Tout vient à point à qui sait attendre : on peut le dire, les fans de Dilemma connaissent bien ce sentiment. Le groupe, dont le premier album est sorti en 1995, a déjà mis 23 ans avant de composer un très bon deuxième opus intitulé Random Acts of Liberation. Et rebelotte : 6 ans d'attente, même si le groupe n'a pas chômé notamment en faisant la première partie de Sons of Apollo ou Marillion. Ce temps leur aura permis de recruter deux nouveaux membres et pas des moindres : Kristoffer Gildenlöw, ex-bassiste de Pain of Salvation, et le chanteur Wudstik que certains d'entre vous a pu découvrir dans le projet Ayreon puisqu'il chante sur l'album 01011001 et également en live. Si on rajoute le fait que ce troisième opus intitulé The Purpose Paradoxe est mixé par Sieur Rich Mouser, on se dit qu'on a bien fait d'attendre.
Dilemma sait se faire désirer et tant mieux. On a là un album de qualité notamment servi par un excellent mix. Il reste encore incompréhensible que des groupes plus célèbres de prog ne bénéficient pas d'un tel niveau de clarté dans le son en général. Et pourtant, vu le nombre de pistes, de sons, d'ambiances différentes, cela n'a pas dû être une mince affaire pour Rich Mouser, même si on sait que le gaillard a plus d'un album dans son sac. Imaginez donc un repas en plusieurs services avec des produits de qualité : la basse ronronne, la batterie de Collin Leijenaar malgré son style extrêmement hétérogène sonne juste à chaque fois et les sons de claviers de Robin Z sont chauds mais pas kitsch. Ecouter Dilemma, c'est déjà faire plaisir à ses oreilles.
Le groupe oscille entre rock progressif relativement joyeux qui rappelle Moon Safari et Spock's Beard et invoque assez souvent des références comme Genesis. Impossible de ne pas penser à Tony Banks et le mythique "Dance on a Volcano" sur le solo de "Sanctuary". Mais nous ne sommes pas ici dans une parodie ou du plagiat car le Dilemma possède une vraie personnalité qui vient notamment de la diversité musicale de ses membres. Non, le groupe ne fait pas que du prog old school et pousse le curseur de la violence un peu plus haut avec des soli très metal et même des blast beats sur "Electra". Si on écoute bien, on décelle facilement des riffs très ciselés dans "I Am Neon".
Certaines ambiances eighties se font entendre notamment sur "Thunder" qui démarre comme une ballade avant de s'énerver un peu, ou sur "Allies". Sur ce dernier intervient Derek Sherinian (ex-Dream Theater, Whom Gods Destroy). Ce dernier propose fréquemment ses services pour un solo de clavier mais cela n'apporte pas grand chose juste le plaisir d'entendre son son de synthé particulier. Par contre derrière, ça groove à mort ! Kristoffer et Collin se sont vraiment bien trouvés et assurent avec une solidité impressionnante. On se surprend même à trouver un petit côté hard à la Guns 'N Roses et même du trip hop dans "Cities". Ne soyez pas effrayés par cette abondance de style car la force de Dilemma est d'intégrer tout cela de manière cohérente et surtout digeste : les refrains sont entêtants et faciles à retenir comme dans "Not Enough Now" et plusieurs morceaux sont assez concis. Le chef d'orchestre et le liant dans cette histoire est bien sûr la recrue Wudstik. Parfaitement dans son rôle, totalement caméléon, il s'adapte aussi bien aux passages plus heavy qu'aux mélodies lentes. Vu son CV (des comédies musicales, des collaborations dans le monde du rap et du reggae, un passage par The Voice Holland), on n'en attendait pas moins et il ne déçoit pas.
Six ans après son deuxième album, Dilemma nous gâte encore. Sans pour autant révolutionner le monde du prog, le groupe se contente déjà d'apporter une pierre à l'édifice, un pavé qui est fort agréable. Espérons que ce bel opus permette au groupe de tourner un peu plus pour montrer l'étendue de son talent.
Album disponible ici le 20 septembre.
Photos : DR Vincent Boon
Tracklist
1. Sanctuary (7:59)
2. I Am Neon (6:10)
3. Electra (5:59)
4. Thunder (6:12)
5. Allies (6:08)
6. Not Enough Now (4:27)
7. Glow (5:19)
8. Cities (5:07)
9. Outer Light (15:40)