui date de 1976.

"Home" est une reprise de Ken Boothe, son fameux home, home, home que l’on peut retrouver sur le LP Mr Rocksteady, les voix en chœur derrière Marcia Griffiths en donne presque un côté reggae gospel.

Marcia Griffiths, Timeless, reggae 2019, Studio One, Penthouse

©photo du communiqué de presse de Tad records/ Mpr Consulting


Démarrage avec de superbes cuivres, il faut dire qu’à Studio One, on avait les meilleurs, pour un très beau "my guiding star" des Heptones, qui est écrit par Joe Higgs, le maitre de chant de Bob Marley, celui qui lui disait « de chanter avec ses tripes »

"Declaration of rights" ne débute pas avec la même base cuivre mais la magie est là tout de même pour le classique des Abyssinians qui date de 1969. 50 ans et pas une seule ride, peut on en dire autant de chacun.

Avec "cry me a river chanté" à l’origine le soulman Jacky Opel en 1969, un an avant sa mort dans un accident de voiture, ce n’est pas à proprement parler du reggae mais du spouge, dont il est le créateur et qui mélange plusieurs influences musicales des Caraïbes et des Usa. Un titre à écouter à deux, enlacés, la voix de Marcia Griffiths vous emporte et fait tout le reste.

L’album se referme sur le magnifique "Stranger in love" de John Holt qui date de 1970 avec les cuivres de Dean Frazer et de Nambo Robinson peu de temps avant son décès.

Les musiciens dont la réputation n’est plus à faire et parmi eux Kirk Bennett, Glen Brownie, Robbie Lyn, Dean Frazer, Dwight Richards, ou encore Dalton Brownie  ont su se rapproprier tous ces riddims dont la plupart sont des classiques. Le son en est plus jeune, refaire un copier-coller n’aurait pas été possible tant le son qui sortait de Studio One était unique, reconnaissable dès les premières notes, cela donne une certaine fraicheur à l’album tout en ayant envie de nous replonger dans nos vieux vinyls de la belle époque.

Tous les morceaux ont été enregistrés par Paul Christie et/ou Kevino Elliott, mixés par Shane Brown au Penthouse Studio

Donovan Germain avait déjà travaillé avec Marcia (écoutez son « fire burning », son   "Forever Loving Jah" avec Tony Rebel , "Much Closer" avec Cutty Ranks ou encore un recut magique du "Stepping to Mount Zion" avec Mad Cobra, Tony Rebel, Buju Banton  et Beenie Man). Il a su lui conconter un album sur mesure. Il s’est alloué cette fois la coproduction avec Tad's Record.

Timeless, un album qui peut rendre nostalgique, voir même mélancolique, et qui démontre que la belle musique est, et sera toujours intemporelle.

MARCIA GRIFFITHS - TIMELESS
Disponible en CD, et sur toutes les plateformes de téléchargement légal
et prochainement en LP
sortie le 14/06/2019

tracklist :
01. What Kind of World
02. Once Upon A Time
03. Baby Be True
04. True Believer
05. Love Me Forever
06. Love Is a Treasure
07. Your Love
08. I’m The Toughest
09. Ska Medley
10. Rock Steady + This Old Man
11. Home
12. My Guiding Star
13. Declaration of Rights
14. Cry Me A River
15. Stranger in Love

En hommage à tous les artistes et producteurs disparus, cités dans cet article,
RIP Jackie Opel (1970), Slim Smith (1973), Jacob Miller (1980), Bob Marley (1981), Marvin Gaye (1984), Freddie McKay (1986), Peter Tosh (1987), Henry Raleigh “Maytal’ Gordon (1994), Delroy Wilson (1995), Curtis Mayfield (1999), Clement ‘Coxsone’ Dodd (2004), Sugar Minott  (2010), Barry ‘Heptone’ Llewellyn (2011), John Holt (2014),  Larry Marshall et Nambo Robinson(2017)

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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