Rissa Boo – Scientifik

Prévu initialement pour le printemps, mais repoussé en raison des événements que vous connaissez tous (comme bon nombre d'autres projets également), le dernier EP de Rissa Boo est finalement sorti le 11 septembre. En effet, cela fait déjà un moment que l'artiste nous présente ce Scientifik petit à petit. Le premier single, "Mutual Aid" (voir ici), paru au printemps juste après le confinement, faisait d'ailleurs état de la crise sanitaire et notamment des réseaux de solidarité mis en place par la population durant l'épidémie.

Mais alors qu'on connaissait Rissa Boo pour son attrait majeur pour le funk ou le hip-hop (souvenons-nous par exemple de son "Classik" avec Bazil et par lequel on l'avait découvert), il se manifestait, via ce "Mutual Aid", avec un son plutôt étiqueté reggae, trap et dubstep, comme s'il s'agissait d'un avatar underground de Skrillex. C'était donc plutôt bien parti pour les reggae addicts que nous sommes, cependant Rissa Boo a rapidement pris la tangente pour se concentrer à nouveau sur ses premières amours.

Mince alors ! D'autant plus que lorsqu'on jette un coup d'œil aux artistes qui ont entouré le MC pour mettre au point cet EP, on y retrouve quelques personnes qui ne sont pas tout à fait étrangères à nos services et qui gravitent très franchement autour de la sphère reggae. Et c'était d'ailleurs auprès de ces deux personnes que l'on avait pu voir pour la première en live & direct, oui mesdames et messieurs, en direct live, Rissa Boo sur scène. En effet, il assurait le backing band (voir ici), en qualité de DJ, d'un certain Bazil (présent sur ce Scientifik), en compagnie du guitariste Antoine Duplicki et du batteur Alexis Bruggeman, musiciens qui ont d'ailleurs joué avec Biga*Ranx pendant plusieurs années.

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Et comme par hasard, c'est Alexis Bruggeman que l'on retrouve à la composition sur cet EP. Après avoir produit le maxi Marina P & The Radiators (la grosse chronique ici) en 2017 et le dernier album de Bazil (encore lui !), Grow, (la grosse chronique ici) en 2019, le voilà qu'il ajoute une nouvelle corde à son arc de beatmaker. Sauf qu'ici, il ne s'agit pas du tout (ou presque pas) de reggae, comme nous l'avons dit précédemment, et les influences soul, pourtant très présentes sur les opus évoqués plus haut, n'ont quasiment pas droit de cité sur ce Scientifik. Autrement dit, Alexis Bruggeman s'est complètement renouvelé ici, les productions suaves cédant la place à des instrus plus énervées.

On s'en était immédiatement rendu compte dès la parution du second single, "Hippie Hardcore" (voir ici), un hip-hop bourré d'electro, qui entérinait la personnalité double de Rissa Boo et, forcément, par extension, d'Alexis Bruggeman qui nous offrait une autre facette de son moi artistique. Chacun a en effet une partie de "hippie" en son for intérieur et un versant plus "hardcore", thème de la dualité qui a toujours parcouru les arts depuis la nuit des temps et qui a trouvé un énième avatar ces dernières décennies avec les super-héros chers à la culture yankee.

On ne s'étonnera donc pas que l'altérité est une notion qui traverse de part en part ce Scientifik. Sur "Rampage" et son beat disco/funky, c'est notamment le clip, outre ses images chocs et brutales, qui illustre cet aspect et dans lequel Rissa Boo s'est grimé en noir et blanc (tiens, tiens), aux couleurs du Joker dans Batman. Quant à "Aliens In New York", la référence est plus qu'explicite (alien signifiant autre) : dans ce track parsemé de trap et d'electro, le MC et son acolyte Bazil (les deux artistes ayant vécu à New York) nous dévoilent leurs impressions concernant la mégapole américaine, une mégapole disparate faite de plusieurs cultures (y sont cités, entre autres, Chinatown, Harlem ou Little Italy), qu'elles soient purement humaines ou tout simplement musicales, New York étant un grand vivier d'artistes tous genres confondus.

Et l'on pense bien évidemment avant tout aux Beastie Boys, ce trio infernal et déjanté qui a à peu près tout expérimenté durant sa carrière. Rissa Boo étant un grand adepte des auteurs de Paul's Boutique, un hommage leur est indirectement rendu à travers "The Blast", où les guitares et les basses lourdes s'acoquinent avec le hip-hop et le funk. Cette volonté d'éclectisme (une recherche de l'absolu) et d'embrasser le plus large éventail musical possible trouve son paroxysme dans le titre éponyme où Rissa Boo évoque toutes les facettes du hip-hop (le graf, le djing, la danse, etc) avec son beat à la C2C, quatuor qui n'a d'ailleurs jamais renié son admiration, lui aussi, pour les Beastie Boys (voir ici) .

Et le rap ayant massivement muté en trap aujourd'hui, il fallait forcément que la paire Rissa Boo/Alexis Bruggeman explore le genre en particulier ; chose faite avec l'excellent "In My Disquiet (on se voit déjà danser comme Drake) qui, il faut bien l'avouer, demeure l'un des morceaux les plus aboutis de l'EP avec son groove, le MC se payant même le luxe de pitcher sa voix. Comme quoi, tout est définitivement réalisable !

TRACKLIST

1. Scientifik 
2. Hippie Hardcore 
3. The Blast 
4. Aliens In New York (feat. Bazil
5. Rampage 
6. In My Disquiet 
7. Mutual Aid

Artiste : Rissa Boo
EP : Scientifik
Date de sortie : 11/09/2020

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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