Do the reggay, la musique en deuil

« Nous sommes ce qu’ils ont été, nous serons ce qu’ils sont », cette petite phrase à l’entrée d’un cimetière au fin fond de l’Auvergne (Moriat), est un résumé du cycle de la vie. Nous avons tous malheureusement été confrontés à la perte d’êtres chers, et puis nous avons appris à grandir auprès d’artistes qui nous ont fait vibrer de nombreuses années et leur départ est tout aussi violent, bouleversant pour nos existences.

Certains  feront même partie des légendes et Toots Hibbert, disparu ce 11 septembre (33 ans jour pour jour après Peter Tosh ) est de cette trempe-là, celui qui a donné le nom à notre musique préférée, même si l’orthographe en est quelque peu changée, ce "Do the reggay" en 1968.

Toots, the Maytals, reggae 2020, disparition 2020

Il faut reconnaître qu’il a su traverser les décennies, tout en commençant par l’incontournable Studio One avec son groupe, trio vocal à l’origine avec à ses côtés  Henry ‘Raleigh’ Gordon (décédé en 1994) et Nathaniel ‘Jerry‘ Mathias et ce jusqu’en 1982 date de leur séparation, le groupe The Maytals, désignant aussi le groupe de musiciens qui accompagne Toots tout au long de sa carrière avec de grands musiciens comme Winston Wright aux orgues, Paul Doublas à la batterie, Hux Brown ou Carl Harvey à la guitare.

Grand amateur de soul, avec une forte inspiration d’Otis Redding, Toots est un touche à tout et n’hésite pas à faire vibrer le reggae avec d’autres sonorités, du rock au funk.

Beaucoup de ses titres sont entrés dans le panthéon de la musique avec "Do the reggay", "Pressure Drop", "Sweet’n’dandy", "Hallelujah", "Funky Kingston", "54-46 that’s my number" que l’on retrouve notamment sur l’album live de 1982 enregistré au Hammersmith Palais et qui a eu la particularité d’être capté, masterisé et sorti en 24H, un record, malheureusement pas établi au guiness records mais qui sera reconnu deux décennies plus tard comme l’album live le plus rapidement enregistré. Et on ne peut passer sous silence son "Bam bam » qui a donné lieu à un riddim repris des centaines de fois dont le fameux "Murder she wrote" de Chaka Demus & Pliers.

Parmi d’autres titres, on peut citer "I’ll never grow old", "African doctor", "living in the ghetto", les magnifiques "Six and seven book of Moses", The Preacher', 'thy kingdom Come', '"Revival Time" très bibliques, les Saintes Ecritures étant aussi une des inspirations de Toots qui vient d’une famille très chrétienne ou le mystique "Rastaman" avec Rico Rodriguez au trombone.

Toots a enregistré quelques 25 albums studios dont le dernier en date, Got to be tough, venait tout juste de sortir et il devait repartir en tournée pour le défendre, le destin en a décidé autrement.

Il laisse un grand vide dans le reggae et des hommages sont arrivés de toutes parts, tout genre musicaux confondus car il était source d’inspiration pour grand nombre d’artistes, souvenons nous de la superbe reprise de "Monkey man" par Amy Winehouse.

En parlant hommage, La Grosse Radio ne pouvait aussi passer sous silence la disparition récente de PurpleMan surnommé à ses débuts Peter Yellow, décédé à 58 ans le 14 août 2020. Albinos, tout comme son compère Yellowman avec qui il a joué aux cotés de Sista Nancy, Fathead, Sly & Robbie ou encore Papa Tullo.

Purpleman,  reggae 2020, disparition 2020

C’était un Dj qui aimait le clash et qui a œuvré dans de nombreux sound system, tel le Youth Promotion (de Sugar Minott) mais aussi les réputés king Jammy Sound System, Killamanjaro et Black Scorpio. S’il était connu surtout dans les années 80’s, et a sorti bon nombres d’albums et singles comme le "Level vibes pumping" sur le "Water pumping" riddim ou le plus léger "In heaven there is no beer", il n’en restait pas moins actif tout au long de ces années et il avait sorti en 2014 l’intéressant Home once more. Récemment, sa fille a lancé un appel bouleversant accompagné de… Yellowman pour que son père puisse être enterré dignement. On a beau avoir eu une belle carrière, bons nombres d’artistes vivent encore dans la misère.

Et la faucheuse se moquant peu des âges, le chanteur et grand percussionniste Feluke (qui signifie en Nigérian 'remis entre les mains de Dieu'), Denver Smith de son vrai nom est décédé à 43 ans des suites d’un cancer le 5 septembre. Il avait démarré à la plus célèbre école de Jamaïque, l’ Alpha Boys’ School et avait le sens de la musique universelle en mélangeant reggae, jazz, pop et R’n’B. On a pu le voir aux fameux Rotodam ou reggae sumfest et il a participé à de nombreux albums tant en qualité de musicien que de directeur artistique comme pour  Tiken Jah Fakoly l’africain , Bernard Lavilliers Samedi soir à Beyrouth , Stephen Marley  Revelation time part1 » jah Cure  The cure  ou plus récemment sur l’album de Mortimer Fight the fight . Il avait lui-même sorti un Ep intéressant en 2018 Insight  et le titre "soul alive" prend tout son sens ici.

Feluke, reggae 2020, disparition 2020

Ela* (que l’on a pu entendre sur le récent "Time ' parle de lui en ces termes : « c’était un très bon musicien et une très bonne personne. Toujours là pour nous aider et conseiller, un top humain ». Tout est dit.

Quel ces nouvelles étoiles vert jaune rouge montent très haut dans le ciel et à nous de les faire briller en écoutant les titres de ces trois artistes. Leur souvenir en restera éternel,

RIP Toots Hibbert, Purpleman, Fekule

Photo Toots avec l’aimable autorisation de Christine ‘Kaya Pinto, Purpleman avec l’aimable autorisation de Caresa Jones (fille de Purpleman) et Feluke avec l’aimable autorisation d’Ela*

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