The Earl Grey – We Are Young

Après ces jours de fêtes où les ventres sont ballonnés, les traits tirés et la mélancolie hivernale de retour, on aurait bien besoin d'un bon remontant, pas trop gras si possible. Une tasse de thé ? Nul besoin, un ou deux titres des Earl Grey suffiront. Cocktail mêlant une pop californienne entraînante à un rock efficace, qui charrie quelques effluves d'indie-rock et même pop-punk, voilà un excellent remède contre la grisaille de l'hiver. Ce qui tombe plutôt bien puisque les six parisiens viennent de sortir leur premier album We are young, en collaboration avec le réalisateur artistique Kevin Fouetillou. L'album a été enregistré au Insight Studio dans la capitale française courant 2012, sous la coupe de la maison de disque Next Dimension Gears, avant d'être masterisé par UE Nastaci, qui, le hasard fait bien les choses, s'est aussi occupé d'albums de groupes tel que Panic At The Disco Ou The Summer Set, dans les studios Sterling Sound de l'autre côté de l'Atlantique à New York. Treize titres faisant étalage des talents de ces rockeurs différents des acteurs de la scène française actuelle, mais pas seulement puisque on note dans cette galette les présences des Chunk ! No, Captain Chunk !, des Mary Has A Gun ainsi que celle du compositeur pop-folk Olivier Delattre. Alors détendez-vous, écoutez cet extrait et suivez le guide :


 

The Earl Grey est un projet qui a germé dans l'esprit du chanteur Alexandre Ragon durant l'été 2009, après six années d'errances musicales dans des groupes indie-rock et pop-punk, dont notamment And Kennedy Plays Keyboards et Thousand Leaves. Avec pour seule limite la recherche d'un maximum de plaisir et l'envie de montrer à son public un tout nouvel univers fait de pop ambitieuse, accessible et aérienne, mêlée à des influences pop/rock West coast qui ont bercé son enfance, sans oublier des pointes d'électro. Rejoint ensuite par cinq musiciens qui participent également à la partie vocale, ce qui confère un avantage indéniable au groupe. Après l'auto-production d'un EP In This Memory  en 2010, ressorti en version deluxe avec trois titres acoustiques supplémentaires après avoir signé avec Next Dimension Gears en 2011, c'est une galette remplie de sentiments amoureux que nous a composé Alexandre, douce et plein de rage.

Oscillant entre pop et rock, cet aérien surprenant et énergisant We Are Young offre toute une palette d'émotions : l'amour, le chagrin, le chagrin d'amour, et l'amour. Oui vous l'aurez compris le thème qui revient sans cesse au cours de l'album est sans aucun doute l'amour, un thème universel et stratégique puisque encore aujourd'hui c'est probablement celui qui fait le plus vendre et couler le plus d'encre. Un tantinet niaisouillet, mais ce reproche est largement rattrapé par le fait que les introductions sont incroyablement bien construites. Chaque chanson commence d'une manière originale, unique et étonnante. Comme c'est le cas pour «All I want to say». Une introduction timide mais néanmoins charmante au clavier, accompagné d'une voix douce. Un morceau pop mélancolique à l'état pur, qui avec la phrase «I can't stop thinking of you» suivi du réveil des guitares se transforme en une ballade rock torturée, avec toujours en arrière font les réconfortante notes de claviers.

The Earl Grey, live Nouveau Casino, Paris, 2012


Chez The Earl Grey chaque piste a sa particularité, sa propre approche. Chaque morceau regorge de surprises. Les pistes qui traduisent le mieux ce constat sont évidemment  «Do not», qui débute avec une attaque triste et solennelle, mouvement perturbé ensuite par une dizaine de secondes où les guitares électriques électrisent justement le public. Lorsque la voix se lance, c'est pour retomber dans une atmosphère lancinante, secondée par un son plus conquérant qu'on doit à la batterie. Ensuite ce n'est qu'une alternance de tempos lents, de motifs rocks et de paroles accrocheuses.

Les parisiens nous prouvent qu'ils peuvent passer du coq à l'âne en une envolée de notes, alors même que les «vrais rockeurs» leurs reprocheraient de faire une pop commerciale et facile. Impression d'ailleurs très vite effacée par «I just wanna stay», le titre le plus à part de l'album, qui devrait réconcilier les amateurs de pop et les fervents admirateurs du rock, du vrai, du fait de son intro directement rock, voir punk rock, un jeu de guitare bien ficelé, une batterie toujours au top, un vocal plus ferme, plus déterminé et moins criard. Agrémenté de quelques vers à capela afin de réaffirmer les prouesses vocales du chanteur.

Mais aussi «Special» avec ses effets de scratch, ses bruitages imitant une source d'eau, ses sons étranges, sa mélodie douce bercée par une voix lègère et posée : c'est un petit bout de paradis au milieu de la grisaille ambiante que le groupe nous propose. A écouter un soir dans le métro en rentrant du boulot ou alors juste avant le dodo, pour finir par se laisser convaincre que finalement on est vraiment «spéciale comme une étoile». On ne s'ennuie jamais !  Que la pop nous horripile ou nous transporte on doit au moins reconnaître ça aux Earl Grey : ils parviennent toujours à surprendre l'auditeur et à lui éviter la lassitude.

Parlons d'ailleurs de leur bagage musical, en plus de leur tournée française fin 2012 qui s'est achevée ce 15 Décembre, ils ont partagé la scène avec des groupes incontournables dont :  You Me At Six, Mayday Paradise, Anberlin, Young Guns, Metro Station ou Tonight Alive, dans des salles prestigieuses tel que le Bataclan, la Cigale, la Boule Noire ou le Divan du Monde. Sachez qu'ils peaufineront leur expérience le 12 Janvier 2013 au Nouveau Casino de Paris dans le 11ème arrondissement, accompagné de nombreux guests. Ce pourrait être l'occasion de découvrir l'intégralité de We Are Young, (il me faudrait noircir encore quelques pages pour vous en montrer tous les reliefs).

On retiendra, pour finir, des tracks tel que "Came Black" à l'ambiance plus torturée, dans l'esprit de The XX, "Changes" et sa parenthèse enchantée à base de clavier et batterie qui survient aux trois quarts du morceau. Ainsi que les entraînants "Tuesday 23" et "We Are Young", réelles invitations à entrer dans la danse et  profiter de la vie, parce qu'après tout, on est jeune et pas si con. On peut également s'attarder sur  "Heart Of Glass" qui résonne comme une envie de danser sous la pluie ou de tout envoyer en l'air, quoiqu'un peu trop comédie musicale, chanson qui se termine tout comme une berceuse par des chuchotements craintifs, et le tic tac d'une horloge qui nous rappelle que le temps ne s'est pas arrêté dès l'écoute du premier morceau, et qu'il est d'ailleurs temps que je vous laisse...

 

Tracklist : 
All I want to stay
Came back
Changes
Do not
Heart of glass
I just wanna stay
I wanna escape
Nobody cares
Sixteen years
Special
Stay away
Tuesday 23 
We are young
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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