Howlin’ Jaws fait l’éloge de la torpeur

Mystique et bouzouki. Le trio parisien Howlin' Jaws réveille le rock des années 60 en confiant ses incantations psychédéliques aux bons soins des arrangements déstructurants.

Avec ce deuxième album, le groupe s'est lancé dans l'expérimentation. On découpe tout, on modifie, on rafistole. On met bout à bout un solo de batterie et une envolée surf, on met de l'effet, et on en produit un bon.

Du beat et du bit

L'ingé son, c'est Liam Watson, car les Parisiens qui se connaissent depuis le collège méritent le meilleur, et vont fait produire cet album de l'autre côté de la Manche. Avec lui, ils ont réalisé ce superbe album de 11 morceaux, allant du tube de l'été à la ballade fugace en passant par les pépites hallucinées et les slows sauvages.

On prend tout ce qu'on connaît, on laisse infuser, et on retouche serait leur credo. Indéniablement biberonnés de rock des années 60, on retrouve un peu partout des appels du pied au flower power, des sonorités Beatles et du rockabilly des familles. Mais ce sont des jeunes gens de leur génération, qui n'hésitent pas à confier la réalisation de leur pochette à une IA, et qui modulent leurs sons à tout va. Reste-t-il encore un instru tout nu dans cette avalanche d'arrangements ?

Trois jeunes hommes en jean posant.
Les Howling Jaws assouplissent le rock. Photo : Manon Violence

Ballades surf

En tout cas, l'expérience Howlin' Jaws laisse l'esprit curieux.

Dès les premières mesures on passe de l'autre côté du miroir, on se voit tel qu'on veut être : le plus beau, le plus ébouriffant. On découvre les chœurs qui reviennent sur presque tout l'album et qui vont nous accompagner comme un arrière-plan de berceuse ou comme des chants de sirène destinés à nous entraîner dans un monde mystique.

Les sonorités se déploient en kaléidoscope, les envolées psychédéliques succèdent aux rythmiques orientalisantes prodiguées par le djura pour plonger l'oreille dans un état de transe plus ou moins effrénée. Entre des chansons chaloupées dignes d'un feu de camp comme « The Sting » ou des machines à danser comme le twist modernisé « Through My Hands », on est sans cesse en train d'osciller, du canapé à la fosse.

Du pogo au bécot

Le tubesque « Half Asleep Half Awake » qui donne son nom à l'album fait la part belle à la mélodie. Avec ses guitares chevelues qui répondent à une batterie frénétique, ce long morceau se savoure comme un bonbon.

Un bonbon sucré et mou comme une guimauve, car le potentiel langoureux des morceaux des Howlin' Jaws est certain. La cassette peut facilement passer dans toutes les bonnes boums, le quart d'heure américain sera réussi. On a envie de pogoter comme de bécoter.

Mais le disque n'a pas fourni tout son potentiel tant qu'on ne s'est pas laissé transport par le final enchanteur « See You There ». En plus de quatre minutes, la chanson a le temps de s'installer. Des voix arrangées en vibrato, des cymbales qui chantonnent, des guitares qui se tordent dans tous les sens... incantation mystique ? Chant motivationnel ? La délicatesse des arpèges scintillants cueille l'auditeur en douceur au plus haut de l'extase pour le laisser redescendre et le laisser entre veille et sommeil, au choix.

Ça réveille au début, ça rendort à la fin, en un peu plus de trente minutes voici l'album parfait en traitement d'une insomnie. Ou en ouverture pour un début de soirée.

Pochette d'album faite par IA

Howlin' Jaws - Half Asleep Half Awake
Sortie le 29 septembre 2023

1.Mirror Mirror (3:20)
2.Bewitched Me (2:22)
3.Through My Hands (2:25)
4.Lost Songs (2:17)
5.The Sting (4:14)
6.Half Asleep Half Awake (4:50)
7.Healer (3:16)
8.It’s You (3:11)
9.Mind Reader (3:13)
10.Blue Day (2:39)
11.See You There (4:32)

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