Interview I-Taweh, Reload

Au coeur de Reload

En tout début d’année, on a partagé avec vous la sortie de Reload, le dernier album signé I-Taweh sorti chez TapNat Music le 3 janvier exactement. Ce même jour l’artiste montait sur scène en Californie et de notre côté, coïncidence, un de nos rédacteurs se trouvait justement là-bas. Il vous a d’ailleurs ramené de très belles photos que l’on peut (re)voir dans le report juste ici.

Etant très proche de l’artiste, à La Grosse Radio nous étions désireux d’être complet sur ce projet, nous avons donc échangé avec I-Taweh quelques jours après la release party de Reload.

 

La chronique de Reload à (re)voir ici

L'album Reload - Disponible en cliquant ici

Son site officiel juste-là
 


PARKER : Salut Dany. À La Grosse Radio, nous t’aimons, tu le sais maintenant. C’est un honneur d’avoir pu être-là pour ta release party en Californie.

PARKER : Ton album Reload est sorti le 03 janvier. Un album que tu as mûrement préparé depuis de nombreuses années. Si tu devais retenir quelque chose en particulier de toute cette préparation : une anecdote, une rencontre. Peux-tu nous dire ce qui t’a le plus marqué ?

I-TAWEH :  Le temps passé dans le jardin, à écrire les chansons dans les étapes initiales d’abord… et puis la prochaine partie marquante c’était quand j’étais vraiment seul avec l’ingénieur son (Peter Temple en Jamaïque, et Buddy Rich ici en Californie). On a retravaillé beaucoup dessus, sur la musique. Je me souviens très bien de ces journées-là. Je juge qu’elles ont été très importantes, et j’ai beaucoup appris à ces moments clés, derrière la scène. Ce sont des parties dont beaucoup de gens ne parlent pas forcément…

PARKER : Donc tu travailles généralement depuis chez toi ? Dans le jardin ?

I-TAWEH : Oui, je travaille beaucoup à la maison aussi. Puis le studio n’est pas trop loin de chez moi, c’est une très belle route et un bon temps de méditation quand j’y vais, pour arriver avec une bonne “vibe”, et également quand je rentre après une journée de travail.

PARKER : Tu as beaucoup voyagé pour ce nouvel album. Jamaïque, Californie, France…. Un travail de longue haleine qui porte ses fruits. Cette année, tu seras présent sur la scène du Summerjam, c’est une belle reconnaissance, tu peux nous parler de la conception de Reload ?

I-TAWEH : Oui, tu sais, tout travail finit par apporter sa part de succès. Après avoir fourni autant de travail, tu espères, tu attends de voir quelque chose de positif, arriver vers l’avant (de la scène). Je remercie ces personnes en Allemagne qui me soutiennent et c’est un privilège d’être sur cette scène au Summerjam, je suis très reconnaissant.


Pochette Reload - I-Taweh

PARKER : Pour discuter de Reload et des rencontres faites au cours de ta vie qui t’ont inspiré. On débute par le titre " Danger Zone ", un nyabinghi. Chanson en hommage à Brudda Sam (Sam Clayton). Une rencontre qui a marqué ta vie ?

I-TAWEH : Un, entre autres, bien sûr, avec respect. Mon voyage a commencé à cette époque, dans une petite communauté à Prickly Pole. C’est là où je suis tombé amoureux de la musique. Courir là-bas derrière ma mère, puis aller à l’église et à l’école ; c’est à l’école que j’ai commencé à jouer de la musique. Avant d’arriver à Kingston, tu sais, j’avais eu beaucoup de demeures différentes avant d’arriver à Rockfort. Mais, c’est seulement quand je suis arrivé à Rockfort que j’ai fait la rencontre avec La Mystic (Revelation of Rastafari). Je jouais là-bas avec mon petit groupe à l’époque, et c’est là que j’ai rencontré Brudda Sam, une très bonne personne, un très bon enseignant, un homme de principes. Bien sûr, il m’a beaucoup inspiré, et j’ai beaucoup pensé à La Mystic en faisant cet album, ainsi qu’à Count Ossie, même si je ne l’ai jamais rencontré personnellement, je l’apprécie beaucoup.

PARKER : Tu as joué durant des années avec La Mystic Revelation of Rastafari et dans ce premier titre, on ressent le pouvoir des percussions et la richesse de l’âme de la musique. C’est le message que tu veux faire passer à travers Reload ? Comme un hommage aux traditions et à la musique ?

I-TAWEH : Oui, bien sûr, cela rejoint un peu ce dont nous avons discuté auparavant. Initialement je voulais appeler l’album “Tribute” en hommage à toutes ces personnes que j’aime et ceux qui m’ont inspiré plus que tout. Mais, après on est allé en Jamaïque, à Kingston où j’ai pu attraper Brudda Nambo et Benji Mayaz pour aller en studio à Portland pour enregistrer. Nambo a fait la partie percussion et on n’a pas pu faire plus parce qu’il est décédé pas très longtemps après. " Reload " était une des premières chansons que nous avions enregistrées et après la vibe de cette journée d’enregistrement, tu sais, j’ai un peu fait le choix naturel de changer le titre d’album de “Tribute” à Reload.

PARKER : On a découvert le clip du titre " Reload ". Une vidéo mettant en scène les enfants de Count (Mojiba et Time) au milieu de la cour de Rockfort (base de la Mystic Revelation of Rastafari). Un retour aux sources pour toi. On rappelle que tu as habité à Rockfort et que c’est là que tu as rencontré Sam et Tony Clayton quand tu jouais pour le groupe « Fuzzy & Putus Roots ». C’était important pour toi que ce patrimoine se retrouve sur Reload ? C’est là que tout a commencé pour toi pour ainsi dire ?

I-TAWEH : Oui, c’est important pour la communauté. Le centre du groupe de La Mystic, c’était plus éloigné, dans une autre cour… Mais cette cour où on a tourné la vidéo, c’était la cour de Putus. Il y a eu beaucoup de désastres et de feux, et la ville est en reconstruction grâce à l’aide massif de quelques frères de France, et ils arrivent à reconstruire doucement. Alors, c’était l’endroit juste pour tourner à l’époque, c’était là où il y avait les constructions mais toute la communauté se rappelaient la vibe de l’époque de La Mystic et de cette époque, et ils avaient besoin de savoir que Reload était là, et il nous a fallu toute la communauté également pour rendre le projet.

 

I-Taweh
" Reload "

PARKER : Reload, c’est le titre de cet album. Un album que tu décris comme étant un hommage aux racines du reggae et aux pionniers qui ont posés cette fondation qu’est le reggae. Tu peux nous parler du message que tu veux transmettre à travers ta musique ?

I-TAWEH : Ce qui est important pour moi, c’est l’égalité des droits et la justice sociale : que chacun obtienne les droits qu’il mérite et qu’on arrête de regarder de haut quelqu’un en fonction de leur origine et de leur physique. Je veux juste, vivre et aimer, tu sais… Nous ne sommes tous qu’un et on est plus proches que nous le pensons. Mon message n’est qu’un message d’amour et d’unité, entre les personnes.

PARKER : Dans le titre " Rolling Stone ", tu parles de toi et de tes longs voyages à travers le monde pour la musique. Après plusieurs mois, comment sont les retours sur cette chanson ? Est-ce que beaucoup de monde s’identifie par rapport à l’histoire de ta vie ? C’est ce que tu nous disais avoir pensé avant même d’écrire ce titre.

I-TAWEH : Oui, les retours sont positifs, et c’est beaucoup de plaisir de voir ce que fait cette chanson, et l’album même. Cette chanson m’est dédiée, mais aussi bien sûr à toutes sortes de musiciens qui voyagent loin de leurs familles… c’est très difficile et on rate beaucoup d’événements importants à la maison, à cause de la musique. Parfois on arrive sur scène et la foule est très heureuse, et nous on est en train de rater un anniversaire ou un match (d’un de ses enfants) que l’on aimerait ne pas avoir à rater. Mais, on est des “Rolling Stones” (pierres qui roulent), on est musicien, et avant tout on joue de la musique, on voyage et on adore ça. Il n’y a jamais de regret. Quand on est à la maison, on essaye de faire le mieux en notre pouvoir avec notre temps. C’est la seule manière pour qu’on puisse se dire, quand je suis loin : “OK, il a fait sa part quand il était ici”.
Aussi, parfois on a besoin d’être seul, musicien parce que, pour faire ce travail, il te faut un peu d’espace. Il faut de la place et que l’esprit soit clair. Le vers “leave me alone” - ce n’est pas une blague, c’est un vers sérieux également. On doit avoir une part de conviction.

 

I-Taweh
" Rolling Stone "

PARKER : Cet album est un hommage aux ancêtres, à ceux qui étaient là avant nous, aux esclaves. Le titre " No Mediocre Vibes " est représentatif de cela ? C’est une chanson très forte, profonde.

I-TAWEH : L’histoire de mon peuple est toujours importante et un des devants de mes chansons, et on peut croire que ça a été fait depuis longtemps et que ce message a fait son temps mais, c’est encore d’actualité : se battre pour nos droits, défendre notre sort. La chanson également porte aussi un message plus universel, en tant qu’humain, on ne peut pas endurer une vibe médiocre. Peu importe ce que l’on fait, il faut de la positivité. “Jah Light”, tu sais. On ne peut pas juste faire des choses en s’amusant, on a besoin de cette force et de cette profondeur dans tout ce que l’on fait.

I-Taweh
" No Mediocre Vibes "

PARKER : On a vu le clip de " Sunshine in my Eyes ", un titre qui parle de ta famille dans lequel tu énonces durant le refrain le nom de tes enfants. C’était important pour toi d’écrire une chanson pour eux ?


I-TAWEH : Bien évidemment, haha. Ce sont les personnes les plus importantes dans toute ma vie, tu sais ! Quand je me réveille le matin, c’est eux qui viennent me donner un grand sourire, un gros câlin et qui me disent “Bonjour papa !”, et je crois qu’il n’y a rien de plus important au monde que de les mentionner dans ma chanson, et leurs faire savoir que je pense également à eux.

Les paroles de cette chanson-là, nous les a toutes écrites ensemble : je suis arrivé à une petite impasse et puis ma femme elle y a mis du sien, et puis mon enfant qui était venu vivre avec moi en Jamaïque. C’était une bonne journée, ensemble, assis dans la maison avec la famille et enfin la fin de la chanson a coulée de source avec cette dynamique chaleureuse.

 

I-Taweh
" Sunshine In My eyes "

PARKER : Ce soir, on fête la sortie officielle de ton album. Un grand jour pour toi. Peux-tu nous présenter les musiciens qui t’entourent ?

I-TAWEH : À la batterie on a Jubba White du Dubtonic Kru et à la basse on a Stoneface Bass, aussi du Dubtonic Kru. Donc la base, batterie et basse que j’avais pour la soirée officielle à la sortie de l’album c’était celui du Dubtonic Kru, et je suis heureux parce que les deux sont vraiment des musiciens de première classe, et ils font ce travail depuis très longtemps. C’était un vrai privilège pour moi de les avoir à mes côtés. Une autre batterie de première classe était présente ce soir-là également, tu sais. Il jouait de la batterie sur certaines chansons mais s’occuper principalement de la partie percussions, Alton “Sandrum” Vanhorne, aussi un brudda qui travaille autour de cette communauté Reggae depuis très longtemps. A l’époque de Suga Minott, on a été en tournée avec beaucoup de ces gens-là dont Sista Carol, The Melodians, Mighty Diamonds, Abyssinans… tout le monde. Donc, c’est mon brudda depuis de nombreuses années. Le guitariste qui est venu m’épauler sans entraînement ni répétition avant c’était Stevie Love, un autre brudda avec qui on tourne depuis toujours, “le professeur originalStevie Love, il est-là. Le suivant, un autre guitariste qui m’accompagnait à ma droite, était Brett Harmon.

Si tu retraces un peu mes shows live ici en Californie tu peux en apercevoir, ces artistes m’accompagnent depuis un petit moment et j’étais très content d’avoir cette vibe à la sortie de mon album : avec ces-gens qui sont là, avec moi depuis tout ce temps, et qui ont vu aussi la galère, haha.

PARKER : On pense en ce moment à Farida, à Catherine (Mag), à Fredo. Un petit mot pour eux qui auraient sûrement être là ce soir ?

I-TAWEH : Oh, bien sûr, juste un grand merci à tous ces gens : Farida, Catherine, Fredo, toi Parker… je dois mentionner des noms, je devrais mentionner Matthieu également. Aussi je dois mentionner Reynald, le bassiste de Broussaï qui me soutient depuis très longtemps et qui est toujours-là à m’aider. Quand il me faut quelque chose, n’importe quoi, je sais que je peux appeler Reynald et on finit par y arriver. Donc, tu sais, je dois être reconnaissant aussi… de tous les gens, de tous les musiciens aussi qui m’ont accompagné sur scène en France il n’y a pas trop longtemps, Katia, Tamo, Clément, Felicio… tous ces noms qui m’échappent à l’instant. Honnêtement, man, j’apprécie vraiment toute la force qui a été donnée vers le progrès.

PARKER : Quelque chose que tu aimerais rajouter ?

I-TAWEH : Oh, tu sais, il y a toujours des choses qu’on aimerait rajouter. J’aimerais juste dire à la France de continuer de soutenir le Reggae et la bonne vibes. Vous savez d’où vient cette musique, et elle ne part jamais. Elle sera ici pour toujours et on remercie la musique depuis le début et son évolution. On embrasse la musique dans son ensemble, et à un moment on découvre ce pour quoi on est là, et on doit décider de faire ça !

PARKER : Un dernier mot pour les auditeurs en France ?

I-TAWEH : Continuez à aimer la vibe, et j’espère vous revoir vite ! Et tant qu’on y est, je dois aussi remercier les organisateurs notamment du Arverne Reggae Festival qui ont pris un risque quand j’étais en France pendant un mois - et c’était mon seul festival de prévu… et beaucoup de personnes ont pu voir ou découvrir I-Taweh, alors “ONE LOVE”.
 

From the bottom of my heart - See you soon.

One love Dany - Respect
 

 

On en profite pour remercier et faire un big up à Parker Morain qui s'est chargé du report et de l'interview et Farida, sans qui rien ne serait possible. Merci !!!!

 

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