Yod n°9 – L’authentiK

"Original faut pas taper la doudou", qui n’a jamais entendu cela en soirée ? Cétait même un hymne aux pieds des immeubles, même dans la plus petite des cités de province début des années 90 avec ces ghetto-blasters, ou autre lecteur cassette avant que les CD ne viennent détrôner ces fameuses bandes magnétiques. Le fameux temps du raggamuffin style, celui de la débrouillardise.

Daddy Yod est une de ces légendes a qui l’on doit une partie du reggae français avec des classiques comme "Delbor", "Rock en zonzon" "Professionnel ou amateur".  Plusieurs fois disparu des ondes sonores, il revient régulièrement et ceux qui l’avait enterré un peu trop tôt peuvent revoir leur copie car tel un lazare biblique, il revient en très grande forme et nous propose ce 05 avril 2020, son 9ème album intitulé Yod n°9 -  l’Authentik  et quand on connaît l’artiste on sait que l’album le sera, sans filtre, l’authentique raggamuffin style est de retour.

Il démarre avec "Tombé love" et sa guitare en intro très rock, de sa voix éraillée reconnaissable entre mille, ou il nous parle de l’amour de la musique, comme d’une femme, un couple marié depuis plus de 40 ans.

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Avec "Flashback", on prend la machine à remonter le temps pour arriver au temps des soldats raggamuffin, d’ailleurs le riddim a quelque chose de militaire et Daddy Yod nous donne un aperçu de sa carrière, et nous parle de ses influences jamaïcaines. Le tout part même en musique quasi carnavalesque. A l’aise sur tout riddim, il reprend même ce "Flashback" en mode ska qui donne envie de se lancer dans une petite danse, le  flying cymbal style cher à Bunny Lee finissant d’enfoncer le clou pour ce titre sautillant.

Avec "Hanté mon esprit", la musique nous rappelle la période jamaïcaine de Gainsbourg, même le début du phrasé de Daddy Yod nous rappelle le grand Serge, Florence Hamza emmenant cette légèreté dans les chœurs.

Avec "Changer la donne", Yod nous emmène à réfléchir car comme il le dit « Il y a maldone, ils ne faut pas que l’on s’endorme. On vit à genou dans les geôles de babylone, les chaînes au cou ils nous traitent comme des sous-hommes. Ils nous vendent des merdes et comme des cons nous on consomme », une chanson sur le racisme, la consommation à tout va et ceux d’en haut qui nous manipulent. Il reprendra d’ailleurs ce titre en duo avec Stnb, artiste Mauricien à la voix d’Or (et spécialiste du Seggae tout comme le grand Kaya, disparu trop tôt) sous le titre "Le diable sourit" pour clore l’album.

Très beau riddim pour  "Can't help falling in love", on se souvient de la chanson popularisée par Elvis Presley en 1961 pour le film Blue Hawaï (Sous le ciel bleu d’Hawaï) qui a été reprise par moult chanteurs dont les UB40 et qui est en fait inspirée de la chanson "plaisir d’amour". Yod nous envoie un voix quasi ténor qui peut passer une voix en baryton pour une très belle interprétation chanson d’amour. La petite guitare derrière nous emmenant tout de suite sur une belle plage des Antilles, ou sur un bord d’un de nos beaux lacs.

Avec "Big up Tiger", on passe au pur raggamuffin style qui a assis sa popularité. Le riddim est digne de ce qui se faisait dans le début des années 90’s. Le phrasé de Daddy Yod n’a rien perdu de sa rapidité, on voit qu’il est toujours le King dans ce style si particulier qui fleure bon la nostalgie. On a tout de suite envie de pull up le morceau ! Et pour ceux qui ne connaissent pas Tiger, une des autres grandes influences de Daddy Yod avec Yellowman, on ne peut que conseiller d’écouter "(no) puppy love" sur le "answer riddim", vous n’en serez que conquis. Le King n'attend pas que les artistes francophones ou étrangers soient morts pour leur rendre hommage.

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On repart sur le très sautillant  ska "J’ai oublié de vivre", moitié métropolitain, moitié créole ce qui donne un ton amusant à cette adaptation de la chanson de Johnny Hallyday qui date de 1978 et qui avait était écrite et composé par Pierre Billon et il faut bien reconnaître que cette version donne tout de suite envie de danser.

On ne se lassera jamais de "Faut pas taper la doudou", même sur une marche militaire, on dirait encore. Sur cet album on a droit à un bon rythme très calypso , les chœurs sont à point pour dire "non"  à cette violence contre les femmes.

Violon d'intro, Yod est entre chant et slam pour "Conséquence" et nous parle de sa vie, de ses chutes, de ses ennemis et de ses faux amis, et comme on dit, ce qui ne tue pas rend plus fort car s’il met un genou à terre c’est pour prièr le seigneur comme il dit.

Avec "Coule dans mes veines" dès les première notes,  le riff guitare parlera aux anciens avec Yellowman sur son fameux "Zungguzungguguzungguzeng", à l’origine le "mad mad riddim" qui vient du grand Alton Ellis. Comme le chantait un autre Dj français, son frère de musique Nuttea, c’est un "Retour aux sources". Les basses et batterie jouent leur rôle majeur de ces riddims intemporels.

Avec "Démaré Mwen", on passe au ragga/zouk avec en invité de marque, le grand, l’unique Jacob Devarieux, le créateur de Kassav il y a plus de 40 ans et à 64 ans le chanteur des inoubliables "Zouk La Sé Sèl Médikaman Nou Ni" ou encore "Sye bwa" n’a rien perdu de sa voix si caractèristique. Les deux chants se mèlangent à merveille pour ce joli duo made in Gwada pour un titre qui fera danser jusqu’au bout de la nuit.

Le mix d' "Aime la vie » (que tu aimes)" annonce du lourd pour les soirées sound system, le son est lourd, Jah protège nos âmes » est nous donne envie de nous défouler sur ce titre dancehall, la voix est passée en reverb. Le riddim est minimaliste et frappe au creux de l’estomac et mettra KO même le meilleur des catcheurs. L’efficacité se fait aussi dans la simplicité.

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Quant à "Le bayou des rêves",, ce morceau sonne très blues, on se sentirait presque dans un piano bar, ambiance feutrée, un verre de rhum posé sur cet instrument aux touches noirs et blanches. Même la voix de Yod est remplie de cette atmosphère avec des paroles remplies d’émotion.

Il a su s’entourer de Fabrice et Joseph (Père et fils)  Chantôme , Willy wizz, Supa john,  Johnny silva monteiroTedy king Dj kaprisson pour pour produire les meilleurs sons, des beat riddims de qualité ainsi que Jacob Devarieux, Jeannot Jeannot, Zabullon, Guibert, Philippe Rouaux. Fabrice Chantôme et Info Optimum (Angleterre) se sont occupés des mixes et mastering. La très belle photo de la pochette est de Mohamed benbekhti. 

Si Yod a rejoint l’équipe d’artistes managée par Bruno Messy avec notamment la sortie en décembre du single "Aime la vie", l’artiste, président de l'Entreprise  kdy, son label,  a tenu à auto-produire entièrement cet album de la maturité. Après le survivant, c’est vraiment une légende vivante du reggae français qui nous revient avec son nouvel album Yod N°9 L' AUTHENTIK. , Le raggamuffin style version 2020 est bien là !

Daddy Yod
Yod n°9 – L’authentiK
sortie le 5 avril 2020
sur toutes les plateformes de téléchargement légal
et dans quelques jours en Cd physique

Tracklist :
01 Tombé love
02 Flash back
03 Hanté mon esprit
04 Changer la donne
05 Can help fallin’ in love
06 Big up Tiger
07 Jai oublié de vivre
08 Faut pas tarper la doudou
09 Consequence
10 Coule encore dans mes veine
11 Démaré mwen feat. Jacob Desvarieux –Kassav-)
12 Aime la vie
13 Flash back ska pt 2
14 Le bayou des rêves (en ba fey Blues)
15 Le diable sourit

Photos avec l'aimable autorisation de King Daddy Yod

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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