Steven Wilson – The Harmony Codex

Chaque album de Steven Wilson est un événement. Le multi-instrumentiste nous a toujours montré qu'il n'était pas là pour faire du fan service, ni se répéter mais pour exprimer son art, comme il le pensait à un moment donné. Chaque première écoute de sa carrière solo est comme la découverte d'un nouveau monde, un nouveau film. Et avec son nouvel opus intitulé The Harmony Codex, qui sort ce 29 septembre, Steven ne déroge pas à la règle. On vous emmène dans ce qui représente sûrement le 2001 : A Space Odyssey de sa discographie, si ce n'est du prog en général.

On connaît les talents de Steven Wilson en tant que producteur et ingé son. Et pour cet album il n'a pas fait les choses à moitié, quitte à le présenter en son surround 18.1.12 lors de quelques événements. Chose appréciable, la version promo de l'album était disponible en version .wav. L'écoute au casque se révèle magique. Tout est audible, d'une chaleur immense, chaque élément a été pensé et repensé dans le mix. La basse est ronde, les claviers analogiques sont doux ou percutants selon les filtres, les batteries acoustiques sonnent vraies alors que les boîtes à rythmes sont incisives. Quant aux voix, selon l'intensité et l'intension, on sent toutes les nuances. Rien n'est laissé au hasard et rien n'est de mauvais goût.

Et pourtant l'exercice semblait difficile : Steven a pris le parti de proposer 10 morceaux complètement différents qui vont du prog classique au free jazz en passant par l'électro et le trip hop. L'album est bien une odyssée, un voyage qu'il faut prendre le temps d'effectuer. En effet, The Harmony Codex est dense et la seule petite ombre au tableau et que, contrairement à The Future Bites, il est difficile à digérer.

Alors qu'avec le précédent album, on avait plusieurs titres un peu plus pop et faciles à avoir en tête, Steven Wilson a encore plus expérimenté sur ce nouvel opus. Des titres longs et ambiants à l'image de "Inclination" et son style chill out/électro. La rythmique répétitive se mèle au saxo sublime du musicien de nu jazz Niles Peter Molvear et au piano hanté si caractéristique des productions de Wilson. Dans le même genre, l'un des premiers singles dévoilés, "Economies of Scales", se base sur une rythmique en roue libre, comme si une TR-808 était en mode aléatoire avec des hi-hats complètements fous. Très épuré avec la voix de Steven et des claviers, on se retrouve quand même en terrain connu avec ses vocalises en arrière plan et la sublime voix de Nina Tayeb.

On entend déjà les fans de Porcupine Tree hurler depuis son virage plus pop électro avec To the Bone. Si Closure/Continuation ne vous a pas rassasié, on retrouve des éléments du groupe de metal prog dans cet album qui rassureront un peu plus les fans de la première heure. Ainsi "Impossible Tightrope" et ses dix minutes déballent un riff de guitare qui est la base du morceau auquel s'articulent la sublime batterie de Nate Wood et un break au Wurlitzer d'Adam Holzman. On dérive un peu dans un long morceau qu'on pourrait retrouver sur FIP mais on ne peine pas à reconnaître le son caractéristique de Steven Wilson. Autre morceau de bravoure : "Staircase", très groovy et blindé d'éléments complexes en arrière plan qui donnent envie de réécouter l'album. Cette composition permet de mettre en lumière le travail de Nick Beggs, bassiste bien connu des fans, qui brille par un solo mémorable. L'ensemble (et l'album) se conclut avec la narration de Rotem Wilson (la femme de Steven) qui intervient d'ailleurs sur "The Harmony Codex".

Ce dernier est un morceau stellaire basé uniquement sur un arpège synthétique qui va évoluer au fur et à mesure. Dans une ambiance assez atmosphérique et proche de ce que pouvait faire Muse parfois, on est clairement dans le passage psychédélique de 2001 : L'Odyssée de l'Espace.

Autre facette des années 60, ce son typiquement floydien que Wilson n'a jamais renié. Il est flagrant sur la ballade "Rock Bottom" qui rappellera aux fans le morceau "Pariah". Toujours avec Nina Tayeb au chant, on est en plein dans l'atmosphère "Comfortably Numb" avec ses nappes de violons synthétiques et ce solo de fin très Gilmourien. Même remarque pour "What Life Brings" même si on lorgne du côté d'un autre projet du musicien : Blackfield avec une ballade acoustique puissante faisant le lien entre Porcupine Tree et Pink Floyd.

Reste quelques autres morceaux dont le très surprenant "Time is Running Out". Avec un travail proche de Jean-Michel Jarre en utilisant des samples de voix comme mélodies ou avec les boîtes à rythmes et un solo qui rappelle Mike Oldfield, le musicien pousse le curseur encore plus haut.

Exigeant, intense et hyper bien produit, The Harmony Codex est une œuvre magistrale qu'il convient de prendre le temps d'apprécier. Comme le film de Kubrick, il n'est pas très accessible et ne deviendra pas forcément l'album qu'on écoute d'un air distrait en voiture. Il faut se poser, avoir le matériel adéquat pour y voir toutes les subtilités d'un génie qui ne laisse rien au hasard.

Tracklist

01. Inclination
02. What Life Brings
03 Economies of Scale
04 Impossible Tightrope
05 Rock Bottom
06 Beautiful Scarecrow
07 The Harmony Codex
08 Time Is Running Out
09 Actual Brutal Facts
10 Staircase

The Harmony Codex sort le 29 septembre sur le label Virgin Music.

Steven Wilson, The Harmony Codex, Porcupine Tree, prog
close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...