Festival L’Paille à sons #9

Les 9 et 10 juin dernier, le festival Chartrain fêtait ses neuf ans. Nos coups de coeur de cette édition quelque peu perturbée par une ondée intempestive ? Le détonnant duo Bafang et les excellentissimes Lulu Van Trapp.

Bafang

Les Wampas, Cannibale, We Hate Please you die… L’an passé, les Sons du Sous-Sol, l’asso chartraine organisatrice du festival nous avaient gâtés côté gros son. Un daron chartrain, en goguette avec une ribambelle de fifilles et avec lequel on partageait une tablée à frites, se souvenait avec émotion du set épileptique de Ko Ko Mo. De l’aveu même d’un des organisateurs, le rock ne s’est pourtant pas taillé la plus belle tranche de cette neuvième édition. L’inévitable et so tendance électro était elle toujours bien présente avec Dombrance et Rakoon, les régionaux de l’étape Debout sur le zinc et les mythiques rude boys The Skatalites, trustaient le haut de l’affiche. De la chanson qui file toujours la patate et du ska roots légendaire-mais-qui-envoie-encore, c’est bien, mais pas de quoi faire notre beurre de rocker… Mais reconnaissons au Festival L’Paille à Sons le mérite d’avoir éviter de jouer la carte du dernier rappeur autotuné en vogue. Ça nous a grave reposé les oreilles ! Et puis, les deux formations avec-du-rock-dedans passaient en milieu de soirée, au moment où les esprits et les corps commencent à s’échauffer, preuve qu’on compte toujours sur notre bon vieux wak’n roll pour faire bouger les foules.

Vendredi 9 juin à 22h45 pétantes donc. Faisait bien humide devant la grande scène malgré les chaleureuses vibrations transmises par Debout sur le zinc. L’envoyé pas vraiment spécial de LGR n’était pas le seul à s’être réfugié sous le petit Barnum multicolore, à quelques mètres de là. Ça sentait un peu le festivalier mouillé-serré, c’est dire si l’afrorock ensoleillé et survitaminé de Bafang tombait à point nommé. Pour celles et ceux d’entre vous qui trainaient aux Trans en 2018, le duo gratte/drums de la fratrie Harre ne sera pas une découverte, mais pour mezigue et la plupart de celles et ceux à mes côtés, quelle belle claque ! Pour se réchauffer, y a franchement pas mieux que les riffs pointus de Lancelot et les frappes acérés d’Enguerrand (à moins que cela ne soit l’inverse, on s’emmêle les lieux communs à force…). Malgré leurs prénoms fleurant bon l’amour courtois, ces deux-là ne sont pas là pour s’tripoter du sonnet, mais pour balancer un groove implacable, entre déchainements rythmiques nourris de leurs racines Camerounaises grands-paternelles et gros son. Il n’est donc pas étonnant que la figure tutélaire de Manu Di Bango ait plané sérieux durant tout leur set (leur album a pour nom Electrik Makossa). Et au vu du look de touareg d’Enguerrand, le blues sinueux de Tinawaren doit s’être lui aussi immiscé dans leurs oreilles curieuses. Retenez leur nom ; on ne serait pas étonné de les retrouver très vite sur d’autres scènes et en tête d’affiche.  

Lulu Van Trapp

Le lendemain, à peu près à la même heure, on se retrouve au même endroit, mais plus nombreux, samedi soir oblige. Une bonne partie des festivaliers nous avait imité en migrant de la grande scène sans attendre la fin du set de Marina Satti. L’irréprochable plastique et le show millimétré de la chanteuse grecque et de ses deux choristes ne les avaient sans doute pas plus convaincu que sa pop à mi-chemin entre tradition méditerranéenne et modernité obligée… Ou alors, il leur fallait leur dose de sueur et de folie électrique. Avec les Parisiens de Lulu Van Trapp, ils allaient être servis ! Un duo fondateur chanteuse / guitariste, un sacré abattage sur scène, un groove pop-rock débridé et décomplexé ; la confrère qui les a qualifiés de “bébé caché des Rita Mitsouko” a vraiment mis dans le mille. Rebecca et Max - et leurs deux complices, Manu à la basse et Nico à la batterie - sont effectivement du genre à tout donner et ce dès les premiers morceaux. Si elle n’arbore pas le splendide bustier blanc porté lors de leur passage à la Maroquinerie en avril 2022, la volcanique frontwoman dégage une sensualité qui nous irradie les mirettes. Et quelle voix ! Une invitation à la bacchanale musicale à elle toute seule. Ce n’est pas pour rien que leur tournée de l’an passé était sous-titré Bal de l’amour… Des love songs qui soutiennent la comparaison avec les plus grandes divas américaines - Rebecca a repris avec brio “Love on the brain” de Rihanna - et des brûlots aussi dansants que percutants. “Libérez l’animal qui est en vous !” clame-t-elle en tombant la chemise. Le public du l’Paille à Sons répond cinq sur cinq à son invitation. Imitant un Quadra bien allumé, deux jeunes filles envoient même valdinguer baskets et socquettes pour mieux ressentir le son ; les Lulu ont l’art et la manière d’obliger tout le monde à lâcher prise. Lorsque pour terminer, Rebecca se paye un bain de foule - cambrée comme jamais - c’est l’extase totale, point final. Enfin, non pas vraiment, le rappel l’a confirmé ; les Lulu Van Trapp sont ce qu’il est arrivé de mieux à la scène pop-rock tricolore depuis… Ben oui, les Rita effectivement.  

Merci aux organisateurs du Festival L’Paille à sons et au photographe Dominique Joly.

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