Guitare En Scène J5 : planches chaudes, sauce à la menthe

Double programme anglais pour cette dernière journée de Guitare en Scène ! Nos dinosaures préférés de Deep Purple viennent défendre leur dernier effort, Whoosh. Ils sont accompagnés pour l'occasion d'Uriah Heep, leurs cadets de quelques petites années, qui viennent eux aussi célébrer leurs plus de cinquante ans de carrière !

Uriah Heep - Scène CHAPITEAU - 19h

Soirée au nom du classic rock ! Issues des mêmes influences, les deux formations trouvent leurs lettres de noblesse au parfum des sonorités progressives (surtout Uriah Heep, qui garde cette tendance une bonne partie de la décennie 70) avant de prendre des chemins différents. Deep Purple, particulièrement à la mi-90's, tronque sa colère pour un rock plus mélodique, laissant la voix autrefois sur-puissante de Ian Gillan au repos pour offrir aux excellents musiciens du quintette, déjà bien représentés, encore plus de place au sein des compositions. Pour Uriah Heep, l'arrivée de Bernie Shaw (chant) et Phil Lanzon (claviers) en 86 confirme l'envie de garder un aspect ravageur, et de continuer la direction hard rock prise par le groupe. Sur leur excellent album Wake The Sleeper (2008), Russell Gilbrook vient double-pédaliser la recette, et la rage renaît, faisant perdurer la bande bien plus longtemps qu'imaginé.

Ce caractère plus énervé, qui leur ferait presque sembler 15 ans de moins, on le sent dès l'introduction de "Grazed By Heaven", titre ouvrant le dernier album en date, Living The Dream (2018), où le même Gilbrook se défonce derrière les fûts, tandis que Shaw éructe, parfait Shaw-man qui n'a de cesse de haranguer le public le long de la prestation. Comme il le dira rapidement : "You might have come here for our friends from Deep Purple, but for the next hour, you're mine !" Impossible de décoller les yeux de cette scène où tous les musiciens s'agitent telles des puces. Moins vif du haut de ses 75 ans, Mick Box ne démérite pas de sa réputation de gardien du temple, son jeu unique n'ayant pas pris une ride, et son énergie reste respectable, tout comme son plaisir d'être sur scène, de jouer avec ses camarades. Lors des solos respectifs, lui et Bernie restent sur le côté de la scène, applaudissent, dansent. Quant à Dave Rimmer (basse) et Phil Lanzon, rien ne les perturbe, tant lors des passages techniques qu'ils exécutent sans peine, que lorsqu'ils ajoutent des chœurs sur les refrains, signature de Uriah Heep qui ajoute beaucoup de cachet en studio.

Nouveaux comme anciens morceaux sonnent définitivement modernes, et la force du groupe n'a pas tari. Aucune inquiétude quant à l'avenir, Bernie Shaw annonce en fin de set qu'un nouvel album est prévu pour 2023, devant une foule en délire, consciente que leurs concerts toujours aussi puissants ne sont pas prêts de s'arrêter. On en demande encore, "Live music is alive again" !

Deep Purple - Scène CHAPITEAU - 21h

On les qualifie clairement de légendes, on pourrait honnêtement les considérer comme des dinosaures du rock. C'est simple, à part les Rolling Stones, ce sont les Anglais de Deep Purple qui viennent immédiatement en tête quand on pense à un de ces groupes fondateurs encore en activité. Depuis un sublime Now What?!, sorti voici bientôt 10 ans, Deep Purple semble ne jamais vouloir s'arrêter, et la tournée prévue en 2020 pour Whoosh! couvre maintenant Turning To Crime, l'album de reprises que beaucoup semblent vouloir oublier. Problèmes personnels obligent, la partie européenne de la tournée s'effectue sans Steve Morse, remplacé par Simon McBride. On a malheureusement appris depuis que cette situation devient définitive. Ce dernier avait déjà tourné avec Ian Gillan et Don Airey, nous n'avons aucun doute quant à son talent, et sommes surtout intéressés de voir comment les morceaux - voire soyons fous, la setlist - vont être retravaillés. On peut dire qu'on n'a pas été déçus ! Si l'attaque sur "Highway Star" et "Pictures Of Home" est des plus classiques (et difficile pour la voix de Ian Gillan, on y reviendra), la suite est intéressante.

Déjà, on a deux bons titres de Whoosh! pour le représenter ce soir. Pas de "Throw My Bones", mais on se délecte sur "No Need To Shout" et surtout "Nothing At All" et ses magnifiques parties de guitare, ainsi que le solo de clavier incluant des thèmes baroques. Simon est en forme et bien dynamique sur scène. Cela fait un moment que l'on avait plus autant vu Roger Glover danser ! On reste dans les titres chargés en émotion avec "When A Blind Man Cries" et "Uncommon Man", brillamment introduit par Simon, tandis que les standards "Lazy" et "Perfect Strangers" sont incontournables, le second appelant le début du mode pilote auto pour la fin de set. Alors où se trouve la surprise de ce set ? Dans un titre de The Battle Rages On que Deep Purple n'avait plus joué depuis les années 90, "Anya" ! Si on peut regretter une sonorité de clavier bien kitsch, quel plaisir de retrouver son thème, un des meilleurs de cet album. Le titre avait déjà été ressorti deux fois dans la tournée actuelle en Allemagne. On peut dire que le public de Guitare En Scène a assisté à la première représentation en France de ce titre depuis les années 90 !

On disait Ian Gillan en difficulté sur "Highway Star" et "Pictures Of Home". Ce n'est réellement une surprise pour personne qui suit le groupe depuis un bon paquet d'années maintenant, tant ces titres sont éprouvants pour Ian et continuent d'être présents sur les setlists. La bonne surprise de cette tournée, c'est que le bougre se révèle nettement plus en voix à mesure que le set avance. Il s'avère peut-être en meilleure forme que pour les tournées de ces cinq dernières années (même si son état était encore meilleur pour la date à la Seine Musicale, onze jours avant). Simon semble de son côté avoir pris de l'assurance depuis la date au Hellfest, voire même depuis celle de la Scène Musicale. On le voit tenter beaucoup plus de plans, même si son introduction de "Smoke On The Water" reste très scolaire par rapport à ce à quoi nous a habitué Steve Morse depuis longtemps. Si le finish du set est très habituel, de même que le rappel avec "Caught In The Act" (qui fait office de jam), puis "Hush", le solo de basse de Glover qui chauffe le public avant enfin "Black Night", la magie prend toujours. La foule est conquise, et on se dit que Deep Purple semble non seulement toujours au niveau, mais également encore capable de nous surprendre !

Après le set de Deep Purple, les festivaliers sont invités à se diriger vers la scène Village pour le dernier concert de cette édition : Laura Cox. Pile un mois après son passage au Hellfest, la bonne humeur est de nouveau de la partie. Il faut dire que Laura et son groupe sont très communicatifs. Sa danse blues rock parvient à convoquer nos derniers muscles survivants, avant que la fatigue ait définitivement raison de nous.

C'est sur cette fort réussie dernière journée que se termine l'édition 2022 de Guitare En Scène. Comme toujours, ce fut avec plaisir que nous avons retrouvé les scènes de St Julien et cette configuration de petit village où on connait vite tout le monde. Et bien sûr , cette proposition pas si habituelle : voir d'aussi grosses pointures en configuration "club". On apprécie toujours autant, même si les chaleurs intenses de cette édition ont compliqué l'expérience des premiers groupes (même si on a évité les déluges des éditions précédentes et les annulations de sets). Vivement l'année prochaine !

Crédits reports : Félix Darricau et Thierry de Pinsun

Crédits photos : Caroline Moureaux et Luc Naville

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