High Mountain – Wasted Tales

Alors que les jours raccourcissent et que le froid s’installe, quoi de mieux que de s’envoyer un bon disque de californiens pour faire rentrer la chaleur dans les chaumières. Euh…pardon, je vérifie les infos… Ah non, ils sont tout sauf californiens… Les types de High Mountain sont lorrains ! 

Par notre correspondant local, Barclau

Un pays où le ruissellement est une constante climatique autant qu’un mythe économique. Un pays où l’on aime rêver d’ailleurs jusqu’à en brouiller les pistes. 

A l’instar d’un Spiritual Beggars ou d’un Grand Magus des débuts, High Mountain s’expatrie en musique par un stoner pachydermique qui n’est pas sans invoquer les figures tutélaires sans vivre dans leur ombre. Quand les claviers s’invitent, on se plaît à rappeler Bodkin à notre mémoire. Toutefois, plutôt que de tirer leur musique vers le vintage, le groupe a assez développé sa personnalité pour garantir une intemporalité à son style (stoner forever). 

Kyuss, Sleep, Red Fang, stoppons là le name dropping même si on serait tenté de faire couleur locale en ajoutant Mars Red Sky

Car surtout, High Mountain arrive avec un album qui pourra figurer sans pâlir aux côtés de ses modèles. Et sait s’en détacher comme un enfant qui trace sa propre voie à partir des pas de ses parents. 

Et mine de rien, ça faisait longtemps que nous n’avions pas été emballés par un bon album de stoner désertique qui vous sèche la gorge, qui donne soif, avec cet équilibre parfait entre évidence, étirement, riffs physiques qui entrent direct en tête à la foreuse et passages audacieux qui exigent une écoute attentive. 

La soif donne des vertiges et brouille la conscience, laquelle se perd dans des passages psychédéliques jouant de nos perceptions, en s’amusant avec le temps. Ces étirements temporels jouent aussi sur notre représentation spatiale, tel le mirage qui nous promet une source à portée de main mais s’éloigne à mesure que l’on s’en approche.

Les quatre musiciens se donnent aussi corps et âme dans leur interprétation, faisant vivre leurs morceaux, s’amusant des dynamiques comme dans un combat avec baisse de garde, feinte, uppercut imprévisible. 

On ressent le plaisir qu’ils ont eu à les composer, les jouer (c’est techniquement très maîtrisé sans jamais être démonstratif), et les chanter avec cette voix de barde sans âge qui sied si bien à ces textes habités d’une sagesse désemparée face aux inévitables désastres de l’existence. Cœur de doom ! 

L’album nous surprend donc toujours quand on pense qu’on l’a cerné, distille ses surprises et ses coups de masse dès qu’on baisse la garde. 

L'atmosphère devient sèche, les guitares semblent tendues jusqu’à la rupture comme nos nerfs dans ce désert qui se peint devant nous, et qui nous met face au pire : nous-même. 

A noter la production impeccable du studio L’Autre Oreille (Metz) qui parvient à rendre le son vivant, ainsi qu’à la pochette de Marie Chester qui en magnifie les sensations.

High Mountain porte bien son nom, en nous offrant un premier album solide comme cette montagne que grimpe Sisyphe, et une tracklist qui nous roule dessus jusqu’en bas. Mais c’est avec plaisir que l’on remontera la pente sèche de Wasted Tales, ces contes que l’on récite à peine perdue tant le goût du tragique nous emporte contre nous-mêmes.

Album disponible ici depuis le 15 octobre.

Tracklist:

1. ATM
2. Greed & Gold
3. Quarantine                 
4. The King Of The High Mountain
5. Feel The Same

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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