Festival de l’Alligator #17 Part 3

C’est le sale gosse du grand-père Blues qui était à l’honneur ce 18 février pour la troisième nuit de l’Alligator à la Maroq. Le wak n’roll, ce rejeton bruyant et polymorphe qui n’en finit pas de mourir selon les exégètes… Et avec les Death Valley Girls, une formation Riot Grrrl from L.A. “à la croisée des Ronettes et des Cramps”, il a bien fait comprendre que le mort est du genre vivant ! Le frenchy Alias s’est lui fort bien tiré du délicat exercice de la première partie.

Alias

Chaque édition du Gator a sa soirée rock, version vingt-et-unième siècle. Entendez par là que dans les premiers rangs, les bouchons d’oreille sont de rigueur autant que la binouze, et que des slam peuvent être au programme... Les années passées, nous avions eu droit à des sets mémorables de King Khan en mode Louder Than Death, The Mystery Lights,  The Sore Losers ou des frenchies de Parlor Snakes. C’est donc Emmanuel Alias, français "exilé" au Canada qui fait l'ouverture ce soir. Bon, a priori, il ne s’agit pas d’un pseudo, donc impossible de placer un jeu de mots bancal... Alias est titulaire d'un premier album plutôt convaincant, estampillé un peu rapidement psyché à notre goût. Toujours bien renseigné, l'ami shooteux David Poulain nous glisse à l'oreille qu'il tourne en France avec Cold Fame, le label de Jean-Noël Scherrer de Last Train. Qui se ressemble… 

Crédit photos : David Poulain / David Poulain

Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

On repère, clipsé sur le pied de micro de notre frontman, un “Jozef” de circonstance. Un clin d'oeil astucieux à l’avatar crée pour l’album du même nom… Chevelure dans les yeux façon grunge. Veste beatnik à souhait, cousue-main par Maman. Pantalon rouge pétard assorti à sa guitare. Même en remontant à plusieurs reprises le dit futal, Alias conservera une belle allure de dandy rock Seventies. Le set débute par "The End part 2 », comme sur son disque. Si la dimension psyché s'entend nettement sur celui-ci ("Les bois perdus", "Spasm"), en live, c’est un rock punk-garage, volontiers sombre qui prédomine. Le morceau “Le plus sweet qu’on ait” - la précision est de lui-même - se nomme tout de même "Dance with a psychokiller”. Tout un programme ! C’est d’ailleurs sur ce titre, arrivé en milieu de set, que la sauce prend véritablement. "What a shame" qui suit, envoie lui du brutal. Alias et ses trois complices nous imposeront jusqu’à la fin un rythme de montagnes russes, alternant envolées planantes et déferlantes de sons. Sur le dernier morceau, histoire de rappeler qu’il a tout de même passé dix ans de conservatoire à taquiner des fûts, il s’amusera à changer d’instrument avec Simon le batteur.

Death Valley Girls

Les Death Valley Girls figurent en tête de gondole de la chaine Youtube de Squeeze Records. Le groupe de Los Angeles, découverts l’an passé au festival Lévitation d’Angers, semble très représentatif de ce label qui met à l’honneur des formations Riot Grrrl. Bien que leur nom peut évoquer Russ Meyer pour les addicts de vieux films de série B, s’il fallait trouver une référence cinématographique à leur musique, on taperait plutôt du côté de Roger Corman. Leurs morceaux flirtent sans vergogne avec une ambiance gentiment dark. Il n’est donc pas étonnant que les trois musiciennes et l’unique musicien s’installent dans un silence plus qu’inhabituel. Une nappe d’électro sépulcrale s’invite discrètement. Nous tournant le dos, la chanteuse Bonnie Bloomgarden et la bassiste remplaçante de la titulaire en titre Samantha Westervelt s’enlacent face à la blonde batteuse Rikki Styxx. Et soudain, Larry Schemel brise ce rituel d’un riff rugueux et des coups sourds de grosse caisse lui répondent. L’intro dure longtemps. Nous avons le temps d’admirer la plastique de Bonnie Bloomgarden. Ses yeux charbons, rehaussés d’une touche de vert, sa  chevelure noire corbeau, la lumière bleue fluo qui l’éclaire du sol… Elle aussi assure dans sa tenue de scène ! 

Crédit photos : David Poulain / David Poulain

Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

“Abre Camino” nous plonge d’entrée dans l’univers sonore des Death Valley Girls. Un peu noir, mais pas trop tout de même, la voix de tête de Bonnie ne se prêtant pas à des excès à la Lux Interior. Il nous semble même avoir aperçu qu’elle avait conservé son chewing-gum, mais c’est sans doute le fruit de notre imagination fertile (ou d’une vue défaillante avec l’âge…). Après un “Street Justice” pétaradant, Rikki, dont on garde un souvenir ému de son passage chez The Darts, nous gratifie d’une intro redoutable sur “More head”. Et comme pour Alias, c’est à mi-set qu’on se sent à notre aise, avec le groovy “DVG Boogie”. Visiblement ravie du retour du public, Bonnie lui dédicacera “Disco” et descendra par la suite chanter parmi nous pour “Electric High” le dernier titre. Embrassades et selfie avec les filles. Plus de proximité entre artiste et public, difficile de faire mieux ! Pour le rappel, après un titre plutôt tranquille, les Death Valley Girls nous offrent un final à fond les ballons comme tout final, comme il se doit. Le saviez-vous ? Iggy Pop kiffe grave les Death Valley Girls, il s’est même laissé convaincre d'être filmé en train de manger un burger tout les écoutant. Avec une telle recommandation, vous allez être nombreux à aller les écouter ! 

Captations vidéo de Franck Rapido

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